La suspension par la Russie de la livraison des céréales de l'Ukraine ne provoquera pas d'inflation, sauf si... <!-- --> | Atlantico.fr
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Les marchés mondiaux des céréales, notamment les marchés du blé, sont restés calmes après que la Russie a décidé de fermer le corridor maritime par lequel l'Ukraine pouvait exporter son blé.
Les marchés mondiaux des céréales, notamment les marchés du blé, sont restés calmes après que la Russie a décidé de fermer le corridor maritime par lequel l'Ukraine pouvait exporter son blé.
©Anatolii Stepanov / AFP

Atlantico Business

Preuve que le marché des céréales, comme celui du pétrole, sait s'adapter. La décision des Russes d'empêcher l'Ukraine d'exporter ses céréales n'a pas été une vraie surprise. Les marchés internationaux ne bougent pas... sauf si la fermeture des exportations était durable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les marchés mondiaux des céréales, notamment les marchés du blé, sont restés calmes après que la Russie a décidé de fermer le corridor maritime par lequel l'Ukraine pouvait exporter son blé. Cependant, il faudrait éviter que cette fermeture ne dure pas trop longtemps, car les prix des denrées alimentaires pourraient retrouver des niveaux élevés, comme l'année dernière.

Au début de la guerre, Moscou avait accepté de laisser les bateaux remplis de blé sortir du port d'Odessa et naviguer en mer Noire pour approvisionner les pays acheteurs de blé. En fait, cet accord de laisser-passer a permis d'exporter 33 millions de tonnes en provenance de l'Ukraine et destinées à près de 50 pays clients traditionnels dans le monde, et cela pendant un an. Ce corridor a évité une asphyxie du marché mondial et, par ricochet, des risques de famine, notamment en Égypte et en Turquie, ainsi que de l'inflation.

La Russie a donc décidé de ne pas prolonger cet accord parce qu'elle utilise désormais tous les moyens pour faire la guerre. Au départ, Moscou espérait faire lever les sanctions à son encontre (système Swift notamment). L'Occident n'a évidemment pas cédé au chantage.

Au tout début de la guerre, le prix des céréales a explosé parce que les marchés ont pris en considération l'ampleur du rôle de l'Ukraine. Ces exportations étaient colossales et le risque de rupture a fait grimper les prix à plus de 350 euros la tonne (contre 250 actuellement).

C'est l'ONU, dans le cadre de ses programmes alimentaires, qui avait négocié le corridor d'exportation pour éviter que les pays en développement ne soient touchés par la pénurie et l'inflation. L'ONU avait obtenu de Moscou que les Russes laissent sortir les bateaux.

Aujourd'hui, nous sommes revenus à la case départ du blocage, le risque de retomber dans la crise est réapparu.

En fait, les marchés n'ont pas bougé et tout se passe comme si les acteurs avaient réussi à gérer ce type de risque, et c'est sans doute le cas. Le marché est très différent :

1er point : l'Ukraine en guerre produit beaucoup moins de céréales qu'avant. Les bras lui manquent parce qu'ils sont à la guerre, les exploitations ont été endommagées, de même que les équipements industriels et logistiques.

2e point : le marché mondial a trouvé les moyens de compenser la baisse de production en Ukraine. L'Union européenne, notamment la France, a augmenté ses exportations, de même que l'Australie. Sans parler de la Russie qui exporte massivement du blé à prix cassé via l'Inde, la Chine ou Dubaï.

3e point : le président Zelensky a annoncé qu'il allait continuer à charger des bateaux avec du blé ukrainien, espérant sans doute passer en force, considérant que les Russes n'oseraient pas détruire les réserves de céréales. Cependant, dans ce cas-là, ses bateaux ne trouveront pas d'assureurs pour couvrir des cargaisons aussi gigantesques lâchées en Mer Noire, contrôlée par les Russes. Donc il ne trouvera pas d'armateurs avant que la zone ne soit à nouveau sécurisée.

Ce qui est sûr, c'est que le fonctionnement des marchés sait s'adapter au pire des situations, mais tout cela a des limites. L'hypothèse d'une guerre lente et très longue engendrerait à nouveau un courant inflationniste dans le monde, tout comme le premier incident touchant une cargaison.

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