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La BCE met la pression sur la Grèce et s'attribue un rôle politique qu'aucun traité ne lui a jamais accordé
©Reuters

Coup de semonce

Au cours de la soirée du 4 février, la Banque centrale européenne a décidé d’exclure la dette grecque de l’euro système. Désormais, le financement du secteur bancaire du pays ne tient plus qu’à un fil. Le compte à rebours a commencé.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Fini de rire. Depuis la victoire d’Alexis Tsipras et de Syriza lors des élections  du 25 janvier dernier, les dirigeants européens s’étaient  pour le moment contentés de coups de menton. Et les déclarations plus ou moins fracassantes des uns ou des autres se suivaient avec pour seul horizon la préparation de nouvelles négociations, relatives au programme d’austérité appliqué au pays depuis 2010.

Mais le stade des annonces est désormais révolu. L’épreuve de force commence. Le 4 février au soir, et sans aucun signe précurseur, la Banque centrale européenne a décidé d’exclure la dette grecque en tant que collatéral éligible pour les opérations monétaires de l’euro système. En d’autres termes, la dette grecque n’est plus reconnue comme une garantie valable auprès de la BCE, et ce, à partir du 11 février prochain.

Afin de justifier cette décision, la BCE a déclaré "la décision du conseil des gouverneurs est basée sur le fait qu’il est actuellement impossible d’entrevoir une conclusion favorable à la revue du programme et correspond aux règles existantes de l’eurosystème". En réalité, cette décision est purement discrétionnaire puisque les règles sont édictées par la BCE elle-même. Le communiqué en est la preuve, car l’appréciation contenue dans l’expression« impossible d’entrevoir une conclusion favorable »repose sur un critère purement subjectif. Et donc politique.

Mais si cette décision paraît fatale, elle n’est pour le moment qu’un sérieux avertissement. En effet, les quatre grandes banques du pays (Alpha Bank, Piraeus Bank, NBG, Euro bank) ne sont exposées qu’à hauteur de 12 milliards d’euros au titre de la dette du gouvernement grec, sur un total de 56 milliards. Le coup est dur, mais plus symbolique que définitif.

Désormais, afin de se refinancer, le système bancaire grec pourra encore compter sur le ELA (Emergency Liquidity Assistance), sorte de comptoir d’urgence ouvert aux banques en manque de liquidités. Mais la difficulté ici est que la Banque centrale européenne contrôle la totalité des règles permettant d’accéder à ce comptoir. De plus, il a été décidé que le ELA serait ouvert au système bancaire grec jusqu’au 28 février prochain. Le compte à rebours est donc lancé ; il reste une vingtaine de jours pour trouver un accord. Sans cela, la Grèce se trouvera rapidement dans l’obligation de "réimprimer" sa propre monnaie, et donc de sortir de la zone euro.

En réponse à cette annonce de la BCE, le ministère des finances grec publiait un communiqué dans la nuit :

"Cette décision ne reflète en aucun cas des évolutions négatives dans le secteur financier du pays et intervient deux jours après sa stabilisation substantielle. Selon la Banque centrale européenne, le système bancaire grec reste suffisamment capitalisé et entièrement protégé par l'accès à l'ELA" .

"La Banque centrale européenne, en prenant et en annonçant cette décision, met la pression sur l'Euro groupe afin deconclure rapidement  un nouvel accord bénéfique entre la Grèce et ses partenaires. Le gouvernement (…) reste inébranlable dans son objectif d'un programme de salut social approuvé par le vote du peuple grec"

La pression est bien mise sur l’Euro groupe pour trouver un accord, mais la pression repose très fortement sur les épaules du gouvernement grec. L’exclusion de la Grèce de la zone euro n’est plus une hypothèse parmi d’autre, les moteurs de la fusée ont été activés. Loin d’être un acteur simplement "technocratique", la BCE, une nouvelle fois, démontre sa prise de pouvoir politique au sein de la zone euro.

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