La fin de la parenthèse Trump<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président américain Joe Biden dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 02 février 2021 à Washington.
Le président américain Joe Biden dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 02 février 2021 à Washington.
©POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le point de vue de Dov Zerah

A l'occasion de la réunion du G7, du sommet de l’OTAN, de son tête-à-tête avec Recep Tayyip Erdogan et à travers sa rencontre avec Vladimir Poutine, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a décidé de tourner la page de l'ère Trump.

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Au cours des derniers jours, le Président américain frais émoulu, Joe BIDEN, a réaffirmé le leadership des États-Unis sur le monde occidental au cours de cinq séquences, la réunion du G7, un sommet de l’OTAN, un tête à tête avec le Président turc ERDOGAN, un sommet États-Unis/Europe, et une rencontre avec Vladimir POUTINE.

La réunion du G7 en Cornouailles a été l’occasion pour Joe BIDEN de :

  • Afficher une détermination de créer une coalition contre la Chine. Pour contrer l’Empire du Milieu, Joe BIDEN n’utilise pas les seuls droits de douane. Il vient de faire approuver par le Congrès un programme de 190 Md$ d’investissements dans la recherche et développement en vue d’améliorer la compétitivité américaine.

Un outil manque à cette stratégie, la remise en cause du taux de change du Yuan. Alors que les Chinois accumulent les excédents, Pékin devrait revaloriser sa devise Or, les autorités chinoises font exactement le contraire et mettent à mal les règles du commerce international.

  • Redonner une actualité aux Accords de Paris sur le climat.
  • Accélerer le chantier de la fiscalité mondiale avec un taux d’imposition minimal pour les multinationales. Les États-Unis s’engagent dans ce sujet pour contrer les moins-disant fiscaux qui alimentent les pertes pour le Trésor américain.

Joe BIDEN tourne la page TRUMP et relance les composantes de la gouvernance mondiale. Les Américains renouent avec leur politique traditionnelle en faveur du multilatéralisme qui avait permis et assis leur leadership depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Même si le sommet de l’OTAN n’a duré que trois heures, Joe BIDEN a marqué une vraie rupture avec son prédécesseur. Donald TRUMP avait ébranlé l’organisation pour au moins deux raisons :

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  • Il avait menacé de la quitter si les membres européens ne participaient pas plus au partage du fardeau. C’était une vielle revendication américaine déjà articulée par ses prédécesseurs George BUSH Jr et Barak OBAMA, mais la méthode TRUMP consistant à prendre ses partenaires à rebrousse-poil n’a produit aucun effet. Joe BIDEN a pris l’exact contre-pied !
  • TRUMP n’avait assigné à l’OTAN aucun rôle stratégique ; cela avait conduit le Président Emmanuel MACRON ne pas hésiter à parler de « mort cérébrale ». Joe BIDEN a imprimé une nouvelle ère avec la perspective « d’un nouveau chapitre dans les relations transatlantiques ». Cela conforte les Secrétaire général Jens STOLTENBERG et son Agenda 2030.

Un des grands vainqueurs de Bruxelles est le Président turc ERDOGAN :

  • En le rencontrant, Joe BIDEN a passé sous silence toutes ses attaques contre ses opposants politiques et les libertés publiques.
  • En le confortant à l’OTAN, Joe BIDEN a tiré un trait sur l’achat des missiles russes pour la défense de l’espace aérien turc, pourtant partie prenante de l’OTAN.
  • En lui confiant la responsabilité de la protection de l’aéroport de Kaboul, Joe BIDEN a cautionné la persécution des Kurdes tant en Turquie qu’en Syrie ainsi que toute les aventures du Grand Turc.

Au-delà de la reconnaissance politique de l’Union européenne, le sommet États-Unis/Europe a été l’occasion d’enterrer la hache de guerre sur plusieurs sujets commerciaux :

  • S’accorder jusqu’au 11 juillet pour régler définitivement le différend Airbus-Boeing relatif aux subventions accordées à ces deux géants de l’aéronautique.
  • Prolonger la trêve décidée en mars dernier pour supprimer les droits de douane supplémentaires mis de part et d’autre sur certains produits.
  • Clore le contentieux sur la taxation de l’acier européen imposée en 2018 par l’Administration TRUMP.

C’est une ère nouvelle qui s’ouvre entre Bruxelles et Washington après le désintérêt de Barak OBAMA et les quatre années de tensions de Donald TRUMP. La convergence des positions de part et d’autre de l’Atlantique se manifesterait avec la réalisation d’une étude transparente sur l’origine de la pandémie. Le plaisir de se retrouver a conduit les interlocuteurs à occulter certains sujets comme le « Buy american Act ».

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Mis à part le retour des ambassadeurs, il n’y a eu aucun résultat lors de la rencontre entre Joe BIDEN et Vladimir POUTINE. Le contexte était lourd avec notamment la déclaration de Joe BIDEN qualifiant Vladimir POUTINE de meurtrier et celle de Sergueï LAVROV sur les victimes civiles des frappes américaines en Afghanistan.

Les sujets de discorde sont nombreux : accusations américaines de cyberattaques russes ou d’ingérences politiques, situation des opposants politiques en Russie, crise en Biélorussie, situation en Ukraine… Le principal intérêt de la réunion est sa tenue. Néanmoins, une volonté de désescalade est clairement partagée par les deux parties, comme en attestent l’accord en mars sur le traité New start relatif aux armes nucléaires ou le sujet du gazoduc Nord Stream 2 sur lequel les Américains sont moins incisifs pour ne pas s’aliéner Berlin. La Chine étant l’ennemi numéro un américain, Washington est obligé de trouver des points d’accord avec Moscou.

Cet enchainement de rencontres marque la fermeture de la parenthèse TRUMP. Joe BIDEN cherche à mobiliser l’Occident face à la Chine. La tâche est ardue. À la grande différence avec TRUMP, BIDEN s’en donne les moyens en faisant des gestes à ses alliés pour obtenir leur adhésion.

Joe BIDEN avait promis une mobilisation des démocraties face aux régimes autoritaires, et principalement la Chine et la Russie. Il a engagé sa stratégie avec un certain succès. Mais deux bémols apparaissent dans le tableau :

  • La réinsertion de la Turquie dans le jeu de l’OTAN en fermant les yeux sur toutes les atteintes aux droits de l’homme.
  • La volonté, quoiqu’il en coûte de conclure avec l’Iran en occultant les répressions, l’arrivée d’un ultra conservateur à la Présidence de la République. La perspective de la levée des sanctions et de la récupération des avoirs bloqués constitue la meilleure assurance tous risques pour la théocratie iranienne.

Ces deux entorses démontrent, s’il en était besoin, les limites d’une politique universelle des droits de l’homme. Pourquoi mettre en avant la Chine, la Russie et pas la Turquie, l’Iran… ou bien d’autres pays, sans oublier les bavures des armées occidentales dans leurs opérations extérieures.

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