L’avion condamné avec le pétrole ? Voilà pourquoi Jean-Marc Jancovici a tort<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Environnement
Des avions Air France sur le site d'un aéroport français.
Des avions Air France sur le site d'un aéroport français.
©THOMAS SAMSON / AFP

Innovation

Jean-Marc Jancovici, ingénieur et président du think tank The Shift Project, s'est confié sur France Inter sur l'impact environnemental des avions et a déploré l'absence de solutions techniques pour échapper au pétrole.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

Voir la bio »

Atlantico : Jean-Marc Jancovici a déclaré sur France Inter que l’avion était né avec le pétrole, qu’il allait mourir avec le pétrole et qu’il n’y avait pas de solution technique viable à l’échelle qui existaient pour le remplacer. Est-ce vrai ou faux ?

Damien Ernst : C’est tout à fait faux. L’avion, c’est un objet qui vole et qui a besoin d’énergie pour cela. La majorité des avions utilise du kérosène comme énergie. Ce dernier est fabriqué à partir de pétrole. Mais on peut tout à fait fabriquer le kérosène à partir d’autres sources d'énergie, notamment la réaction de Fischer-Tropsch, qui permet d’utiliser du charbon pour faire du pétrole. Et du charbon il y en a énormément ! L’Allemagne Nazie a utilisé ce procédé là pendant la guerre. L’Afrique du Sud l’a fait ensuite. Mais on sait aussi, maintenant, faire du kérosène à partir d’électricité. Avec l’électricité, on peut faire une électrolyse de l’eau pour synthétiser de l’hydrogène, capturer du CO2 dans l’atmosphère et avec une variante du procédé Fischer-Tropsch initial, produire toutes les chaînes hydrocarbonées nécessaires au kérosène. On peut donc imaginer faire du kérosène avec du nucléaire ou des énergies renouvelables (éolien ou photovoltaïque). Nous étudions la possibilité de faire cela à partir d’énergies renouvelables collectées là où elles sont en abondance : des endroits avec beaucoup de soleil ou beaucoup de vent qu’on appelle des hub d’énergies renouvelables. J'ai fait les calculs. Sur les îles Kerguelen, la France peut générer bien plus de volumes en kérosène synthétique que ce que la France consomme ! Un des meilleurs potentiels éoliens on-shore de la planète ! Donc Jean-Marc Jancovici se plante complètement par manque d'ambition technologique !

À Lire Aussi

L’industrie européenne face au mur du coût de l’énergie

Tous les avions doivent-ils forcément fonctionner au kérosène ?

Non, les avions à hydrogène se développent de plus en plus, même s’il n’y a pas encore d’avions commerciaux. De même, les avions à batteries se développent de plus en plus. Pour les vols de moins de 1000km ce sont sans doute ces avions qui seront bientôt privilégiés. Donc ce que dit Jancovici est naïf. Et cela devient très problématique qu’il dise ce genre de choses à des heures de grande écoute sur une radio très écoutée. Et en plus d’être naïf, c’est liberticide, et cela n’a pas lieu d’être. Les avions à batterie sont déjà en opération. Les premiers modèles commerciaux commencent à sortir. Evidemment, ils ne pourront pas faire des vols intercontinentaux à cause du poids des batteries, mais pourront faire des vols intérieurs sans problème et avec moins d'énergie qu'un  avion classique, vu l'efficacité des moteurs électriques.

Est-ce qu’on à les moyens de développer une flotte à batterie ? Et au kérosène synthétique ?

L’avantage du kérosène synthétique c’est que, justement, il ne demande pas de changer de flotte. Il suffit juste de changer l’origine du kérosène. Le kérosène synthétique reste néanmoins plus cher que le kérosène classique, en tout cas jusqu’à 150$ le baril. Mais avec la baisse du prix des énergies renouvelables, le prix du synthétique est aussi amené à baisser. On s'attend aussi à de fortes économies d’échelle une fois la production de ce dernier réalisée en masse. La technologie existe, il ne manque qu’un coup de pouce du législateur pour pousser cette filière qui, soulignons le, est neutre en émissions de CO2 si ce kérosène synthétique est fabriqué à partir d'énergie renouvelable.

À Lire Aussi

Morts du froid : les coûts élevés de l’énergie pourraient faire plus de victimes en Europe que la guerre en Ukraine cet hiver

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !