L’Europe, 27 membres mais 5 familles : savez-vous classer chaque pays dans le bon groupe ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
L’Europe, 27 membres mais 5 familles : savez-vous classer chaque pays dans le bon groupe ?
©

Faux jumeaux

La crise de la zone euro a mis en exergue une Europe à deux vitesses. Mais en dépit des critiques souvent formulées envers le couple franco-allemand, l'unité européenne reste profondément dépendante d'une union sincère et véritable entre ces deux pays pour combler les déséquilibres.

Olivier de Maison Rouge

Olivier de Maison Rouge

Olivier de Maison Rouge est avocat, docteur en droit et membre du Comité scientifique de l’Institut International d’Intelligence Economique et Stratégique

Il tient un blog sur le droit de l’IE et a récemment collaboré au Manuel de l’IE (PUF Major)

Site : www.demaisonrouge-avocat.com

Voir la bio »

Tandis que s’affirme peu à peu un monde multipolaire, dont le centre d’impulsion s’est déplacé – certainement pour la première fois depuis plus d’un millénaire – hors de la sphère occidentale, et alors même que son point d’équilibre ne semble pas encore avoir été trouvé, il convient de s’interroger sur la place de l’Europe dans cette nouvelle configuration géopolitique.

En raison de la crise monétaire et financière et celle structurelle des dettes souveraines, il se dessine ce que les commentateurs nomment depuis longtemps désormais une « Europe à plusieurs vitesses », dont l’expression n’est pourtant pas nouvelle.

Nous assistons précisément, au travers des « sommets de la dernière chance » successifs , à une modification profonde des rapports de force et des zones d’influence diplomatique, où la France semble s’être détachée – au moins partiellement – de l’Allemagne, pour s’arrimer aux pays de l’Europe du Sud.

Cela n’est probablement pas sans créer, au sein même du gouvernement des divergences dès lors que, dans le cadre de sa campagne aux primaires socialistes, Arnaud Montebourg, aujourd’hui ministre du Redressement productif, souhaitait pour sa part « passer un accord stratégique industriel avec l’Allemagne, en définissant vingt secteurs dans lesquels nous avons un intérêt industriel commun et mettre en place des partenariats pour relancer l’innovation que chaque Etat n’arrive pas à soutenir. »  Aussi estimable et souhaitable soit-il, ce vœu ne semble pas être à l’ordre du jour à l’Elysée.

Parallèlement, le pays germanique pèse désormais de tout son poids pour accélérer la création d’une fédération des Etats européens.

Face à ce constat, il nous paraît opportun de souligner les traits et caractères essentiels - sinon consubstantiels – de l’Europe pour mieux analyser sa dimension propre face à ces enjeux déterminants. Partant du principe que pour anticiper l’avenir, il faut connaître l’histoire, nous en appelons à Nietzsche qui a écrit que « L’avenir appartient à celui qui a la plus longue mémoire. »

Or, de par sa situation géographique, l’Europe est la dernière parcelle terrestre du continent indo-européen avant l’Océan. Ainsi, depuis toujours, et au fil des âges qui se sont succédés, diverses peuplades s’y sont installées et fondèrent ainsi l’identité européenne. La terre européenne est donc un point de rencontre, la croisée de plusieurs, voire de toutes les peuplades occidentales.

Elle n’est cependant pas monolithique et il est possible d’en cerner des frontières physiques et de dégager des blocs plus ou moins rigides.

Ayant succédé à la Rome éternelle, l’Europe fut constituée, dans les premiers temps du Moyen-Age, par le grand empire des Francs, centré sur les pays du Rhin et du Rhône (espace qui prendra ensuite le nom de Lotharingie suite au partage de l’héritage politique de Charlemagne) s’étendant des Pyrénées à l’Elbe, des îles frisonnes à la Lombardie et de la Toscane aux marches de la Bretagne, restée celte, jusqu’au territoire de l’actuelle Autriche.

A peu de choses près, cette entité correspondait à l’espace des six premiers pays signataires du Traité de Rome en 1957.

En périphérie de cette souche homogène, coexistent quatre autres formations géopolitiques, dont chacune puise ses ressources dans d’autres sphères d’influence. Satellites du cœur nucléaire européen, lequel exerce une attraction certaine et irréfutable, ces blocs constitués demeurent néanmoins animés par d’autres ressorts :

  • L’espace danubien qui s’étend jusqu’à la steppe ukrainienne, et qui regroupe l’Autriche, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, les nouveaux états issus de l’ex-Yougoslavie ainsi que la Roumanie et la Bulgarie. Situés aux marches de l’Europe orientale, ils sont successivement passés, à l’exception de l’Autriche, de l’influence soviétique à l’attraction américaine, après avoir connu, pour quelques uns, une présence musulmane ;
  • L’espace balte est également doté de sa propre identité, blotti aux avant-postes des territoires Slaves. Cet espace rassemble ainsi la Finlande, la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne ;
  • L’espace méditerranéen se déploie sur les trois péninsules sudistes de l’Europe : l’ibérique, l’italienne et la mer Egée. Ces deux dernières ont été les grands empires qui ont guidé l’Europe sous l’Antiquité ;
  • enfin, l’espace atlantique, formé du Portugal et de la Grande-Bretagne, plus fermées à l’idée européenne, et qui sont ancrés vers d’autres horizons (USA, Brésil).

Ainsi schématisée, l’Europe est un assemblage composite de plusieurs cercles concentriques concourant à l’identification d’une civilisation homogène dont cet alliage constitue une mémoire indivise.

Par voie de conséquence, pour réussir et répondre aux nouveaux défis de la globalisation, l’unité européenne passe donc par la prise en compte de ces compartiments internes, mais elle sera toujours déséquilibrée s’il n’existe pas une union sincère et véritable franco-allemande comme point central de cet espace. C’est à cette condition que l’Europe pourra s’affirmer dans le nouveau monde qui se dessine.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !