Le cancer tue de moins en moins aux Etats-Unis : et en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Un patient passe un scanner au Centre Oscar Lambret de Lille, dans le nord de la France, une unité médicale régionale spécialisée dans le traitement du cancer.
Un patient passe un scanner au Centre Oscar Lambret de Lille, dans le nord de la France, une unité médicale régionale spécialisée dans le traitement du cancer.
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Lutte contre la maladie

La mortalité du cancer a diminué de 33% aux Etats-Unis, depuis 1991. Le dépistage précoce et l’amélioration des traitements permettent de redonner espoir aux malades.

Eric Solary

Eric Solary

Praticien hématologue et professeur d'hématologie à la faculté de médecine de l'Université Paris-Saclay, le Pr Eric Solary fut directeur de la Recherche de Gustave Roussy de 2011 à février 2020.

Eric Solary a créé en 1999 l'unité de recherche Inserm "Mort cellulaire et cancer" et le centre de recherche Inserm "Lipides, nutrition, cancer" en 2007.  

Eric Solary a été le directeur scientifique du Cancéropôle Ile-de-France, a dirigé l'institut fédératif de recherche IRCIV jusqu'en 2013, l'unité Inserm 1009 jusqu'en 2014 et l'unité 1170 jusqu'en 2020. Il est actuellement le président du conseil scientifique de la Fondation ARC et membre du conseil scientifique de la Faculté de Médecine.

Voir la bio »

Atlantico : Depuis 1991, la mortalité du cancer a diminué de 33% aux Etats-Unis. Observe-t-on la même tendance en France ?

Eric Solary : En proportion, le taux de décès baisse au cours du temps. Sur les vingt dernières années, on est passé de 40 à 60% de guérison environ. Pour le cancer du sein par exemple, le dépistage systématique a eu un réel impact, avec une réduction de 8% de mortalité au cours des 20 dernières années

Trois causes seraient à l’origine de cette diminution, à savoir le dépistage précoce, la baisse de la consommation de tabac et l’amélioration des traitements. Dans quelle mesure est-ce vrai ? 

Il ne fait aucun doute que l’amélioration des traitements, avec l’apparition des thérapeutiques ciblées dans les années 2000 et le développement de l’immunothérapie à partir des années 2010 joue un rôle important. La baisse de la consommation du tabac a un rôle important sur la baisse de la mortalité observée aux Etats Unis car la lutte contre le tabagisme a commencé très tôt. La France a du retard par rapport aux Etats Unis on observe notamment une forte augmentation de l’incidence du cancer des poumons chez la femme pour l’instant. Enfin, pour ce qui est du dépistage précoce, c’est un point essentiel et que les Français sous-estiment. Il n’y a qu’une femme sur deux qui répond à la proposition de dépistage précoce et gratuit du cancer du sein entre 50 et 74 ans par exemple. 

Est-ce que l’amélioration des chances de survie est valable pour tous les types de cancer ? 

Distinguons deux choses : l’incidence et la mortalité. La dernière évaluation montre que, chez les hommes, le cancer dont l’incidence est la plus élevée est le cancer de la prostate (25% des cancers de l’homme), suivi par celui du poumon (15%) et le cancer colorectal (11%). Pour la femme, c’est le cancer du sein qui est le plus observé (33%). Puis viennent le cancer colorectal (11%) et du poumon(8,5%), en progression.   

Maintenant, si on regarde la mortalité, on meurt davantage du cancer des poumons chez l’homme (25% des décès par cancer), puis du cancer colorectal (10%) et de celui de la prostate (9%).

Chez la femme, le cancer du sein est responsable de la majorité des décès (18%), devant ceux des poumons et colorectal. 

Il reste des cancers moins fréquents mais très difficiles à traiter, comme le pancréas, l’œsophage et le foie. 

Quels sont les sujets préoccupants à l’heure actuelle ? 

Je dirai que c’est d’abord l’augmentation du cancer des poumons chez la femme, les efforts encore nécessaires pour réduire la consommation du tabac, et l’accroissement de l’obésité qui est un facteur de risque de cancer. C’est aussi la difficulté de traiter certains cancers, comme ceux du foie et du pancréas et certaines tumeurs cérébrales. C’est l’augmentation attendu du nombre de cancers (+ 20% dans les 20 années qui viennent) du fait de l’augmentation de l’espérance de vie. C’est le coût très rapidement croissant de la prise en charge d’un cancer. C’est la question de la qualité de vie après cancer, d’autant plus importante que le nombre de patients guéris augmente au cours du temps.

Quelles sont les bonnes nouvelles dans la lutte contre le cancer ? 

Les résultats thérapeutiques s’améliorent d’année en année, il y a de plus en plus de médicaments disponibles et efficaces, les politiques de dépistage s’étendent et il faut inciter les citoyens à saisir opportunité de dépistages offertes par notre système de santé, et c’est une vraie chance,  il est possible de le faire.. 

Quels sont les cancers dont on guérit le plus ? 

Les cancers de la prostate et du sein, avec environ 88% de guérison. Pour le cancer colorectal et du col de l’utérus, le taux de guérison n’est déjà plus que de 60%.  

L’exposition de la Fondation ARC « Les Magnifiques » est à découvrir à la Cité des sciences et de l’industrie, 30 avenue Corentin Cariou à Paris (19e), du 13 au 26 janvier 2023, de 10 h à 18 h. Entrée libre et gratuite. Le vendredi est réservé aux scolaires.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !