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La capacité hospitalière : le nerf de la guerre. Quels sont les vrais chiffres de l’hôpital en France ?
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Les besoins pour les hôpitaux

Combien de lits, combien de places de réanimation, bref, combien de malades du coronavirus la France et ses voisins pourrait-elle sauver ? De quoi a besoin l’hôpital ?

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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 Maitriser l’afflux de patients en soins intensifs, c’est ce qui entraine les mesures de confinement exceptionnelles décidées par les gouvernements. Ne pas pouvoir faire face au trop grand nombre de malades nécessitant des places de réanimation et devoir choisir parmi les malades, comme le fait l’Italie, est ce qui effraie le plus. Quel est l’état de la capacité hospitalière en Europe ?

Si les stations de ski ont sifflé aussi rapidement la fin de la saison d’hiver en annonçant leur fermeture dimanche soir, alors que les cohortes de vacanciers venaient d’arriver pour la semaine, ça n’est pas parce que le ski et la neige offriraient un terrain plus favorable au développement du virus, ça n‘est pas non plus parce que l’ambiance des sports d’hiver est plus encline aux rassemblements qu’une soirée sur les Champs-Elysées... La vraie raison, c’est que les régions de montagne, Savoie et Haute-Savoie, ne disposent pas d’un nombre de lits d’hôpital suffisant pour accueillir les malades graves, compte tenu de la prévision d’évolution. Les dirigeants des sociétés de remontées mécaniques en liaison avec les préfets et qui sont responsables de la sécurité du les pistes ne se sentaient pas capables de traiter les malades. Les fractures, oui mais les insuffisances pulmonaires par dizaines, non. La décision a donc été prise dans la foulée de celles annoncées par Edouard Philippe samedi soir. Val d’Isère, Tignes, Courchevel, Avoriaz, Morzine et toutes les autres se sont donc alignées sur les stations de Suisse, d’Italie et d’Autriche qui avaient déjà annoncé leur fermeture.

Un des facteurs qui commande toute la politique à mettre en œuvre pour faire face à cette pandémie est la qualité du service de santé et surtout du nombre de lits d’hôpitaux pour accueillir les urgences.

La France, qui est un des pays les mieux équipés du monde, compte 408 000 lits en tout et pour tout, soit 6 lits pour 100 habitants, dont 260 000 en hôpitaux publics.

Mais parmi ces lits, le nombre d’équipements de réanimation, pour les cas de pneumonie les plus sévères, est bien moins élevé : il y a tout juste un peu plus de 5 300 places de réanimation selon le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Il faudra rajouter les 500 lits de réanimation des cliniques privées qu’elles devront mettre à disposition.

Les lits de réanimation ont la particularité d’être équipés de respirateurs artificiels dont ont besoin les malades les plus gravement atteints. Avec la reconversion de lits, le report de toute autre opération chirurgicale non indispensable et la commande de nouveaux matériels respiratoires, l’offre pourrait être porter à son maximum à 15 000 lits.

Les lits de soins intensifs sont, eux, au nombre de 7 360.

C’est le problème principal qui se pose aux autorités sanitaires de tous les pays. La Chine a très vite compris qu‘elle n‘avait pas les équipements suffisants, d‘où la construction ultrarapide d’installations hospitalières, à la fin du mois de janvier avec des images qui ont impressionné le monde entier mais qui n’ont pas résolu le problème. Il a fallu que la Chine passe au confinement à une échelle gigantesque.  L‘Iran a sombré pour les mêmes raisons et l’Italie a beaucoup souffert de la saturation de ces équipements hospitaliers. Il n’y a guère que la Corée du Sud, Taiwan et Singapour qui ont profité des leçons qu’elles avaient tirées de la dernière épidémie du SRAS. La Corée du Sud, mieux équipée et mieux préparée, avec des opinions publiques plus disciplinées, semble avoir dompté le mal.

Compte tenu de ses équipements, compte tenu des résistances de l’opinion en confinement, la France a fait, comme l’Italie, le choix d’étaler l‘évolution de l‘épidémie. En confinant les populations, on espère retarder l’apparition de malades graves et en masse et ainsi optimiser l‘occupation des chambres d’hôpital. C’est le choix effectué. Il a des chances de réussir si et seulement si l’opinion publique joue le jeu du civisme et applique les mesures strictes en attendant le pic de l’épidémie et le début du reflux. C’est à dire qu’il faudra attendre un mois minimum.

A titre d’illustration, le tableau ci-dessous classe les pays en fonction du nombre de lits d’hôpitaux mobilisables. Trois remarques.

1. Les pays qui s’en sortent le mieux sont les mieux équipés  : Japon et Corée du sud

2.la France est plutôt bien placée, tout juste en dessous de l’Allemagne ou de la Belgique. Mieux placée que le Luxembourg ou la Suisse.

3. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont dans une position très médiocre, au niveau de l’Espagne et beaucoup moins bien que la Chine. On a du mal à imaginer les conséquences sanitaires et sociales que devront supporter les Américains dès que l’épidémie va flamber sur le continent nord-américain.

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