La gigantesque réserve à grain norvégienne qui pourrait un jour sauver le monde du chaos<!-- --> | Atlantico.fr
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La construction de cette chambre forte unique au monde a été achevée en février 2008.
La construction de cette chambre forte unique au monde a été achevée en février 2008.
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Espoir

Des Etats-Unis à la Corée du Nord, de nombreux pays ont choisi d’entreposer des échantillons de leurs graines les plus précieuses dans la réserve de Svalbard.

Si un cataclysme devait détruire toutes les espèces végétales, la planète entière pourrait compter sur la gigantesque banque de semences de Svalbard (Norvège) pour fournir la source de nouvelles cultures. La promesse audacieuse de la fondation Crop Trust est de conserver pour l’éternité les graines conservées dans la chambre forte de Svalbard, en prévision d’un futur incertain. 

Ce lieu unique est avant tout conçu pour résister aux pires catastrophes. Jonché à 130 mètres d’altitude pour prévenir une éventuelle montée soudaine du niveau de la mer, il résiste aux tremblements de terre, et dispose d’une isolation naturelle qui lui permet de garder son contenu à la bonne température pour les décennies à venir.

En à peine dix ans, la réserve mondiale de semences du Svalbard a reçu des demandes de gouvernements du monde entier pour stocker et protéger les graines de milliers d’espèces végétales essentielles à la survie de l’homme. Des Etats-Unis à la Corée du Nord, de nombreux pays ont choisi d’entreposer des échantillons de leurs graines les plus précieuses dans la réserve de Svalbard. A ce jour, elle abrite les graines de plusieurs milliers d’espèces végétales, soit plus de 865 000 échantillons individuels protégés sous plastique. Sa capacité maximale de stockage est de 4,5 millions d’échantillons. 

A l’intérieur de la chambre forte (une galerie profonde de 120 mètres), les graines sont stockées à une température de -18 °C dans un environnement qui les protège de l’oxygène.  Situé sur l’île norvégienne du Spitzberg, le site du Svalbard est recouvert de glace sur 60% de sa surface.

La construction de cette chambre forte unique au monde a commencé en juin 2006, financée à 100% par la Norvège. Depuis son inauguration officielle en février 2008, le bâtiment est également entretenu par la Global Crop Diversity Trust qui regroupe des fonds de plusieurs pays et entreprises.

Quand les gouvernements des pays industrialisés et en développement ont commencé à considérer le risque potentiel du changement climatique  sur leurs récoltes, la Norvège est apparue comme l’un des seuls endroits du globe assez fiable pour réaliser ce projet.

Si les scientifiques et les botanistes veulent concevoir des systèmes permettant aux végétaux de résister aux températures les plus élevées, l’accès à la diversité génétique est pour eux un élément essentiel. Selon différentes prévisions, la population mondiale pourrait s’élever à 11 milliards d’habitants d’ici à 2100, ce qui rend d’autant plus difficile le défi alimentaire des prochaines décennies, déjà menacé par le réchauffement climatique, la sécheresse, les inondations, et l’apparition de nouvelles maladies.

Le maïs et le blé comptent parmi les denrées les plus vulnérables à ces différentes menaces. Depuis les années 1960, les agriculteurs ont commencé à délaisser les semences traditionnelles pour de nouvelles variétés censées être plus fructueuses. Ainsi, des semences développées à l’échelle locale pendant des siècles ont tout simplement disparu. 

Presque chaque pays du globe a déposé des semences dans la réserve mondiale du Svalbard. La Chine et le Japon ne font néanmoins pas encore partie de ce cercle. L’Inde est toujours hostile à cette démarche, et la réserve ne compte pas encore assez de légumes verts. Quant à elle, l’Italie n’a déposé que deux échantillons. De manière générale les dépôts venant des pays en développement ont baissé au cours des deux dernières années, depuis que la réserve a cessé de payer l’acheminement des graines. 

Il faut dire que cette initiative ne fait pas l'unanimité et ne suffira peut-être pas à sauver les espèces. De nombreux détracteurs estiment que ce stockage n'aura même pas forcément d'utilité. "Ce système oublie que les agriculteurs sont les premiers sélectionneurs du monde et qu'ils continuent de l'être" explique l'association Grain. "Pour avoir accès aux semences, vous devez être intégré à tout un cadre institutionnel dont la plupart des agriculteurs dans le monde ignorent même l'existence. Dit simplement, l'ensemble de la stratégie ex situ répond aux besoins des scientifiques et non des agriculteurs."

"Nous l'avons créé parce que les banques de graines perdaient leur échantillons bêtement comme des coupes budgétaires ou des erreurs humaines" se défend au Guardian Cary Fowler, une des personnes à l'origine du projet. Plus que pour l'Apocalypse, la réserve pourrait surtout compenser les banques détruites, comme c'est le cas, par exemple, en Syrie.

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