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La crise de la covid va-t-elle favoriser l’origine France ?
©Reuters-Pawel Kopczynski

Manger mieux, plus longtemps

Depuis la crise, nous voulons tous du local mais cela va-t-il durer ?

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Tous s’accordent sur la solidarité qui s’est mise en place pendant le confinement et la crise que nous vivons actuellement, même si les choses semblent retourner à la normale peu à peu. Les entreprises ont dû réagir, vite, et il leur a fallu trouver de nouveaux circuits de distributions, notamment face à l’arrêt de la restauration hors foyer (RHF), commerciale et collective. Des solutions via les circuits-courts ont été trouvées. Pour une fois, le secteur a reçu une attention positive de la part des médias. 

Le confinement, c’est finalement du local obligé : rester dans le kilomètre de chez soi implique un approvisionnement proche, mais par forcément un accès à des productions locales… C’est là toute l’effet pervers des perceptions que l’on a dans nos achats. Une salade sur un marché semble cueillie à proximité. Les bananes et les avocats aussi ! Pourtant, ils peuvent venir de très loin, et les fruits et légumes frais que l’on peut voir ne sont pas cultivés en France pour leur grande majorité. 

Certes, nous voulions du Français, du local, du proche… En un jour ou deux, tout notre système a été bouleversé, ce qui a contraint les agricultures, les artisans et les industriels, dont l’échelle temporelle n’est pas dans l’immédiateté. 

Mais ce que le Français dit vouloir (frais, local, français), il ne le transforme pas e acte car les productions françaises sont quasiment toujours plus chères que celles qui viennent d’Italie ou d’Espagne.  Raisin d’Italie 1,20 €. Raisin de France 4,95 !

Banane Martinique 1,6 €/kg. Celle du Costa Rica 1 €.

L’agriculture française en péril ? 

La Covid a permis aux Français une prise de conscience, notamment sur l’origine des aliments et du soutien des pouvoirs publics. Mais il faut beaucoup de volonté et de force pour perpétrer ces efforts car on est vite revenus vers un système compétitif et déséquilibré. L’importance est aussi de rendre les produits accessibles à toute la population. 

Le premier critère d’achat de produits français, selon les Français, est la défense des emplois et la solidarité nationale. L’enjeu est d’informer ces consommateurs correctement car ils sont intéressés, contrairement à avant la crise. Par exemple,  le nouveau label PME + (qualité, savoir-faire et éthique des entreprises) souligne exactement les nouveaux critères de choix alimentaires.

Le coût du panier moyen des Français a diminué, mais on va voir si la crise et la prise de conscience des consommateurs permettront de réajuster des prix plus convenables pour les producteurs. 

La législation française est très stricte : interdiction de labelliser des tomates bio si elles sont produites sous serres chauffées, alors que c’est possible pour les autres pays européens. Cela est vrai pour de nombreux produits : la qualité n’est pas toujours visible. Mais pour les raisons de libre circulation des marchandises dans la communauté européenne, nous laissons entrer des produits aux normes inférieures aux nôtres. La sécurité sanitaire en France est aussi extrême :  pour une toxi-infection en France, il y en a 1000 aux USA. 

Il en est de même pour les approvisionnements, les ingrédients. Ainsi de nombreuses entreprises font du sourcing en France (alimentation infantile par exemple) pour préparer des aliments qui vont intéresser des pays où la sécurité alimentaire est faible, la Chine notamment. 

Quelques chiffres 

82 % des consommateurs français préfèrent des produits d’origine France, 77 % veulent du local et l’origine est préférée à 79 % par rapport à la mention BIO. Mais attention ! Le consommateur veille les aliments emballés qu’il achète, mais n’a pas forcément accès à ces informations lorsqu’il est au self ou au restaurant. La preuve : 66 % de la viande achetée en GMS vient de France (100 % pour la viande hachée), Au contraire, en restauration hors foyer, 88 % des achats sont représentés par des produits non français. 

Pour faire progresser cette filière, METRO a lancé le 28 janvier dernier, une charte de défense de l’origine France en lien avec les territoires et les fédérations pour les rassembler et amener à des discussions de filière puis créer des événements comme des visites de fermes. Autre démarche venue des éleveurs et producteurs engagés (bœuf charolais) qui estiment que si la qualité est là, les acheteurs seront prêts à payer plus cher, ce qui n’est pas le cas du Français moyen qui fait ses courses et rarement prêt à payer plus cher.

Pour valoriser l’origine française dans la restauration : un logo en projet, «  j’aime cuisiner Français ».

Le vrac face aux nouveaux défis sanitaires

Pour ceux qui veulent promouvoir la consommation responsable, le choix du vrac s’impose. Mais en période de pandémie, comment faire confiance à des aliments en vrac dont on ne sait pas comment ils ont été protégés ? 

Tout d’abord, en sachant que 100 % vrac ne veut pas dire sans emballage, mais seulement une quantité d’emballage réduite. 

Le commerce n’étant qu’une question de confiance sur la qualité, la valeur et la sécurité, on a bien observé que ces exigences ont augmenté avec la covid 19. 

Pour les distributeurs de vrac, la pandémie a imposé plus d’actions pour désinfecter au quotidien. Avec la covid, d’après Nielsen, on est passé de 40 % des Français qui achetaient du vrac à 22 % mais cette baissa a surtout eu lieu dans les GMS, pas dans les magasins spécialisés. De plus, l’offre n’était plus toujours à proximité. 

Depuis la fin du confinement, Day by Day* a récupéré 80 % de sa croissance d’avant ce qui montre que les consommateurs ont toujours confiance et ont gardé les mêmes aspirations. 40 % des emballages sont apportés par les clients, ce qui permet de diminuer de 72 % les emballages mis sur le marché. 

En 2019, le chiffre d’affaires du  bio était de 1,2 milliards, avec une prévision à 1,8 milliards pour 2020. Avec la crise, ce sera plutôt autour de 1,5 milliards. Une bonne façon de consommer français ? Pas forcément ! Encore faut-il bien lire les étiquettes. 

* selon Didier Onraita, Day by Day

Merci à Constance GOUJARD et Camille BERROCAL, NutriMarketing, et aux participants de cette table ronde organisée par le salon MADE cette semaine

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