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L’Europe, petit cap de l’Asie
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Tribune

L’ampleur du succès des mouvements europhobes lors des dernières élections européennes impose un changement de cap. Pierre Haas dans sa tribune explique notamment que l'Europe doit désormais se tourner vers le marché asiatique du fait du basculement des forces en œuvre au niveau planétaire, ne laissant qu’une marge de manœuvre réduite aux Gouvernements des vieux pays.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Sous-jacente, depuis longtemps, la crise politique de l’Europe a éclaté au grand jour, depuis le scrutin européen de fin Mai.

L’ampleur du succès des mouvements europhobes impose la mise en place d’un exécutif à Bruxelles, dont la nouveauté des têtes, l’âge, le dynamisme, et la capacité d’impulser le changement permettra, sans attendre le long trajet d’une modification du Traité de Maastricht, de purifier l’atmosphère délétère entourant, pour les populations des 28 Etats membres, le mode de décision opaque, d’une Commission  à l’autorité contestée.

Ne pas agir de la sorte, à un moment où une occasion de renouveler les équipes dirigeantes européennes ne se représentera plus avant cinq ans, serait ignorer que ce sont les minorités qui déclenchent, le plus souvent, les révolutions et les changements majeurs. 

Ces circonstances commandent à Madame Merkel, à Messieurs Hollande et Cameron de s’entendre pour procéder à des nominations, dans les instances européennes, annonciatrices de leur intention de voir mise en œuvre une adaptation du mode de gestion de la Commission, satisfaisant les attentes des citoyens de la plupart des 28 membres de l’Union, révélées par le scrutin, notamment au niveau du principe de subsidiarité.

Ces trois hauts dirigeants, pour justifier leur initiative aux 25 autres membres de l’Union Européenne, n’auront d’autre choix que de souligner qu’en l’absence d’une entité comparable au Conseil de Sécurité de l’ONU, une action directe, dans l’urgence, est indispensable pour affronter une double menace existentielle pesant sur l’Europe.

L’une, interne, peut être maitrisée, dans l’attente d’une modification du Traité, par un exécutif rénové et rajeuni, cela peut ne pas être le cas si le candidat de Madame Merkel, Monsieur Junker, l’emporte.

L’autre, externe, se rapporte à l’empreinte, laissée au cours des siècles, de la civilisation occidentale universaliste et chrétienne dans son essence, dans des pays devenus indépendants, mais issus, pour la plupart, des anciens Empires coloniaux, en majorité musulmans à l’exception de la Chine et de l’Inde.

L’indépendance acquise par le passage du statut colonial à celui de pays libre, pour près des 3/5 de la population de la planète, n’entama pas, pour autant, la suprématie des nations vecteurs d’une civilisation occidentale dont l’universalisme n’était pas, alors, ouvertement contesté.

L’accès à ces nouveaux marchés, initialement financés en partie par l’aide américaine et celle d’institutions ad hoc, comme la Banque Mondiale, créa un effet d’aubaine pour les exportateurs américains et du Vieux Continent et confirma le rôle du commerce international comme l’un des principaux moteurs de la prospérité économique.

Constat à l’origine de la multiplication des traités de libre échange, voulus par les grandes nations industrielles, comme le moyen de pérenniser les bénéfices sécrétés par le récent essor économique des pays en développement (PVD).

Imbus du sentiment de la supériorité de la civilisation occidentale, fortifiée par sa longue domination de grands segments de la planète, ces accords n’avaient pas pris en compte le fait qu’une ouverture joue dans les deux sens.

C’était sans compter avec les progrès d’une industrialisation dont les débuts, dans les PVD, avaient été lents mais dont l’épanouissement constitue une menace concurrentielle, fondée sur leur capacité de manufacturer des produits dont la valeur ajoutée ne cesse de croitre et de bénéficier de couts salariaux ultra compétitifs dépourvus, dans la plupart des cas, de toutes charges sociales.

Le désir, de ces pays désignés, désormais, comme émergents, de voir leur niveau de vie rivaliser avec le notre est amplifié par leurs sentiments d’avoir été victime d’une civilisation véhiculant des valeurs dont ils ont été empêché, par ses représentants, de bénéficier.

Ce constat, irréfutable, traduit un basculement des forces en œuvre au niveau planétaire, ne laissant qu’une marge de manœuvre réduite aux Gouvernements des vieux pays. 

Cette observation s’applique, singulièrement, à la France, où la victoire du populisme au scrutin européen est celle d’un repli identitaire.

Repli suicidaire, dans un contexte où la survie d’un système économique, créateur de richesses, dépend de l’adaptation de sa compétitivité au climat hyper concurrentiel, régnant au sein d’un écosystème économique mondialisé échappant à toute régulation.

Que cette situation répugne aux Français est un fait aussi incontournable que la reconnaissance de la nécessité de s’insérer dans ce système.

Comment la France va-t-elle y parvenir avec un Président irrésolu, un Premier Ministre, certes dynamique mais sans pouvoir propre et deux partis de Gouvernement en pleines turbulences. 

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