L’alcool au coeur des mystères de l’évolution : nos ancêtres savaient métaboliser l’ethanol des millions d’années avant les premières méthodes humaines de fermentation des fruits<!-- --> | Atlantico.fr
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Les singes ont appris à métaboliser de l'alcool il y a 10 millions d'années.
Les singes ont appris à métaboliser de l'alcool il y a 10 millions d'années.
©Flickr/Derek Keats

Evolution

Si l'on en croit une étude publiée lundi 1er décembre par des chercheurs de l'Académie Nationale des Sciences des Etats-Unis, les premiers hominidés consommaient déjà de l'alcool en ingérant des fruits pourris.

L'être humain et l'alcool : une longue histoire d'amour qui remonte à pas moins de 10 millions d'années ! Si l'on en croit une étude publiée lundi 1er décembre par des chercheurs de l'Acadamie Nationale des Sciences des Etats-Unis, les premiers hominidés consommaient déjà de l'alcool. "Nous voulions en savoir plus à propos de les conditions humaines moderne grâce à l'alcool", explique Matthew Carrigan, un anthropologiste du College de Santa Fe, à Gainesville, en Floride, co-auteur de l'étude.

Afin de déterminer quand notre capacité à digérer l'alcool s'est développée, les chercheurs ont modélisé l'enzyme ADH4, un composé de l'appareil digestif permettant la métabolisation de l'éthanol. Ils ont constaté que l'enzyme avait soudainement muté, quand nos ancêtres, gorilles et chimpanzés, ont modifié leurs styles de vie, passant des arbres à la terre ferme.

Quand la nourriture se faisait rare, les chimpanzés consommaient des fruits pourris. Le phénomène de fermentation produisait de l'alcool. "Nous pensons que l'éthanol était un deuxième choix", souligne Matthew Carrigan. "Si les ancêtres des humains, gorilles ou chimpanzés, avaient eu le choix entre des fruits pourris et des fruits normaux, ils auraient choisis les fruits normaux", poursuit-il, ajoutant : "Si vous étiez l'ancêtre sans cette nouvelle mutation d'ADH4, l'éthanol s'accumulerait rapidement dans votre sang et vous seriez saoul bien plus vite". Après mutation, l'enzyme aurait gagné 40 fois en efficacité... 

Selon Matthew Carrigan, cette découverte explique en partie pourquoi les cerveaux humains ont évolué en associant la consommation d'alcool au plaisir. Car l'éthanol représentait une ressource alimentaire nécessaire pour la survie. "Ce n'est pas très différent des addictions que certaines personnes présentent avec la nourriture",déclare Matthew Carrigan, cité par ScienceMag. "A la bonne dose, quand vous n'aviez pas d'alcool ou de bonbon à chaque coin de rue, il était difficile de consommer trop de ce genre de choses, donc quand vous en trouviez, vous vouliez être programmé à en consommer trop".

Aussi, à cette époque, l'éthanol était perçu comme une bonne chose. Malheureusement (ou pas), aujourd'hui, les choses ont changé. "Notre attraction contemporaine pour l’éthanol est une "gueule de bois évolutive" qui a cessé d’être bénéfique une fois que cette attraction s’est redirigée vers les boissons à haute teneur en éthanol", conclut le chercheur.

Si cette étude nous en apprend beaucoup sur l'origine de la digestion humaine de l'alcool, son utilisation chez les hommes préhistoriques avait déjà été identifiée. En effet, en mai  2014, une étude du professeur d’archéologie de l’université de Valladolid, Elisa Guerra-Doce, publiée dans le Journal of Archaeological Method and Theory, s'appuyait déjà sur des traces de bière découvertes dans divers céramiques de la péninsule ibérique, comme le rappelle Maxi Sciences.

Selon Elisa Guerra-Doce, l'alcool était surtout réservé à des cérémonies et des rituels occasionnels et bien encadrés. Le but était d'entrer en transe afin de contacter le monde spirituel. "Loin d’être consommées dans un but hédoniste, les plantes psychoactives et les boissons alcoolisées avaient un rôle sacré dans les sociétés préhistoriques… Il n’est pas surprenant de voir que la plupart des traces matérielles proviennent de tombes d’élites et de sites cérémoniels réservés, ce qui indique la possibilité que la consommation de produits psychoactifs était socialement contrôlée en Europe préhistorique", avait expliqué la scientifique à Red Orbit.

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