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Le président Emmanuel Macron visite des stands à l'événement VivaTech à la Porte de Versailles à Paris le 16 juin 2021.
Le président Emmanuel Macron visite des stands à l'événement VivaTech à la Porte de Versailles à Paris le 16 juin 2021.
©Alain JOCARD / POOL / AFP

VivaTech

VivaTech, le rendez-vous international des start-ups et des nouvelles technologies a débuté ce mercredi à Paris. La French tech et les start-ups françaises tentent de rivaliser avec la concurrence américaine et chinoise. Les questions de la formation et du financement seront des enjeux clés pour ce secteur.

Gilles Babinet

Gilles Babinet

Gilles Babinet est entrepreneur, co-président du Conseil national du numérique et conseiller à l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Son dernier ouvrage est « Refonder les politiques publiques avec le numérique » . 



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Atlantico : Alors que s'ouvre le salon VivaTech à Paris, la French Tech semble encore courir derrière ses concurrents américains ou Chinois. D'où vient le problème ?

Gilles Babinet : En préambule, il faut d'abord rappeler que la dynamique d’ensemble est particulièrement positive, de nombreuses startups passent désormais au stade des tours de table de développement et l’écosystème est en train de changer de structure. La France est d’après mes décomptes le 7 ème pays en terme de licornes. Si cela ne fait pas tout, loin de là, c’est un bon indicateur de la capacité de notre pays à rentrer dans l’économie de demain. Plusieurs facteurs ont concouru à cela. La mise en place de la banque publique d’investissement, qui a un rôle très structurant dans le financement, des réformes fiscales, qui ont facilité l’investissement dans la technologie, le développement de la FrenchTech, des politiques de filières ainsi, il faut le rappeler, que des initiatives privés comme l’école 42 ou la Station F.

Au-delà de ces points positifs, il est intéressant de se poser la question de savoir ce qui peut limiter le développement de cet écosystème. Un point de préoccupation ce sont les les grandes écoles qui sont sont à la fois un facteur de succès et un point limitant . Tout simplement parce que dans ces écoles la proportion d’étudiants en passe d’être diplômés qui envisagent de monter une startup est très importante, trop en fait, et cette source ne peut plus croitre que marginalement.

Vous pointez un problème de formation ?

Il y a un retard très clair en matière d'enseignement supérieur. Dans la classe d'âge des 20-26 ans, en France on a 45% des gens qui font des études supérieures. Au Royaume-Uni, c’est plutôt autour de 56%. Et puis surtout, la qualité des études dans certains pays est bien meilleure que dans d'autres. En dehors des grandes écoles, la situation de l’université n’est pas satisfaisante. En conséquence, il y a un réel enjeu de reproduction sociale, de culture endogamique ; c’est aussi un frein potentiel. Beaucoup de travaux soulignent l’importance de la diversité culturelle comme un facteur important de la réussite des organisations et startups.

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L’université et la recherche ont-elles un rôle dans le dévelopement de l’économie numérique ?

Dans un rapport pour l'institut Montaigne qui devrait sortir à la rentrée, nous montrons qu'il y a bien une corrélation positive entre recherche publique et start-ups. Mais en France cette recherche est faiblement financée et les liens entre recherche publique et création de startups de deep tech peuvent être améliorés. 

L’université a potentiellement un rôle important, elle pourrait facilement initier beaucoup de projets. L’un des défis est de parvenir à massifier ce que l'on a fait. Quand on regarde les données, on a pas assez de seed et de start-ups par rapport au Royaume-Uni, aux pays scandinaves etc. Et au final, même si on note une nette acceleration,  on a moins de licornes. Il y a beaucoup d'argent public et l'écosystème se développe, mais ça serait mieux de produire plus d'entrepreneurs, avec des profils plus variés.

Au final, est-ce un problème de quantité ou de qualité ?

Quand je dis qu'il faut une meilleure formation, c'est aussi qu'il y a un problème de qualité. Quand on a des étudiants qui sont très bons en mathématiques mais qui n'ont jamais eu un seul cours de management et qui ne parlent pas bien anglais, c'est très problématique pour l'avenir. A tel point que certains repartent vers d'autres études pour compléter leur formation. Ce n'est pas normal. On est vraiment à une période charnière où la technologie rentre partout, des entreprises traditionnelles aux administrations en passant par les associations. Si on veut passer à une autre échelle, c'est une nécessité de changer les choses.

Qu’en est-il de la relation entre start-ups et université qui a fait la réussite de la tech américaine ?

L'autre défaut de la French tech est effectivement qu'elle n'a pas de clusters, c’est-à-dire par suffisamment de sites regroupant entreprises et d'institutions comme les universités. C'est quelque chose qui marche très bien dans beaucoup de pays. En France, nous avons Paris-Saclay, mais je connais finalement peu de start-ups qui sont réellement installées là-bas. Les entreprises françaises ne vont pas forcément s'appuyer sur l'université pour développer leur modèle, contrairement à ce qu'on peut voir à Stanford, au MIT ou même à Berkeley ou à Carnegie.

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