La catastrophe sanitaire ne se produira pas, mais les économistes continuent de nous promettre un désastre financier et social<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Pécresse et Xavier Bertrand visitent l'entreprise Exotec à Croix, près de Lille, le 10 décembre 2021.
Valérie Pécresse et Xavier Bertrand visitent l'entreprise Exotec à Croix, près de Lille, le 10 décembre 2021.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Atlantico Business

Les « enfermistes » sanitaires ont perdu la partie mais ils ont contaminé les économistes, qui continuent à s’enfermer dans des prévisions très noires, relayées par la plupart des responsables politiques en campagne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il faut croire que le pessimisme des économistes et l’inquiétude reprise par les responsables politiques se vendent mieux que les bonnes nouvelles, notamment en période de campagne électorale. Loin d‘être sortis de la pandémie, mais alors qu’on perçoit un recul suffisant pour redonner de l’espoir à tous ceux qui, depuis deux ans, ont du mal à vivre autrement, ce qui se passe actuellement sur le terrain sanitaire prouve qu’une grande partie du monde médical s’est trompé, nous promettant une aggravation de la situation via un encombrement des services d’urgence dans les hôpitaux.

Ils se sont trompés parce que la variant Omicron s’est révélé extrêmement contagieux mais moins dangereux que les précédents. Il n’a pas provoqué une avalanche des cas graves. La vaccination a protégé les patients en freinant les cas qui devaient aller en réanimation. Donc très fortes contaminations, mais mortalité très faible. Ce qui laisse pense que, d’ici le printemps, le recul de la pandémie permettra de lever la plupart des restrictions au niveau des jauges, des masques et des tests, et même du télétravail. Sans parler du passeport vaccinal qui pourrait ne plus être nécessaire.

En bref, tout se passe comme si les experts et les médecins qui prônaient un durcissement des mesures restrictives dans la perspective d’un Omicron très contagieux, se sont trompés et ils ont sans doute induit en erreur une grande partie de la classe politique.

Le problème est que si les enfermistes ont perdu la partie, les économistes et les responsables politiques sont en train de faire dans leur domaine ce que les épidémiologistes ont fait dans le leur.

Ils publient des études et des analystes très pessimistes et même désastreuses sur l’évolution de la situation économique. Dès le départ de la pandémie, la quasi-majorité des prévisionnistes ont enfourché le cheval de la peur.

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Dès le début de l’année 2020, ils n’ont pas hésité à nous promettre une situation catastrophique avec des vagues de licenciements et de faillites qui allaient nous conduire directement dans la même situation du monde qu’après la crise de 1929. Ce type de crise qui échappe aux radars de la régulation et nous conduit à l’hystérie.

Les économistes n’ont pas voulu comprendre que le système économique n’avait pas été détruit mais simplement arrêté.

Les économistes n’ont pas voulu comprendre que le « quoi qu’il en coute » allait protéger tous les actifs de production de la destruction, y compris les actifs humains grâce au chômage partiel.

Les économistes n’ont même pas voulu comprendre que les appareils de production tenus par les entrepreneurs allaient profiter de ces mises à l’arrêt pour accélérer leur mutation et prendre en compte la révolution digitale et la révolution énergétique. Le changement n’est pas venu de l‘Etat très désorganisé, trop lourd, mais de la résilience des chefs d’entreprise et de la flexibilité du secteur privé.

Mais le comble aujourd’hui, alors que la situation sanitaire s’améliore, c’est que la majorité des analystes continue de broyer du noir en expliquant que les pays occidentaux, dont la France, ont payé les soutiens au système et les plans de relance à crédit. Des analyses apocalyptiques à gauche comme à droite sont reprises par les responsables politiques pour prouver que le pays est en faillite et qu’il faudra mettre en place des plans de redressement et d’austérité. On retrouve notamment à droite, les mêmes accents que ceux qui résonnaient lors de la campagne présidentielle de François Fillon, pour qui la France était en faillite.

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A l’époque, les conseillers de François Fillon avaient raison parce qu’on s'était trompés de stratégie au lendemain de la grande crise financière de 2010. Donc on avait raté la reprise.

Aujourd’hui, le profil conjoncturel est très différent et les impératifs structurels imposent des investissements. Même la Banque centrale européenne avec Mario Draghi a pris en compte le changement et l’a accompagné. Bref, le paradigme économique et monétaire a changé. Il faudrait mettre l’accent sur la capacité des mécanismes libéraux à générer de la richesse, donc de la croissance.

Le diagnostic convenu dans l’opposition en cette periode de campagne présidentielle identique à celui qui était fait pendant la campagne Fillon. A l'époque, il correspondait à la réalité budgétaire et monétaire.  L’Institut Montaigne, d’ordinaire très orthodoxe en matière de finances publiques, est beaucoup plus prudent et reconnaît qu’une thérapie fondée sur l’austérité budgétaire n’est pas forcément celle qui conviendrait au pays, dans la mesure où elle sera rejetée par la population.

Quelques économistes (dont ceux de l’institut Montaigne) reconnaissent que les indicateurs sont au vert.

La France a évidemment d’énormes difficultés, de compétitivité, de temps de travail, d’obésité administrative, d’inefficacité du système de santé et d’éducation. Énorme problème au niveau de l’immigration.

Mais ces problèmes ne se résoudront pas par un coup de baguette magique au niveau du budget ou sur la fiscalité.

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Ces problèmes sont du niveau des structures et de l’investissement.

Les déficits publics et sociaux ne sont pas insurmontables, l’endettement lié au Covid n’est pas ingérable. La France a d’énormes potentialités.

D’abord, l’épargne est considérable, mais c’est une épargne liquide et disponible qui ne sert à rien. Sa seule utilité est de rassurer les épargnants en leur donnant l‘illusion d’une richesse éphémère. Les responsables politiques, eux, considèrent et lorgnent cette épargne captive qui garantit les dettes publiques. 

Ensuite, il faudra évidemment avoir le courage de transformer de la dette d’exploitation en dette d’investissement. Dans la santé, dans l’Education nationale, l’effort ne va pas porter sur les économies à faire mais sur l’efficacité de la dépense.

Enfin, il faut croire dans la capacité du secteur privé à générer de la richesse et laisser vivre les chefs d’entreprise.

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