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L'Europe a diminué sa consommation d'énergie ces derniers mois, et notamment pour le gaz.
L'Europe a diminué sa consommation d'énergie ces derniers mois, et notamment pour le gaz.
©ERIC PIERMONT / AFP

Effet durable ou pas

L'Europe a drastiquement réduit sa consommation d'énergie cet hiver. La demande de gaz de début décembre 2022 à fin février 2023 a été inférieure de 16 % à la moyenne de cette période entre 2019 et 2021, selon des informations de The Economist.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Que nous apprend le modèle de The Economist sur les économies d’énergie réalisées par les ménages européens, en matière de gaz notamment ?

Damien Ernst : Cet article essaie de quantifier ce qui a provoqué la réduction de la consommation de gaz en Europe et tire des conclusions assez intéressantes. Sur une réduction de la consommation de 14%, on apprend que 12% est due aux efforts faits par les ménages, alors que seulement 2% de la réduction est due à cette variable exogène qu’est le climat. Grâce à ces chiffres, on réalise que la météo n’a pas eu un impact vraiment majeur sur la baisse de la consommation, contrairement à ce qu’on a beaucoup répété cet hiver. En réalité, d’autres mécanismes entrent en jeu, notamment le comportement des consommateurs face aux variations de prix. D’ailleurs, contrairement à ce qui a été beaucoup répété, il n’a pas fait si chaud que ça cet hiver, mis à part les mois de novembre ou de janvier.  

Cette réduction de la consommation de gaz est plutôt due à une action volontaire ou forcée ?

Sur les 12% de baisse imputable aux actions des citoyens, on se rend compte que les gouvernements n’ont pas fait grand-chose. En fait, ils ont simplement donné certaines consignes en matière de chauffage, comme des arrêts à certains moments, ou ne pas régler une température supérieure à 19 degrés… Mais ces instructions des États ont eu un impact marginal. 

En revanche, ce qui a très bien fonctionné - et qui est en grande partie responsable de la baisse de la consommation - c’est l’impact des prix. En effet, les prix élevés du gaz ont provoqué une diminution de la consommation, dans tous les domaines. Les ménages ont eu aussi recours à des mécanismes de substitution, c’est à dire qu’ils ont davantage utilisé le chauffage au fioul, au charbon, au feu de bois … De leur côté, certaines entreprises ont utilisé des dérivés du pétrole en remplacement du gaz, ou des groupes électrogènes fonctionnant au diesel, par exemple.  

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Quelles conclusions tirer de ces données ? Pour le futur notamment ?

On a eu beaucoup trop tendance à penser qu’on avait eu de la chance avec un hiver doux, mais ce n’est pas le cas. Ce sont les signaux/prix élevés qui ont tué la demande pour le gaz. Ce qu’il est intéressant de retenir, c’est qu’il y a toujours un risque, si les prix redescendent, que la consommation augmente significativement et que d’autres problèmes se créent dans le futur. D’ailleurs, c’est déjà un peu ce qu’on a vu : quand le MWh est descendu sous la barre des 40 euros, la consommation de gaz a été relancée. En somme, si les prix élevés ont tué la consommation, il est fort probable que des prix trop bas puissent provoquer une nouvelle augmentation de la demande, et les marchés pourraient chercher un nouveau point d’équilibre. Pour cette raison, je pense que les prix ne peuvent pas descendre davantage, car une augmentation de la demande va de pair avec une augmentation des prix. 

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