La prescription d’antibiotiques a diminué avec la pandémie mais demeure beaucoup trop élevée <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Un chercheur tient une boîte de Pétri contenant une culture dans le laboratoire de microbiologie de hôpital d'Anvers, Belgique
Un chercheur tient une boîte de Pétri contenant une culture dans le laboratoire de microbiologie de hôpital d'Anvers, Belgique
©JORGE DIRKX / BELGA / AFP

Quand les bactéries font de la résistance

Patrice Courvalin

Patrice Courvalin

Patrice Courvalin est professeur émérite à l’Institut Pasteur, au sein du Département de Microbiologie. Lui et ses collaborateurs sont des experts de la génétique et de la biochimie de la résistance aux antibiotiques.

Voir la bio »

Selon de nouvelles données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la consommation d'antibiotiques a diminué de plus de 15 % dans toute l'Europe entre 2019 et 2020, très probablement en raison de la pandémie, ce qui aurait limité le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques. Comment cela est-ce possible ? 

Patrice Courvalin: Aujourd’hui et on l’a démontré, il y a une corrélation entre l’usage des antibiotiques et l’évolution de la résistance. Lorsque l’on prescrit des antibiotiques, on favorise des bactéries qui deviennent résistantes à l’antibiotique. Ensuite elles transfèrent leur résistance à d’autres bactéries et le fait de moins prescrire (prescription raisonnée) a un effet. 

Quels problèmes leur prolifération peut-il provoquer ? 

Cela rend les maladies infectieuses plus difficiles à traiter comme par exemple la cystite ou les infections urinaires. Leur guérison est laborieuse, mais cela supprime aussi tous les progrès faits récemment en médecine et chirurgie au cours des dix, vingt dernières années à cause des risques d’infection. 

Dans le cas des cancers ou des leucémies, soit les maladies traitées avec les immunodépresseurs et qui diminuent les défenses immunitaires de l’organisme, les malades s’infectent facilement. Si ils sont infectés avec bactéries multi-résistantes on n’arrive moins bien à les soigner. et ces malades souvent meurent d’infection. Notons tout de même qu’il est difficile de dire si il s’agit du cancer, de la leucémie ou de l’infection elle-même, mais cette dernière aggrave leur statut. 

À Lire Aussi

Résistance aux antibiotiques : l’autre pandémie qui se développe en silence

Un autre exemple à ce propos est la transplantation d’organe. Lors d’une transplantation de foie ou de poumons les malades sont très immunodéprimés pour que la greffe prenne et ils s’infectent très facilement. Quand les bactéries étaient sensibles, on arrivait à les traiter avec des antibiotiques, mais depuis qu’elles sont multirésistantes la situation est devenue difficile car il y a des impasses thérapeutiques. Des bactéries deviennent résistantes à tous les antibiotiques disponibles. Tout le monde est concerné car on peut être infecté par une bactérie ultra-résistante alors que l’on n’a soi-même jamais pris d’antibiotique. 

Qu’est ce que l’on doit faire pour ralentir leur propagation ? 

Surtout il faut que l’on découvre de nouveaux antibiotiques malgré le fait que cette recherche soit très difficile. En attendant des alternatives existent aux antibiotiques comme les bactériophage, des anticorps contre les bactéries ou les vaccins. Il y a des approches différentes pour attaquer ce problème et si l’on fait cela le taux de résistance aux antibiotiques montera moins vite qu’aujourd’hui car cette évolution est inéluctable. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !