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L'Europe a-t-elle quelque chose à gagner à un accord de libre-échange avec les Etats-Unis ?
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Echanges de bons procédés

Barack Obama a donné mardi le coup d'envoi de négociations entre les Etats-Unis et l'Union européenne, qui pourraient aboutir à la création d'une des principales zones de libre-échange dans le monde.

Michel Fouquin

Michel Fouquin

Michel Fouquin est conseiller au Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII) et professeur d'économie du développement à la faculté de sciences sociales et économiques (FASSE).

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Depuis 2011 les relations entre les Etats-Unis et l'UE sont apaisées et un groupe de travail de haut niveau s’est mis en place, dont on attend le rapport final qui a cependant été retardé à plusieurs reprises. Les Européens ont décidé lors du Conseil européen du 8 février 2013 d’approuver l’ouverture des négociations avec les Etats-Unis « pour un grand marché transatlantique » et attendaient de Barack Obama qu’il s’exprime à ce sujet, ce qui est fait depuis son discours sur l’état de l’Union du 12 février. Concrètement les pourparlers commenceront en juin 2013.

Le plus dur reste à faire. Les tarifs douaniers étant déjà faibles, il ne devrait pas être difficile de les éliminer  pour leur plus grande partie. Reste toutes les questions qui fâchent. Par exemple sur les OGM l’Europe a une position très prudente alors que les Etats-Unis y sont très favorables :

Les européens souhaitent s’assurer que ces produits ne sont pas mauvais pour la santé humaine et pour l’environnement, que l’on affiche clairement leur présence dans les conserves, que l’on mesure leur impact sur les producteurs etc.

D’autres questions pourraient abordées comme par exemple les problèmes d‘optimisation fiscale dont profitent les multinationale américaines (Amazon, Google par exemple)  qui jouent les pays à bas taux contre les autres ou encore la lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux.

Il y aurait aussi sans doute les questions liées aux marchés publics comme on l’ vu lors du marché des avions ravitailleurs remporté dans un premier temps par airbus allié avec un américain qui avait été bloqué par le Congrès américain.

Deux stratégies de négociation sont possibles. Soit on pose des grands principes sur les questions faisant l’objet des négociations et on voit ensuite de matière pragmatique les secteurs où l’on peut progresser, de façon à ce qu’un désaccord sur un sujet particulier ne bloque pas l’ensemble de la négociation. L’autre idée serait de chercher un accord global (un «package») qui équilibrerait les concessions des uns et des autres, qui aurait sans doute la préférence de la France.

Cela promet de longues séances de négociations, mais il faut aussi se demander si l’Europe n’a pas intérêt à obtenir un accord. On a vu en effet que Barak Obama avait choisi d’infléchir ses priorités stratégiques en faveur de l’Asie où la montée en puissance de la Chine inquiète.  Face à ce risque de désintérêt relatif l’Europe peut chercher à renforcer ses liens avec les Etats-Unis dans un domaine où elle est encore une superpuissance.

Si on laisse de coté les questions de sécurité, qui ont été et qui demeurent des domaines où la solidarité se prouve et s’éprouve presque chaque jour (on se souvient de l’intervention en Irak), c’est  dans le domaine économique que les relations entre l'UE et les Etats-Unis sont les plus intenses du monde. Et cela reste vrai  malgré l’émergence des grands pays du Sud (ainsi les Etats-Unis investissent-t-ils cinq fois plus en Europe qu’en Chine et la France y précède encore la Chine).

Il est étrange que des pays aussi proches sur les grands principes économiques que les Etats-Unis et l’Europe et qui de fait sont parmi les économies les plus ouvertes au monde, ne soient pas encore parvenus à un accord économique global, alors que chacun de son coté multiplie les accords commerciaux bilatéraux : avec les pays d’Asie, du Sud de la Méditerranée, de l’Amérique latine, et du Pacifique etc. Etats-Unis et Europe rivalisent à qui signera le plus d’accords dits de libre–échange.

C’est le premier paradoxe, le second paradoxe tient à l’intensité des conflits qui émergent entre les deux superpuissances. Les cycles de négociations commerciales qui ont précédés la création de l’OMC ne pouvaient aboutir que lorsque les Etats-Unis et l’Europe parvenaient à se mettre d’accord, et c’était à chaque fois des accords obtenus à l’arraché, comme on l’a vu en 1992 lors de l’accord dit de « Blair House » sur l’agriculture qui avait permis de mettre un terme positif à 7 années de négociations dans le cadre de l’Uruguay Round.

Que ce soient les conflits aéronautiques Boeing-Airbus, les conflits sur les OGM ou ceux qui concernent les traitements de la viande de bœuf  et de la volaille par exemple,  à chaque fois ces conflits font  la une des journaux. La raison en est simple: le marché européen est le plus grand marché du monde suivi par celui des Etats-Unis, dès lors tout conflit entre les deux partenaires correspond à un volume d’échange très élevé, même si cela ne concerne qu’une question apparemment mineure au niveau des nations, pour les secteurs concernés c’est souvent une question vitale.

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