Agnès Verdier-Molinié, IFRAP : "On sera obligé de revenir sur les retraites tous les deux ans" <!-- --> | Atlantico.fr
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Agnès Verdier-Molinié
Agnès Verdier-Molinié
©Fondation IFRAP

L'interview Atlantico Business

Le débat parlementaire sur la réforme des retraites a débuté lundi soir à l'Assemblée Nationale. Le texte prévoit entre autre, un allongement de la durée de cotisation à 43 ans, une hausse de ces cotisations et la création d'un compte pénibilité. Le but, venir à bout du déficit du régime des retraites qui atteindra 20 milliards d'euros en 2020. Pour la directrice de la Fondation IFRAP, Agnès-Verdier Molinié, cette réforme ne suffira pas à renflouer les caisses. Cette dernière préconise d'aller beaucoup plus loin...

Atlantico Business : Allongement de la durée de cotisation, hausse des prélèvements... Le gouvernement est-il allé assez loin avec cette réforme ?

Agnès Verdier-Molinié : Pas du tout. On le sait, la volonté du gouvernement était de rétablir le déficit qui sera de 20 milliards d'euros en 2020. Avec cette "réforme", on ne va trouver que 7 milliards d'euros. Quid des 13 milliards restant ? On se dirige donc, sans réforme en profondeur, à revenir sur la question des retraites tous les deux ou trois ans. A la Fondation iFRAP, nous demandons une réforme systémique qui aboutirait à la création d’un système de retraite universel, le même pour tous. Il serait beaucoup plus simple à comprendre, à gérer et à réformer.

Dans la configuration actuelle de la réforme, de quelle manière peut-on aller plus loin ?

Augmenter les cotisations, ce n'est pas réformer. A la Fondation iFRAP, nous avons chiffré à 10,5 milliards les économies réalisables en 2020 en supprimant les catégories "actives", ce qui permet à certains agents comme les douaniers, pompiers, policiers… de partir en retraite à 54 ou 55 ans. Je pense qu’il faut également aligner les conditions de la pension de réversion du secteur public sur celles du privé. Là encore on gagnerait 500 millions d'euros. Mais aussi en désindexant, comme les complémentaires privées l'ont fait, une part des retraites des agents, là encore on récupère 6,7 milliards d'euros d’économies en 2020.

Parmi les nouveautés de la réforme, la création d'un compte "pénibilité". Entre la nécessité sociale et la volonté de réduire les déficits du régime, ou situer le curseur ?

Chacun d'entre nous peut dire qu'il a un travail pénible. Un cadre a du stress à cause de ses obligations de résultats, un ouvrier a un travail difficile tout comme l'agriculteur...  Il est quasiment impossible de définir la pénibilité. Aujourd'hui, les personnels de la RATP ou de la SNCF, régis par des régimes spéciaux, partent en moyenne à 53,6 et 55,4 ans en retraite au titre d'une certaine "pénibilité". Pourtant, ils ont une espérance de vie une fois en retraite supérieure à celle d'un salarié du régime général (27,7 ans pour les agents SNCF contre 17,7 ans pour un salarié du privé).  En réalité, il conviendrait d'être plus pragmatique et de faire notamment comme la Suède sur le sujet : ne pas commencer à chercher à définir la pénibilité du travail et prendre comme dénominateur commun l'âge moyen d'espérance de vie par génération.

Propos recueillis par Julien Gagliardi

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