L’anxiété du menu frappe de plus en plus les moins de 25 ans<!-- --> | Atlantico.fr
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La génération Z a une toute autre façon de considérer son alimentation que les précédentes.
La génération Z a une toute autre façon de considérer son alimentation que les précédentes.
©MIGUEL MEDINA / AFP

À table !

Il est bien certain qu’une ou deux mauvaises expériences au restaurant pourra détourner le sujet de ces lieux, pourtant essentiels au partage, à la convivialité et à la sociabilité.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

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Atlantico : La génération Z souffrirait d'une "angoisse du menu" et certains jeunes auraient peur de commander leur propre nourriture au restaurant, selon une étude réalisée par le restaurant italien Prezzo. Comment se développe cette angoisse ? Pourquoi ?

Béatrice de Reynal : Ces données proviennent d’une étude pratique au Royaume Uni diligentée auprès de la génération Z. Mais elle aurait probablement donné des résultats similaires que la génération précédente qui n’est plus familière des dénominations classiques ou modernes des chefs, toujours en mal d’originalité.

Il est vrai que la pression du serveur pressé qui vous saute dessus, l’incompréhension devant des termes culinaires ou plus ou moins gastronomiques finalement peu évocateurs (« Capri » ou « à la Bourguignone » ou encore « façon chasseur ») conduisent parfois à un choix qui ne correspond pas du tout à nos goûts. Des câpres ou des anchois qui s’y cachent, trop d’oignon ou de la coriandre que vous détestez… mais pourquoi n’avoir pas su poser des questions au serveur ?

L’anxiété de paraître niais ? La peur de déranger ? La crainte de ne pas savoir dire « non » : c’est un peu tout ça. Cette angoisse ne relève pas d’une pathologie psychologique. Je rappelle que les troubles anxieux se manifestent par des symptômes multiples et très variés tant psychologiques que physiques. Le diagnostic d'anxiété généralisée, de phobie, de trouble panique, de TOC ou d'état de stress post traumatique est fait par le médecin qui évalue le retentissement de l'anxiété sur la vie quotidienne de la personne.

En revanche, une « émotion anxieuse » peut être intense dans une situation particulière, et peut se développer dans une appréhension douloureuse et angoissante. La personne souffre d'inquiétudes et de ruminations diverses pour cette dépense d’argent ou pour ces petites choses matérielles et élabore des représentations menaçantes.

Non, ici, il s’agit bien d’inquiétudes « que va-t-il m’arriver si je n’aime pas mon plat ? » , de pensées de vulnérabilité « je ne pourrai pas supporter de payer pour ne rien manger... » ou de doutes « ai-je bien fait d’accepter ce repas, ce restaurant ? ».

Dans quelle mesure l’éco-anxiété de cette génération influe sur leurs choix de nourriture au restaurant ?

 Il est bien certain qu’une ou deux mauvaises expériences au restaurant pourra détourner le sujet de ces lieux, pourtant essentiels au partage, à la convivialité et à la sociabilité. C’est là le risque, que l’on peut détourner en choisissant en préalable son menu sur le site du restaurant, où on peut visualiser les plats et leurs dénominations. Faire deux choix en amont est la meilleure façon d’avoir un plat adapté à ses goûts, si l’un d’eux n’était plus disponible.

Que privilégie cette génération en matière de nourriture ?

La génération Z a une toute autre façon de considérer son alimentation que les précédentes. La joie de l’expérience nouvelle, le goût pour les produits innovants domine. Mais avec eux, des prix souvent élevés (un bubble tea à 8 € !), et des goûts parfois déceptifs ou même ratés. A eux d’être décontractés par rapport à des choix un peu à l’aveugle, en les considérant non plus comme une nourriture essentielle (mon repas !) mais vraiment comme un loisir de découverte voire même, d’aventure !

Quel serait le meilleur choix possible, si on pouvait en déterminer un ?

Le meilleur choix est d’anticiper la sortie. On choisit en préalable, il existe toutes sortes d’applications qui guident vers les bons prix, les spécialités, les originalités et les proximités également. Aux USA, en Asie, le menu propose des photos des plats : on peut alors vérifier que les éléments qui les composent nous conviennent bien. Mais le plus simple est aussi … de poser des questions, d’échanger avec les serveurs qui apprécieront d’avoir l’occasion de valoriser leurs services, dans l’espoir d’un sourire et d’un meilleur pourboire.

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