La question de la liberté : quand les neurosciences invalident les justifications traditionnelles <!-- --> | Atlantico.fr
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La préemption de la question de la liberté humaine s’est considérablement accrue avec le développement des nouveaux défis que lancent les neurosciences aux théories traditionnelles de la liberté.
La préemption de la question de la liberté humaine s’est considérablement accrue avec le développement des nouveaux défis que lancent les neurosciences aux théories traditionnelles de la liberté.
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Philo

Peut-on encore croire à l'existence de l'âme au regard des résultats actuels des neurosciences ? Philip Clayton approche la question de la liberté et rappelle que plus on étudie profondément les dilemmes inhérents à la liberté, plus la complexité et la difficulté de ces questions nous rendent humbles. Extrait de "Les Origines de la liberté : l'émergence de l'esprit dans le monde naturel" (1/2)

Philip Clayton

Philip Clayton

Philip Clayton est un philosophe et théologien américain, professeur invité aux universités de Harvard et Cambridge. Il est actuellement le doyen de l'Université de Lincoln Claremont en Californie. Il a publié plusieurs dizaines d'ouvrages sur la rencontre entre science et spiritualité.

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Nous vivons une époque de spécialisation. Les connaissances dans les divers domaines que sont la science, la philosophie, et même les études religieuses, ont atteint un tel niveau de profondeur et de complexité que nous ne pouvons, aujourd’hui, généralement, maîtriser qu’une seule discipline à la fois et ne saurions, au mieux, nous tenir au courant que de quelques autres. Et, en ce qui concerne les sciences naturelles, les exigences sont encore plus fortes : en physique, les experts de premier plan ne prétendront maîtriser qu’une seule sous-discipline, sinon deux, tout au plus ; aucun physicien sérieux ne prétendra maîtriser la physique dans son ensemble.

Étudier sous tous leurs aspects les grandes relations existant entre diverses disciplines revient à prendre le risque de devenir un « amateur », une personne n’ayant pas les qualifications requises pour être habilité à écrire sur un sujet particulier.

[…]

Les êtres humains cherchant à comprendre leur existence font face à des questions urgentes auxquelles aucun domaine d’études spécifique ne saurait répondre. Aborder ces problèmes – sinon ne serait-ce que les formuler – requiert de tracer des lignes reliant de multiples disciplines, parmi lesquelles figurent les sciences naturelles, les sciences sociales, les sciences humaines, la philosophie, mais également (selon la question) la théologie. Exclure les grandes questions philosophiques portant sur l’humanité et la place qu’elle occupe dans l’univers sous prétexte qu’elles ne s’insèrent pas clairement dans le cadre d’une seule et unique discipline, c’est ne pas voir les arbres qui cachent la forêt. Naturellement, tenter de répondre à ces questions à partir d’une perspective relativement synthétique nécessite de s’y atteler avec autant de subtilité que possible et toute l’humilité requise. Mais le fait est qu’elles doivent bel et bien être approfondies.

La question de la liberté humaine fait partie de ces grandes questions. Il s’agit d’une aporie philosophique classique à laquelle quelques-uns des plus grands esprits de l’histoire intellectuelle ont consacré une réflexion soutenue et une attention toute particulière. Plus on étudie profondément les dilemmes inhérents à la liberté, plus la complexité et la difficulté de ces questions nous rendent humbles.

[…]

La préemption de la question de la liberté humaine s’est considérablement accrue ces dernières années en raison du développement de la psychologie évolutionniste et des nouveaux défis que lancent les neurosciences aux théories plus traditionnelles de la liberté. Je soutiens, tout au long de ce livre, que cette nouvelle attaque figure parmi les menaces les plus profondes qui aient été avancées dans toute l’histoire du problème que soulève la liberté dans la pensée occidentale. Les « neurophilosophes » (ou philosophes des neurosciences) d’aujourd’hui, en présentant des réponses basées sur des données, ne font pas que contester les concepts utilisés par les défenseurs traditionnels du libre arbitre ; leurs arguments tendent également, en effet, à invalider plusieurs des hypothèses sur lesquelles étaient basées nombre des justifications traditionnelles de la liberté humaine.

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Extrait de "Les Origines de la liberté :l'émergence de l'esprit dans le monde naturel", Editions Salvator (octobre 2012)

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