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L’étrange jeu de dupes Hollande-Valls.
L’étrange jeu de dupes Hollande-Valls.
©Reuters

Duo

Le Premier ministre, très investi lors des départementales, n'hésite pas à se mettre au maximum en avant en s'imposant comme une figure d'autorité. Le président, pendant ce temps, laisse faire son chef de gouvernement sans sourciller. Une stratégie qui profite aux deux... mais pas pour les mêmes raisons.

Thomas Legrand

Thomas Legrand

Thomas Legrand est éditorialiste politique sur France Inter.

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Atlantico : Au soir de la lourde défaite de la gauche aux élections départementales, à propos du message envoyé par les Français par le biais des urnes, Manuel Valls déclarait : "J'ai entendu ce message, leur exigence de résultats concrets. Mon gouvernement continuera d'y répondre sans relâche". N'est-ce pas là l'expression d'un Premier ministre qui veut être président à la place d'un président ?

Thomas Legrand : Je pense Manuel Valls est de par les institutions chef de la majorité. Il savait que le résultat de ces élections tourneraient autour de thématiques nationales, du fait du contexte, et d'un redécoupage territorial qui empêchait de bien identifier les sortants. Manuel Valls s'est beaucoup investi pour dramatiser la situation face au Front national. Et il a plutôt réussi puisque l'on s'attendait à une "grosse débâcle", on a plutôt eu une "grosse défaite". Il a donc un peu sauvé les meubles, et a mobilisé quelques électeurs de gauche qui ne seraient pas allé voter. Il a donc ramener à lui les modestes résultats que cette stratégie a pu avoir. Je ne pense pas qu'il a cherché à acquérir une dimension présidentielle, il a agi selon sa nature.  

Qu'est-ce que cela dit de sa stratégie ? Que cherche-t-il ? Que peut-il réellement en espérer ?

Il y a visiblement un besoin d'autrorité. Manuel Valls essaie de l'incarner. Le problème, c'est que de l'autorité sans résultats, c'est ce qui a perdu Nicolas Sarkozy en 2012... Cela ne suffit pas en effet à inverser les effets du déficit qui se creuse et du chômage qui augmente. Cela risque d'être la même chose pour Manuel Valls eu égard de l'absence de résultats pour le moment. Il y a eu une impuissance politique manifeste à réformer vraiment, à aller au bout des changeme,nts nécessaires, donc pour pallier cette impression d'impuissance, la tentation c'est de surjouer le volontarisme. Et cela marche de moins en moins... Mais c'est une attitude qui colle aussi à la persoànnalité de Manuel Valls, ou de Nicolas Sarkozy à son époque.

François Hollande lui a laissé jusqu'à maintenant le chemin libre. Pourquoi lui laisser une telle liberté ? A-t-il vraiment à y gagner ?

Le Président ne va pas s'investir dans les élections départementales. Il est au-dessus d'un scrutin local où il n'y a que des coups à prendre. C'est au chef de la majorité de les encaisser. Et d'ailleurs Manuel Valls a perdu 10 points dans les sondages quand François Hollande n'en a perdu que 3. Si quelqu'un est là pour être "usée, c'est bien le Premier ministre. Le Président ne fait que profiter de sa position arbitrale moins exposée que lui permettent les institutions. Le Premier ministre est le chef de la majorité alors que le Président est celui de tous les Francais. Je ne crois par contre à l'idée d'un "lessivage" de Manuel Valls pour 2017. Soit ils réussissent ensemble, soit ils perdent tous les deux, mais leurs destins politiques sont trop liés dans le contexte actuel.

Manuel Valls s'est énormément investi dans la campagne pour les départementales, qui s'est soldée sur un échec cuisant. Qu'est-ce que cela peut changer dans le rapport au pouvoir des deux têtes de l'exécutif ?

Je crois que ce qui pourrait altérer leur rapport, c'est s'il y avait une différence, par exemple si François Hollande voulait mettre un peu d'eau dans le vin de la réforme en rompant avec la cohérence de l'action gouvernementale qui existe depuis le départ d'Arnaud Montebourg, qui entretenait une ambiguité donnant l'impression d'une base plus large dans la majorité. Le choix de Manuel Valls a été celui de la cohérence, mais cela n'a pas changé les résultats aux élections. Et ils vont sans doute rester dans le courant de la politique menée depouis janvier 2014. Et si par goût de la synthèse, François Hollande voulait ouvrir un peu plus le gouvernement, il pourrait effectivement y avoir des dissensions. Mais pour l'instant rien ne dit que François Hollande et Manuel Valls aient une vision différente, bien qu'ils aient effectivement un caractère différent.

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