La Suisse fête les 150 ans des vacances de ski : 6 dates qui ont contribué à faire des sports d’hiver ce qu’ils sont aujourd’hui<!-- --> | Atlantico.fr
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Les sports d'hiver ont 150 ans !
Les sports d'hiver ont 150 ans !
©REUTERS/Arnd Wiegmann

Let's ski !

Les vacances d’hiver sont nées il y a 150 ans chez nos voisins alpins, à Saint-Moritz. En France, le phénomène est apparu en 1878. Atlantico vous propose de revivre les grandes étapes de la démocratisation et de la modernisation d'une coutume qui pendant longtemps fut réservée à "la haute".

Gilles Chappaz

Gilles Chappaz

Gilles Chappaz est historien, passionné de ski. Il a été rédacteur en chef de L'Equipe Magazine, et a développé plusieurs magazines dédiés à la montagne (Montagnes Magazine, Vertical, et Ski Français).

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Apparition du ski en France, 1878

Si on veut bien accepter que les vacances d’hiver sont nées il y a 150 ans à Saint-Moritz (Suisse), on attribue généralement l’arrivée du ski en France à Henri Duhamel, un pionnier de l’alpinisme moderne, qui a ramené de l’exposition universelle plusieurs paires de ski qui décoraient le stand de la Norvège, berceau historique et reconnu du ski. Avec ces planches de bois, sur lesquelles il fixe un système de lanières pour tenir le pied, il entreprend, accompagné d’amis du Club Alpin Français, de monter à la croix de Chamrousse au-dessus de Grenoble. C’est en quelque sorte, les premiers débuts du « ski ludique » en France.

Jusque là, les skis servaient juste pour se déplacer sur la neige. Les armées scandinaves par exemple en étaient dotées depuis longtemps et les médecins comme le docteur Payot à Chamonix les utilisaient pour aller soigner leurs malades coincés par la neige. Il faudra attendre le tout début du XXème siècle pour que le ski devienne un engin de plaisir et de sport, avec le premier Chamonix-Zermatt réussi par les guides chamoniards en 1904 ou les premières compétitions à Montgenèvre en 1907.

Premières remontées mécaniques, 1935

Dès la fin de la première guerre mondiale, le développement du tourisme hivernal s'affirme. Avec les Jeux Olympiques de 1924 à Chamonix, on commence véritablement à parler de "sports d'hiver" : si le ski de fond et le saut, les deux disciplines « historiques » de la neige, sont à la mode, ce sont le sports de glace qui dominent : curling, bobsleigh, patinage de vitesse, patinage artistique, hockey sur glace… Le ski alpin n’en est qu’à ses balbutiements. C’est grâce à des traineaux tirés par des chevaux que la riche clientèle peut rejoindre les champs de neige. Il faut attendre 1934, et la construction du téléphérique de Rochebrune à Megève, pour voir la construction d’un premier appareil conçu spécialement pour les skieurs.

Dans le même temps, naissent les premiers téléskis qui remplacent d’antiques "téléluges"  ou autres installations bricolées. Le Suisse Ernest Constam invente le premier téléski à enrouleurs qu’il implante à Davos (Suisse) et le Français Jean Pomagalski crée le premier téléski à perches qu’il installe à l'Alpe d'Huez en 1935. Pour mieux franchir les obstacles, améliorer confort et débit, l’Américain Harriman construit, en 1937, le premier télésiège monocâble (et monoplace) au Dollar Mount dans l'Idaho. A la fin des années 30, toute une panoplie de remontées mécaniques (funiculaires, télésièges, téléphériques, téléskis) permet aux skieurs d’accéder au haut des montagnes pour qu'ils puissent s’amuser à les descendre. On commence à parler de stations de ski : ce sont des villages de montagne qui réservent des terrains à la pratique du ski et les équipent en conséquence.

1ers diplômes de moniteurs, 1933-1937

En 1933, la Fédération Française de Ski (FFS) fait passer les premiers diplômes fédéraux de moniteur de ski. C’est le guide-écrivain Roger Frison-Roche qui obtient la médaille n°1. Les premiers moniteurs enseignent une technique sommaire venue d’Autriche, inventée par Hannes Schneider, basée sur le ab-stemmen. En 1937, avec le succès des skieurs français (Allais, Lafforgue) aux Championnats du Monde de Chamonix, apparait « Ski Français », une méthode officielle mise au point par Paul Gignoux et Emile Allais, à partir de laquelle tous les moniteurs sont formés et reçoivent un diplôme reconnu par l’Etat (et non plus uniquement fédéral). Le métier de moniteur de ski voit officiellement le jour. Emile Allais obtient la médaille numéro 1. A partir de 1945, tous les futurs moniteurs (comme les guides de haute montagne) sont formés à l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) installée à Chamonix. Une école unique au monde. En 1948, une loi définit le cadre d’attribution des diplômes. Elle a été aménagée à plusieurs reprise mais ses grands principes restent toujours les mêmes, par exemple l’unicité de l’enseignement et de la formation. 17 000 moniteurs enseignent le ski aujourd’hui en France et diffusent la bonne parole d'une technique à la française !

Premières Snowcats (ancêtres des dameuses) 1955-1956

En 1954/55, de retour en France après quelques années passées aux Etats-Unis, pour prendre en main les destinées de Courchevel, le champion Emile Allais ramène dans ses bagages, une certaine idée de la préparation des pistes et il demande que la station se dote d’un « snowcat » un  petit appareil à chenilles destiné à se déplacer sur la neige. Un appareil dont il a deviné très vite une utilisation nouvelle. L’anecdote (quand on sait la place que tiennent les dameuses les plus sophistiquées dans la préparation nickel des pistes aujourd’hui) vaut le coup d’être racontée. Par Emile Allais lui-même : «A Squaw Valley (Idaho), il y avait un relais de télévision tout en haut de la montagne. Ce poste était ravitaillé par une chenillette. Le type qui la conduisait était skieur et payait ses remontées ; il est venu me demander un jour s’il ne pouvait pas avoir quelques tickets à prix réduit parce qu’il n’avait pas beaucoup d’argent. Je lui ai proposé, en contrepartie, de nous damer la piste des débutants avec sa machine. Il l’a fait, mais ça n’allait quand même pas très vite avec les seules chenilles, alors nous avons imaginé de mettre des rouleaux à l’arrière, des gros fûts de carburant. C’est comme ça que le damage mécanique est né, en recyclant cette chenillette en dameuse improvisée et en suppléant les employés des remontées mécaniques qu’on sollicitait alors pour damer les pistes avec leurs skis. »

Voilà comment en détournant une petite chenillette de son utilisation initiale, l’ingénieux Émile Allais a imaginé un concept tout neuf qui devait faire florès : la préparation systématique des pistes. Et qu'il a popularisé du même coup un nouveau métier : pisteur !

Fixation de sécurité, fin des années 1960

Début des années 60 : des fixations dites de sécurité apparaissent sur les skis. Salomon, Look ou encore Marker sont les principaux fabricants qui brevètent des systèmes permettant au pied de se libérer du ski en cas de chute complexe qui pourrait causer une fracture de la jambe, la blessure la plus fréquente alors chez les skieurs. Ces systèmes remplacent l’antique étrier, la butée fixe à bille et le système de câblerie (lift) qui permet au pied d’être solidaire au ski. Look met par exemple au point la butée élastique Nevada associée à une talonnière à pivot. C’est une butée à came et piston qui permet un mouvement élastique du bout de la chaussure avant de quitter la fixation.

C'est un énorme progrès car sur choc, la butée «retient» la chaussure ce qui permet enfin de régler les fixations à une force de déclenchement compatible avec la résistance des os et des muscles de la jambe sans pour autant risquer les déchaussages intempestifs. Associée à l’évolution des chaussures (fin du cuir, début du plastique, et crochets qui remplacent les lacets), et à celle des skis (fin du bois, début du métallo-plastique), cette évolution des systèmes de fixations va réduire le risque de blessures et permettre une audace nouvelle dans la technique et les trajectoires.

Depuis, de cette interaction permanente entre les progrès constants du matériel, les avancées dans la préparation des pistes, et les connaissances techniques du ski, découle le confort sans cesse amélioré des skieurs.

Surf des neiges, fin des années 1970

Si les vraies origines du snowboard sont difficiles à dater (dès l’apparition du « ski » dans les années 20, on s’est amusé à glisser debout sur une seule planche, parfois une douve de tonneau !), c'est en 1970 que les premiers « surfs des neiges » sont apparus. C’est un certain Milovich qui met au point une planche de surf, pas pour les vagues, mais pour la neige. Le Winterstick est né ! L'engin a la forme oblongue d’un poisson et deux lanières maintiennent les pieds. En France, c’est Henri Authier, pionnier du ski artistique, qui importe le premier l’engin. Alors qu’à l’époque le monoski fait aussi sa percée, il va vite être dépassé par la vague de fond de ce nouveau sport qui capte les nouvelles générations et agrandit le champ des possibles !

A partir du milieu des années 80, et surtout dans les années 90, le snowboard va imposer ses codes d’expression (langage, anglicisme, etc.) et ses modes vestimentaires. Alors que le ski alpin est dans le creux de la vague, c’est le snowboard qui va maintenir une ambiance jeune, ludique et innovante dans les stations. Il faudra le renouveau des modèles paraboliques (ski plus courts et plus taillés : étroits au patin sous la chaussure, plus larges en spatules et au talon), plus faciles et amusants à skier à la fin des années 90 pour relancer une pratique traditionnelle du ski.

Grâce à l’amélioration du travail sur les pistes, au développement de la neige de culture (depuis 1975 en France avec l’apparition des premiers canons à neige à Flaine), aux innovations matérielles (snowboard, skis paraboliques, etc.) et à l’évolution des mentalités qui en découlent (freeride, freestyle, backcountry, etc.), les sports de neige ont supplanté les sports de glace qui ont été à l’origine des sports d’hiver…

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