L’énigme des allergies qui se développent chez certains à l’âge adulte <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
De plus en plus d’individus deviennent subitement allergiques à l’âge adulte.
De plus en plus d’individus deviennent subitement allergiques à l’âge adulte.
©Philippe HUGUEN / AFP

Symptômes

Les scientifiques travaillent sur le sujet mais n’arrivent pas encore à percer tous les mystères.

Dr Sophie Silcret-Grieu

Dr Sophie Silcret-Grieu

Le Dr Sophie Silcret-Grieu est allergologue à l'Hôpital Trousseau - Centre de l'asthme et des allergies, à Paris. 

Voir la bio »

Atlantico : Allergie au soleil, aux chats, aux crèmes de beauté, à certains aliments … De plus en plus d’individus deviennent subitement allergiques, du jour au lendemain, à l’âge adulte. Comment l’expliquer ? 

Sophie Silcret-Grieu : En réalité, on ne devient pas allergique du jour au lendemain, puisque ce processus a lieu en trois temps. Le premier temps est celui de la sensibilisation. On rencontre un allergène, que ce soit un aliment, un poil de chat, du pollen… Il ne se passera rien, mais si on est génétiquement prédisposé, l’organisme va commencer à fabriquer des anticorps, comme s’il s’agissait de quelque chose de dangereux. Pendant ce temps, les anticorps ne sont pas encore opérationnels, c’est la phase dite de sensibilisation. Enfin, un beau jour, après avoir été en contact avec une plus grande quantité d’allergènes ou parce que notre système immunitaire est plus réactif, les anticorps entrent en action et déclenchent une réaction de défense. C’est ce qui explique pourquoi certaines personnes peuvent se retrouver positifs aux poils de chats lors d’un test, alors qu’elles en possèdent et ne font pas de réactions allergiques. En réalité, les anticorps sont déjà bien présents : c’est la différence entre être sensibilisé - lorsqu’il n’y a pas de symptômes - et allergique. Ainsi, on peut donc posséder un chat pendant 10 ans et y devenir allergique. Les symptômes apparaissent un beau jour mais pas l’allergie en elle-même. 

Ces symptômes qui apparaissent du jour au lendemain peuvent-ils également disparaître du jour au lendemain ? 

Certaines allergies disparaissent plus que d’autres. C’est le cas des allergies alimentaires qui peuvent souvent disparaître toutes seules. D’autres, au contraire, sont plus persistantes. D’une manière générale, les manifestations allergiques sont variables au cours de la vie et peuvent être plus sévères à certains moments précis. Cela s’explique notamment par la quantité d’allergènes, bien sûr, mais aussi parce que l’organisme est plus sensible à certains moments de la vie. Ainsi, chez les femmes, la période de grossesse ou post-accouchement est souvent plus problématique. Aussi, on dit souvent que l’allergie disparaît à l’âge adulte mais ce n’est pas toujours vrai. Les connaissances en allergologie ne sont pas figées, certains symptômes peuvent s’arranger, s’aggraver, disparaître ou revenir sans que les raisons ne soient vraiment connues. 

Qu’est-il possible de faire pour réduire les risques ou les réactions à ces allergies ? Y-a-t-il des bons réflexes à adopter ? Quid des traitements médicamenteux ? 

Il n’est pas possible de donner des règles générales au vu de la variété d’allergies existante. Par exemple, si vous êtes allergique à la noix de cajou, il faut absolument éviter d’en consommer, même en petites quantités. À l’inverse, si vous êtes légèrement allergique à certains fruits, il est recommandé d’en consommer à petites doses. Il faut retenir qu’il existe trois leviers d’actions sur les allergies. Le premier consiste à essayer de limiter les allergènes, que ce soit pour les aliments ou pour les allergies respiratoires. Pour cela, on peut essayer d’aérer à certains moments de la journée, mettre des housses anti-acariens … Ensuite, certains médicaments peuvent avoir une action sur les symptômes, comme les antihistaminiques ou les corticoïdes. Enfin, le dernier niveau d’action est la désensibilisation, qui consiste à apprendre au système immunitaire à tolérer ce qu’il ne tolérait plus, en administrant de petites doses répétés progressivement pendant plusieurs mois ou années. 

Bien entendu, il existe des co-facteurs qui aggravent les allergies. C’est le cas du tabagisme pour les allergies respiratoires. Ainsi, fumer peut aggraver certaines allergies au pollen ou aux composés organiques volatils présents dans les huiles essentielles ou les parfums d’intérieur. On pense aussi que le manque de vitamine D et le stress peuvent amplifier certains symptômes. Dans ces cas précis, il vaut mieux prévenir que guérir.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !