La France n’est plus le premier consommateur de vin au monde et se laisse influencer par les goûts extérieurs... mais continue à boire français <!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français ont bu 28 millions d'hectolitres de vin en 2013.
Les Français ont bu 28 millions d'hectolitres de vin en 2013.
©Reuters

Consommation d'alcool

Selon l'organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), les Français ont bu 28 millions d'hectolitres de vin en 2013, (- 7% par rapport à 2012) et passent pour la première fois derrière les Etats-Unis, qui ont eux consommé 29 millions (+ 0,5%). La France reste toutefois en tête avec 45 litres consommés par habitant et par an, cinq fois plus que les Américains. Mais les Français consommaient 120 litres par an et par habitant dans les années 1960. D'où la tentation pour les producteurs d'aller au-delà du marché français.

Fabrizio Bucella

Fabrizio Bucella chronique la science et le vin. Docteur en physique et professeur des universités à l'université libre de Bruxelles, il tient une chronique pour Le Point "Le prof en liberté". Chaque semaine, on le retrouve dans le poste de radio et télévision belge de service public (RTBF). Sur les réseaux sociaux, il publie quotidiennement une vidéo ludique sur le vin et la science. Ses comptes sont suivis par plus de 200 000 abonnés.

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Atlantico : Comment expliquer cette baisse régulière de la consommation de vin des Français qu'évoque l'OIV (voir ici) ?

Fabrizio Bucella : La tendance lourde, c'est un changement de statut du vin. Dans les années 60 les gens buvaient du vin au cours du repas, pas forcément de qualité contrairement à ceux d'aujourd'hui qui sont d'une qualité irréprochable. Le vin est passé d'un élément du régime alimentaire avec son apport calorique à celui d'un produit qu'on prend pour le plaisir. On a d'autres tendances dans ces années-là avec la montée des vins d'appellations. D'autres phénomènes vont accentuer la tendance notamment la réglementation actuelle en termes de conduite automobile. Il y a une véritable modification des comportements de consommation. On avait des consommateurs réguliers il y a trente ans alors qu'aujourd'hui les consommateurs occasionnels représentent presque la moitié des gens. On ne peut en revanche pas l'expliquer par les tarifs car le prix moyen d'une bouteille de vin est compris entre 3,5 et 4 euros. La hausse n'est pas plus forte que l'inflation et cette augmentation n'est pas rédhibitoire. En revanche le prix des crus classés explosent. Les économistes disent que le seuil est de 50 euros et au-delà c'est des vins de luxe, un secteur qui ne connaît pas la crise. Ceux compris entre 10 et 30 euros ont un peu plus de difficultés avec la diminution d'achat dans cette gamme là.

Qu'est ce que les Français boivent comme vins ? Quels sont ceux qui sont désormais prisés par les Français ? Et ceux qui le sont moins ?

Le vin rosé est de plus en plus prisé, en 2013 on a vendu plus de rosé que de blanc. La Provence est le plus gros pourvoyeur de rosé mais les vins de Bordeaux ne sont pas en reste à grand renfort de marketing. La consommation de rouge reste ce qu'elle est. Dans ce domaine, la région qui monte c'est le Languedoc avec des vins très qualitatifs ayant des prix concurrentiels. La vallée sud du Rhône présente des prix intéressants avec ce côté très rond et chargé de soleil, des cépages à la mode. En France, la consommation de vin reste locale.

Y a t'il des différences à ce sujet en fonction des classes d'âge ?

Les plus de 60 ans sont encore des consommateurs réguliers. Les trentenaires et les quadragénaires sont eux plus occasionnels. Boire une bouteille de 75 cl devient presque exceptionnel pour un jeune couple qui ne va pas ouvrir une bouteille pour n'en boire que la moitié. Les jeunes entre 15 et 25 ans sont élevés dans des familles où il n'y a pas forcément de vin à table donc leur consommation est très limitée. Ils sont plus branchés sur les alcools forts. Le public féminin consomme quant à lui moins de vin.

Est-ce que l'influence étrangère impacte nos goûts et nos choix de vins étrangers ? Les vins étrangers sont-ils de plus en plus prisés par les Français ? D'où viennent-ils ?

L'Espagne et l'Italie sont historiquement des pays producteurs. Il y aussi désormais des vins américains de Californie et d'autres venant du Chili, d'Argentine, d'Afrique du sud, d'Australie et de Nouvelle Zélande. Le Chili tire son épingle du jeu avec des vins assez fruités et raisonnables au niveau des prix, moins de 5 euros. Leur percée reste toutefois assez marginale et il n'y a pas de hausse significative de la consommation des vins étrangers. Il faut dire que la France est historiquement un pays producteur de vin et ce n'est pas évident pour un produit extérieur de pénétrer sur le marché. La France reste la patrie du vin.

En s'adaptant au marché mondial, les producteurs français ont-ils modifié leur production ? Influencent-ils ainsi l'offre de vins sur le marché français ? 

Il y a beaucoup de circulation monétaire dans le milieu du vin. Les inter-professions voient les marchés se développer et essayent de les consolider. Ils tentent en partie de compenser la baisse des ventes en France en faisant de l'export, au niveau européen voire au-delà. Il y a un vrai travail qui est fait sur la vente et la commercialisation à l'étranger.

La baisse de la consommation de vin se fait-elle au profit d'autres boissons alcoolisées ?

On l'oublie, mais les Français sont les premiers consommateurs de whisky dans le monde et ils adorent le champagne, où la France est le premier marché de vente. Il y a ensuite la bière qui est la troisième boisson consommée dans le monde et qui est prisée par les Français. Ces consommations ne viennent toutefois pas compenser la baisse concernant le vin.

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