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Le drapeau national chinois flotte derrière des caméras de sécurité sur la place Tiananmen le 4 juin 2012.
Le drapeau national chinois flotte derrière des caméras de sécurité sur la place Tiananmen le 4 juin 2012.
©ED JONES / AFP

Big Asian Brother

Avec le soutien du pouvoir chinois et des ventes à bas prix pour conquérir le marché à l'étranger, Hikvision est devenue un poids lourd mondial de la vidéosurveillance. La société permettrait à la Chine de se livrer à de l'espionnage, selon des informations de The Atlantic.

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico : Hikvision est une entreprise chinoise spécialisée dans la conception de matériel de vidéo-surveillance. Cette société, détenue par des fonds publics chinois, est devenue l’un des acteurs les plus importants du secteur, mais elle semble laisser une porte ouverte à l’espionnage pour le compte de l’État chinois. Est-ce réel ?

Fabrice Epelboin : Il n’y a aucune raison de croire que cela n’est pas réel. La possibilité d’espionnage est permise grâce à des backdoors mises en place dans les logiciels des caméras. Et ce n’est pas nouveau, les premières affaires de backdoors ont été révélées avec les fuites de WikiLeaks et l’affaire Snowden. Les Américains sont des spécialistes des backdoors qui en avaient déjà installées sur des équipements Cisco Systems. Si l’on n’est pas souverain de ses logiciels, il ne faut pas s’étonner de voir cela.

Dans le cas des caméras de surveillance, le problème est de savoir où elles pointent car elles peuvent partager des événements ou des situations que l’on n’a pas envie de divulguer à un autre État. C’est un vrai souci qui nécessite un service informatique à la hauteur pour limiter les risques de fuites car à partir d’un signal de canal vidéo on peut en déduire tout un tas de choses.

Le problème évoqué avec ces caméras chinoises est beaucoup plus vaste. Lorsque Thales revend des technologies Google ou quand Orange revend des technologies Microsoft, nous sommes dans une perte de souveraineté. À terme, nous devons nous soucier que nos profits et gains de productivité générés sur le continent européen soient aspirés par des licences étrangères.

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Est-ce valable pour toutes les technologies étrangères qui opèrent sur notre territoire ?

C’est valable pour tout type de technologie, qu’elle soit américaine ou chinoise si l’on n’est pas souverain. Pour la 5G, nous aurions pu opter pour des technologies libres ou des alternatives européennes, mais des affaires de corruption ont bloqué l’indépendance.

Y-a-t-il une affaire qui serait emblématique de la surveillance chinoise ?

On peut parler de l’espionnage du siège de l’Union Africaine en Ethiopie à Addis-Abeba. En voulant renforcer son partenariat technologique avec la Chine, l’Union Africaine s’est équipée de technologie Huawei et s’est fait espionner par la même occasion.

L’espionnage initié par la Chine et les États-Unis grâce à leur technologie est d’ampleur mondiale. On peut penser que les Chinois ont toujours fait cela, mais que la situation s’est aggravée depuis qu’elle est devenue une grande puissance technologique.

Au fur et à mesure des ventes de matériels et de technologies, ils ont augmenté leur capacité de surveillance. À ce stade, on ne peut que supposer la manière dont ils utilisent leur espionnage. Il n’y a pas eu de grande affaire de type Edward Snowden ou WikiLeaks pour la Chine, mais tout concorde pour que cela arrive un jour. La Chine ne sera pas différente des Américains à ce sujet et il n’y a aucun doute à penser cela.

Est-il possible de se protéger de ces espionnages ?

Il faut être souverain sur sa technologie. Si l’on équipe nos politiques avec des téléphones Huawei ou Apple c’est inquiétant et il vaut mieux les équiper avec des appareils Thales français. C’est aussi valable pour les logiciels.

Une autre manière d’être souverain est d’utiliser des logiciels libres dont on a le code et s'il y a une backdoor présente, elle va se faire repérer.

Aujourd’hui, étant donné que nous n’avons pas les technologies, nous avons deux choix : être surveillé par les Chinois ou par les Américains.

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