La lutte contre le FN passe par la culture ? Et si c'était plutôt par la lutte contre le mépris<!-- --> | Atlantico.fr
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Voter FN n'est pas nécessairement le résultat d'un manque de culture, c'est aussi le résultat du mépris de la classe politique pour la classe populaire.
Voter FN n'est pas nécessairement le résultat d'un manque de culture, c'est aussi le résultat du mépris de la classe politique pour la classe populaire.
©Reuters

Cliché

Il est devenu normal au sein de la gauche française, et parfois de la droite, de considérer que le vote FN ne serait que le résultat d'un niveau culturel trop bas des électeurs concernés. Cela pourrait pourtant être plus lié au mépris avec lequel ils sont traités.

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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La lutte contre le FN passe par la lutte contre le mépris de classes

Dimanche 7 juillet, la ministre de la culture, Aurélie Filipetti, a déclaré que « la lutte contre le Front National passe beaucoup par le terrain culturel ». Une attitude bienpensante typique de cette gauche qui a totalement abandonné les classes populaires et dont l’attitude méprisante les pousse au contraire vers le FN.

Le paradoxal mépris de classe du PS

C’est une constante depuis des décennies : une grande partie de la gauche juge que le fait de voter Front National serait uniquement un vote de révolte non éclairé contre la crise et le système. Leur raisonnement s’appuie sur le fait que le vote pour le parti de la famille Le Pen est inversement proportionnel au niveau d’éducation. On retrouve ce raisonnement dans les déclarations d’Aurélie Filipetti qui sous-entendent qu’en améliorant le niveau culturel de la population, alors, le vote FN reculerait.

En creux, on retrouve le raisonnement répété par une partie de la gauche (et parfois de la droite), à savoir que c’est un manque d’intelligence qui expliquerait le vote pour l’extrême-droite. Ce raisonnement élitiste est proprement stupéfiant de la part d’une gauche qui a longtemps représenté les classes populaires. Ce faisant, elle adopte un raisonnement très aristocratique, pour ne pas dire censitaire, selon lequel les classes populaires ne seraient pas à même de prendre des décisions sensées et cèderaient forcément aux pulsions volontiers xénophobes et nationalistes des démagogues.

D’où l’emploi du terme « populiste » comme un synonyme de « démagogue », comme si le peuple était par nature imbécile et destiné à se faire avoir par les démagogues. Il y a au PS un profond mépris de classe qui s’illustre dans les propositions stratégiques de Terra Nova, favorable à l’abandon des classes populaires pour se tourner vers une alliance des classes intellectuelles protégées et des minorités. L’aboutissement de ce mépris volontiers xénophobe des classes populaires se retrouve dans les propos de Sophia Aram quand elle avait traité les électeurs du FN de cons.

Un déni complet de réalité

Ce qui est est incroyable, c’est que cette conception est celle qui prévaut depuis des décennies et qui a totalement échoué, comme on a pu le voir à Villeneuve-sur-Lot où le parti lepéniste a éliminé le PS au premier tour. Au lieu de sermonner les électeurs du FN en leur disant qu’il est mal de voter pour ce parti ou en racontant des sornettes sur son programme, il faut les écouter et répondre à leurs questions. En fait, le PS est incapable de le faire, tant sur les questions économiques que sociétales et l’UMP se contente de répondre superficiellement à leur insécurité culturelle.

Pourtant, le vote Front National, s’il comprend une dimension identitaire, est avant tout un vote social. Ce n’est pas un hasard si un tiers des ouvriers votent aujourd’hui pour le parti lepéniste : c’est parce qu’ils sont les premières victimes de cette mondialisation contre laquelle les partis au pouvoir n’ont rien fait. Malgré les promesses, Nicolas Sarkozy a laissé fermer Gandrange. François Hollande, lui, a abandonné Florange. Nos dirigeants ont abandonné les classes populaires dans une concurrence déloyale avec les ouvriers et les employés d’Europe de l’Est, d’Asie ou d’Afrique du Nord.

Pas étonnant alors qu’ils refusent de voter pour les deux partis qui les ont abandonné dans la mondialisation et sont incapables de leur proposer une alternative crédible pour préserver leur avenir. Ce faisant, ils se tournent logiquement vers le parti le plus fort qui dénonce cette mondialisation. Si certains aspects du FN rebutent toujours une très large majorité des Français, cela est moins vrai en bas de l’échelle sociale, où les conséquences de cette mondialisation non maîtrisée se font le plus sentir et où le discrédit de la classe politique traditionnelle est encore plus avancé.

Le Parti Socialiste refuse toujours d’envisager la moindre alternative à une mondialisation anarchique et mortifère qui lamine les emplois et le pouvoir d’achat et refuse d’écouter l’insécurité culturelle et physique des classes populaires. Toute la question est de savoir s’il s’agit d’inconscience ou de mépris.

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