Joe Biden, héritier non avoué de la politique de Donald Trump au Moyen-Orient<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président américain Joe Biden descend d'Air Force One après son atterrissage à l'aéroport Ben Gurion de Lod, près de Tel Aviv, le 13 juillet 2022
Le président américain Joe Biden descend d'Air Force One après son atterrissage à l'aéroport Ben Gurion de Lod, près de Tel Aviv, le 13 juillet 2022
©MANDEL NGAN / AFP

Héritage trumpien

Consolider une paix fragile, poursuivre la normalisation des relations d'Israël avec ses voisins, écarter les menaces iraniennes... Au Moyen-Orient, Joe Biden entame une tournée de tous les dangers sur les traces de son prédécesseur, Donald Trump

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Atlantico : Mercredi 13 juillet, Joe Biden a entamé sa première tournée au Moyen-Orient en posant le pied en Israël. Durant ce déplacement, les défis qui l’attendent seront multiples, notamment face aux avancées de son prédécesseur. La Maison Blanche est critique des accords d’Abraham et de la stratégie de Donald Trump, mais Joe Biden peut-il faire autre chose que de s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur ?

Dov Zerah : Dès son arrivée, Joe BIDEN a repris les discussions avec les Iraniens pour fermer la parenthèse de Donald TRUMP. Dix-huit mois plus tard, le succès n’est pas au rendez-vous à cause des prétentions iraniennes. Aujourd’hui, le Président américain considère qu’il appartient maintenant aux Iraniens de se décider.

La vitalité des Accords d’Abraham empêchera toute tentative de remise en cause.

Quelle que soit la capacité de la diplomatie américaine d’effectuer des virages à 180°, Joe BIDEN aura du mal à ne pas s’inscrire dans une forme de continuité de son prédécesseur, au bémol près de la forme.

Peut-il vraiment commencer un nouveau positionnement américain dans la région ? A quel point l’héritage de Trump va-t-il peser ?

Joe BIDEN ne remettra pas en cause le désengagement américain de la péninsule arabique, car il a été engagé par Barack OBAMA et poursuivi par Donald TRUMP. Aucune raison ne justifierait une tentative de fragilisation des Accords d’Abraham car ils correspondent à la volonté des Parties à continuer à coopérer ensemble. En revanche, Joe BIDEN sera plus à l’écoute des Palestiniens et évitera certaines décisions par trop discriminatoires.

L’invasion poutinienne de l’Ukraine a fait resurgir les fantômes de la guerre froide. Joe BIDEN se doit de renforcer les liens de tous les alliés occidentaux au Proche Orient, et d’impliquer l’Arabie saoudite.

Sans revenir sur le désengagement, soutiendra-t-il le projet d’une organisation de défense collective se substituant au parapluie américain et incluant Israël ? En a-t-il la volonté, la force ?

En se basant sur l’allié Israélien et en dialoguant avec les pays arabes dans une promesse de rapprochement avec ses difficiles alliés, Joe BIDEN reprend-il les recettes de Donald TRUMP ?

Joe BIDEN s’inscrit dans la diplomatie américaine d’honnête « brooker » entre Israéliens et Arabes. Il n’est pas dans son tempérament d’utiliser les méthodes disruptives de Donald TRUMP. N’oublions pas que ce dernier n’a pas hésité :

  • À reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et à y transférer l’ambassade

  • À reconnaître la souveraineté israélienne sur le Golan

  • À mettre dans la corbeille du mariage entre l’État juif et les Émirats arabes unis des F35, malgré les appréhensions israéliennes

  • À reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental pour inciter le Royaume chérifien à rejoindre les Accords d’Abraham

L’actuel locataire de la Maison blanche est dans une approche plus classique, plus traditionnelle. Il essaye de gérer les contraintes et crises ; il n’est pas homme à faire bouger les lignes.

Joe BIDEN souhaite que Riyad augmente sa production de pétrole et dialogue ainsi avec MBS reniant sa promesse de le traiter de « paria ». Joe BIDEN peut-il arriver à un compromis avec l’Arabie Saoudite sans pour autant renier ses positions passées ?

Joe BIDEN devra rester silencieux sur certains sujets, et plus particulièrement sur les conditions de l’assassinat du journaliste américano-saoudien en octobre 2018, Jamal KHASHOGGI, dans un consulat saoudien en Turquie. Le Président américain a besoin d’arrondir les angles avec les autorités saoudiennes pour au moins trois raisons :

  • Obtenir l’augmentation de la production pétrolière de l’OPEP pour faire baisser les prix. L’Oncle Sam a besoin de prix élevés pour rentabiliser l’exploitation des gaz de schiste, mais il ne faut pas que le prix du gallon dépasse un certain niveau sous peine de créer un problème intérieur

  • Obtenir l’accord de Riyad ou, à défaut, un nihil obstat, dans le dossier iranien

  • Accélérer le rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël. Quel que soit l’intérêt des Saoudiens pour ce rapprochement, notamment que les Israéliens participent au développement économique du Royaume, ils hésitent à franchir le Rubicon à cause du problème palestinien et du statut des lieux saints. En rejoignant directement le Royaume saoudien à partir du territoire israélien, Joe BIDEN va personnellement faire franchir une étape aux deux pays.

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