La France en miettes : comment la loi de décentralisation et les revendications ethnorégionalistes ont conduit à l’explosion du pays<!-- --> | Atlantico.fr
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Des personnes manifestent devant le palais de justice de Rennes, en mai 2014, alors que onze membres du mouvement des Bonnets Rouges étaient jugés pour la destruction d'un portail d'écotaxe le 28 décembre 2013, à Pontorson.
Des personnes manifestent devant le palais de justice de Rennes, en mai 2014, alors que onze membres du mouvement  des Bonnets Rouges étaient jugés pour la destruction d'un portail d'écotaxe le 28 décembre 2013, à Pontorson.
©JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Bonnes feuilles

Benjamin Morel publie « La France en miettes Régionalismes, l’autre séparatisme » aux éditions du Cerf. Les atteintes aux représentations de l'unité nationale, de la puissance étatique et de l'autorité républicaine ne cessent de se multiplier sous nos yeux. Pourtant, de l'Élysée à la Place Beauvau, des enceintes parlementaires aux cabinets ministériels, des bureaux de presse aux studios de radio ou de télévision, règne sur ces faits un étrange et inquiétant silence. Extrait 2/2.

Benjamin Morel

Benjamin Morel

Benjamin Morel est maître de conférences en Droit public à l'Université Paris II Panthéon-Assas.

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Après la crise des bonnets rouges, les formations autonomistes signent un appel à Pontivy. Ils demandent : « Dans le cadre de la future loi de décentralisation, un statut particulier dotant l’institution bretonne d’une assemblée disposant – à l’instar des “grandes régions” européennes (Écosse, Pays de Galles, Catalogne qui possèdent un véritable Parlement doté de pouvoirs importants) –  de nouvelles compétences, d’un pouvoir législatif et réglementaire ainsi que d’un droit à l’expérimentation dans des domaines différents allant de l’eau, la culture à la politique linguistique. Ces nouvelles compétences doivent s’accompagner d’un budget et d’une fiscalité adaptés afin de répondre aux défis économiques, sociaux, environnementaux et culturels des années à venir. »

Non seulement ce programme n’est pas tombé dans l’oubli, mais il a été repris par Régions de France.

L’association réclame la différenciation normative et même l’autonomie pour la Corse depuis que sa présidente doit son élection à Gilles Simeoni. Pire, il est également recyclé en partie par le gouvernement au nom des « pactes girondins » proposés en 2017 par Emmanuel Macron.

La politique de l’État, dite de « différenciation territoriale », est donc aujourd’hui en partie fondée sur des revendications ethnorégionalistes. Il s’agit d’assurer des compétences et des statuts à géométrie variable selon les identités singulières de tel ou tel territoire. Alors que ses promoteurs s’en réclament, cela n’a rien à voir avec les modèles fédéraux, allemand ou américain. Les articles 70 à 74 de la Loi fondamentale allemande listent, ainsi, ce qui relève des Länder ou de la Fédération, et le principe de cette distribution. Certains Länder portent le titre de Freistaat, notamment la Bavière, la Saxe et la Thuringe, mais cela n’emporte aucune conséquence juridique ou statutaire. La majorité des pays fédéraux comme l’Australie, l’Autriche, les États-Unis et la Suisse reposent également sur une asymétrie très faible. Ce modèle a en revanche tout à voir avec ce qui se passe actuellement en Espagne, en Grande-Bretagne et en Italie. Si les élus locaux pèchent donc par opportunisme, c’est bien l’État qui, dans sa naïveté, a créé les conditions de son éclatement. Ce sont bien ses élites, administratives et politiques, qui par bêtise, conduisent la nation au suicide.

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La France en miettes : les idiots utiles de l’ethnorégionalisme

Extrait du livre de Benjamin Morel, « La France en miettes Régionalismes, l’autre séparatisme », publié aux éditions du Cerf

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