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"La 21ème seconde" : Jason Brokerss dégaine sa sulfateuse à “crevards“
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De : Jason Brokerss Mise en scène : Fary Avec : Jason Brokerss

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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THÈME

Jason Brokerss, grand gaillard et sosie du footballeur Nicolas Anelka, monte sur scène pour exposer sa philosophie de la vie, autour de thèmes aussi variés que l’argent (« Tant qu’il a pas “Paiement refusé“, je fonce ! »), ses origines (marocaines) comme celles des autres (ainsi les Algériens, toujours « en colère, mais fièrement ! »), l’éducation des enfants et le mariage, les contrôles de police et le sentiment d’abandon...

Toutes ces questions sont abordées au détour de situations quotidiennes ou plus inattendues : un combat à mains nues sur le point d’être perdu contre Mickey à Disneyland ; une sœur, qui projette de monter un business de passe-passe médical pour couper les files d’attente ; un contrôle au faciès gare du Nord en attendant l’arrivée du Thalys, qui livrent la clef du titre un peu énigmatique du spectacle...

POINTS FORTS

Le One man show obéit à des codes qui, à la longue et s’ils sont suivis paresseusement, engendrent à coup sûr une certaine lassitude : de l’interminable « Comment ça va ? » inaugural, au propos, centré sur le moi et les émois du personnage seul en scène, etc ...

Jason Brokerss parvient à se jouer de ces difficultés, et de bien d’autres : d’abord il suscite spontanément l’empathie ; de plus il est très expressif, dans la gestuelle comme dans les intonations, et sait au besoin parler d’un geste de ses mains ; enfin, c’est un observateur fin et avisé de sa vie et de celles alentour. Il dresse par exemple des typologies et des comparaisons – entre “le pauvre“ et “le crevard“ - qui font mouche et beaucoup rire.

À cela s’ajoute le fait que son spectacle alterne le rire aux éclats et le sourire sans rupture de rythme, et que le comédien n’hésite pas à s’aventurer sur des thématiques sensibles pas forcément en phase avec une bien-pensance ambiante qui, elle, se l’interdirait.

QUELQUES RÉSERVES

Le talon d’Achille de J. Brokerss, c’est sa fille adorée... Non pas en tant que telle bien sûr, mais plutôt dans la manière dont il l’évoque – avec beaucoup moins de distance comique, et sous l’angle archi-rebattu de « mon-Trésor-ma-Princesse », alors qu’il faudrait se jouer aussi d’une convention de sentimentalité hyperbolique, ostentatoire (et donc compensatoire) omniprésente, dans la presse people notamment.

Il se montre en revanche bien plus pertinent et drôle quand il évoque, non sans affection, ses ascendants.

ENCORE UN MOT...

Mine de rien, Jason Brokerss réactualise le sociotype inventé par le regretté Cabu, et son “crevard“ pourrait bien passer à la postérité, et devenir le modèle du Beauf’ du XXIe siècle.

UNE PHRASE

Le pauvre (assis dans le Flixbus-à-9€-le-trajet-Paris-Marseille) : « 9 Euros... ça va...  Il est payé combien le chauffeur ? ... Il est des nôtres, c’est sûr ! »

Sur le mariage : « Le voyage de noces ? Terrible erreur ! C’est trop bien et trop tôt... » et un peu plus loin : « Le mariage, c’est tenir. 35 ans qu’elle me casse les c.... Je reste ! Je veux la voir crever... »

Un membre de Daech terrifié par... le Covid : « Nettoie la Kalach’ avant de me la donner ! Oui, je veux mourir, mais pas de ça !

L'AUTEUR

Jason Brokerss (son nom de scène) est un humoriste, auteur et comédien au parcours singulier : après ses études en école de commerce, et parallèlement à son premier job comme délégué commercial, il intègre le Jamel Comedy Club, d’abord aux sessions ouvertes, avant de rejoindre l’émission éponyme. 

C’est là qu’il élabore et rode son premier spectacle (Je sais ce que j’fais, 2017), qui revient sur sa décision d’abandonner la carrière de cadre commercial qui lui tendait les bras. 21ème seconde, son deuxième spectacle, confirme qu’il est bel et bien perdu pour le management d’entreprise...

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