Que justice lui soit rendue
Je me souviens de Jean-Pierre Chevènement…
Un homme droit, honnête. Et son ralliement à Macron ne modifie en rien ce diagnostic.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
La vie d’un homme ne peut se résumer à un épisode électoral. C’est pourtant à cause de cela qu’on s’acharne sur lui de toutes parts. Il aurait trahi en appelant à voter pour le président de la République.
Rien n’est plus faux. Il est resté fidèle à ce qu’il a toujours été. Je me souviens que lors d’un séminaire de Sciences Po à Port-Cros, nous lorgnions ensemble sur les jolies filles… Je me souviens qu’avec d’autres, il fonda le CERES qui fit basculer le PS à gauche et servit de marchepied à Mitterrand.
Je me souviens qu'en 1984 quand Jean-Pierre Stirbois du FN fut élu à Dreux, il s’écria : "j’ai senti passer l’haleine fétide du fascisme"...
Je me souviens qu’au PS, il se rangeait dans les rangs des républicains souverainistes opposés aux démocrates européistes…
Je me souviens que ministre de l’Intérieur, il fut l’un des premiers à alerter sur la réalité de la délinquance qui gangrenait les banlieues. C’est alors qu’il forgea le terme "sauvageons"...
Je me souviens qu’il démissionna du gouvernement pour pouvoir “ouvrir sa gueule” contre l’intervention occidentale en Irak…
Je me souviens que je n’étais pas d’accord avec lui. Car tout me paraissait bon contre Saddam Hussein. Mais ce n’est pas parce qu’il avait tort que j’avais raison…
Je me souviens l’avoir croisé il y a un an. Nous nous sommes parlé. Et nous sommes convenus que notre séjour à Port-Cros fut ce que nous avions de meilleur…
Mais voilà : il a apporté son soutien à Macron. Et alors on voit se multiplier les articles annonçant le déclin du chevènementisme. Si on y ajoute le fait que Fabrice Luchini a également choisi Macron, on comprend que certains soient en deuil…
Certes, Jean-Pierre Chevènement aurait pu appeler à voter blanc. C’est le choix que certains d’entre nous ont fait. Mais il a pu croire, au vu des sondages, que Marine Le Pen avait une chance raisonnable de remporter la compétition.
Toute sa vie, Jean-Pierre Chevènement a combattu le fascisme. Celui de Jean-Marie Le Pen et celui, selon son jugement, de sa fille. Son choix était donc en parfaite cohérence avec toute sa vie. Il n’a pas voté pour Macron mais contre Marine Le Pen. Souvenons-nous, en bien, de Jean-Pierre Chevènement.
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