Kabila, le prochain Compaoré ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Kabila semble vouloir s'accrocher au pouvoir.
Kabila semble vouloir s'accrocher au pouvoir.
©Reuters

Bis repetita ?

En République Démocratique du Congo (RDC), Kabila semble vouloir s'accrocher au pouvoir, malgré une constitution limitant le nombre de mandats et stipulant que cette disposition "ne peut faire l'objet d'aucune révision constitutionnelle". Ignorant les aspirations africaines à plus de démocraties, le président congolais n'hésite pas à faire un pas de plus vers l'autocratie.

Michel  Taube

Michel Taube

Michel Taube a fondé l'association Ensemble contre la peine de mort en 2000. Il est le fondateur du nouveau site d'information Opinion Internationale.

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Dans les 18 prochains mois, quelques-uns des plus grands chefs d’Etat africains (Pierre Nkurunziza au Burundi, Denis Sassou-Ngouesso au Congo Brazzaville…) seront face à leur destin : leur Constitution, qui fixe un nombre-limite de deux mandats présidentiels, leur commande de partir. Seront-ils, en se retirant, des sages africains qui accompagnent le réveil de l’Afrique, encensé et annoncé par tous les observateurs ? Ou seront-ils, comme de vieux lions ou éléphants africains, les fossoyeurs de leurs démocraties naissantes ?

En République Démocratique du Congo, puissance régionale qui suscite toutes les convoitises (pour ses immenses ressources naturelles) et toutes les inquiétudes (dans un pays de 77 millions d’habitants avec des foyers de violence interne et des relations de voisinage troubles), le président Joseph Kabila semble avoir fait son choix : s’imposer à son peuple (et à la communauté internationale !) en modifiant la Constitution de 2006 (la sienne pourtant !), en muselant l’opposition politique, en se faisant réélire président de la République en novembre 2016 quitte à enflammer le pays et la région !

Après avoir succédé à son père en 2001, après avoir été réélu dans des conditions contestées en 2006 et en 2011, Kabila se prépare manifestement à rempiler pour un quatrième tour !

Etape numéro 1 : violer la loi et la Constitution. En janvier dernier, Kabila a tenté de modifier la loi électorale avec un article stipulant que les élections ne pourraient se tenir qu’après la fin du prochain recensement, lequel n’a même pas commencé dans cet immense pays. Des manifestations ont été sévèrement réprimées, l’armée tirant à balles réelles dans la foule et causant 42 morts, selon la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Quand donc Kabila s’attaquera-t-il à la Constitution qui stipule que « le nombre et la durée des mandats du président de la République [cinq ans, renouvelable une seule fois, NDRL] ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle » ?

Etape numéro 2 : museler ses opposants. Fin juin, le président Kabila a demandé au procureur de la République de mener une enquête contre le blanchiment d'argent et la corruption qui vise de nombreux opposants politiques et surtout les plus prometteurs d’entre eux. D’autres manœuvres, plus violentes, sont attendues.

Kabila n’a-t-il pas compris que l’Afrique a changé ? Que les peuples africains sont mûrs pour les transitions démocratiques. Mûrs parce que la jeunesse africaine n’accepte plus ces potentats. Qui aurait imaginé en octobre dernier que Blaise Compaoré serait balayé en quelques jours hors du Burkina Faso par une jeunesse soulevée et soutenue par une frange courageuse de l’armée ? Des « balais citoyens », des « Y’en a marre » sénégalais traversent aujourd’hui l’Afrique. Kabila et la RDC n’y échapperont pas : les mouvements « Lucha » à Goma ou « Filimbi » (Coup de sifflet en langue swahili) mobilisent en profondeur.

Mûrs ensuite car la RDC compte de nombreux leaders qui ont prouvé leur compétence. L’après-Kabila est annoncé ! Des Moïse Katumbi Chapwe, talentueux gouverneur du Katanga qui peut se prévaloir d’un bilan économique et d’un programme éducatif reconnus, sont près à gouverner cet immense pays et à lui donner un souffle nouveau.

On comprend aujourd’hui pourquoi François Hollande avait « snobé » son homologue Kabila lors du XIVème Sommet de la Francophonie en octobre 2012. Le président Kabila ferait mieux de s’inspirer du Nigéria qui a su récemment organiser sa transition démocratique avec des élections sincères et transparentes. C’est une condition absolue pour que le pouvoir s’occupe enfin des vrais dossiers. La RDC a un cruel besoin de sang neuf à sa tête.

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