Inflation : l’Insee mesure un ralentissement en mars, la Banque de France reconnaît que la baisse sera rapide… mais pas pour tout le monde <!-- --> | Atlantico.fr
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L’Insee vient de confirmer que, sur un an, les prix à la consommation avaient augmenté en mars de 5,6%.
L’Insee vient de confirmer que, sur un an, les prix à la consommation avaient augmenté en mars de 5,6%.
©INA FASSBENDER / AFP

Atlantico Business

L’Insee a confirmé que l’inflation avait fortement ralenti en mars … Ce qui renforce le scénario Banque de France d’un tassement rapide lié au prix de l’énergie... mais les prix alimentaires eux vont rester très tendus et on peut se demander pourquoi.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La baisse de linflation annoncée par lInsee ne signifie pas que les prix vont baisser, elle signifie que la hausse des prix va ralentir. Sauf sur lalimentaire où il se passe des phénomènes plus difficiles à expliquer.

Linflation, cest très simple. Cest la hausse des prix. Cest une moyenne annuelle calculée chaque mois, sur un échantillon de produits.Le problème, cest que cette inflation est ressentie très différemment selon les consommateurs, parce que dans la « vraie vie », le consommateur moyen nexiste pas. Linflation qui nous affecte dépend de notre structure de consommation’

LInsee vient donc de confirmer que sur un an, les prix à la consommation avaient augmenté en mars de 5,6%, soit une hausse beaucoup plus modérée que le mois précédant puisquen février, les thermomètres nous indiquaient une inflation à +6,3%.

Ce repli est essentiellement imputable au ralentissement des prix de l’énergie. Le pétrole et le gaz sont revenus à un niveau davant le Covid. La hausse très rapide enregistrée après le Covid est liée a une explosion de la demande, elle-même imputable au rattrapage, cette hausse renforcée par les effets de la guerre en Ukraine et notamment les sanctions prises contre la Russie sur le gaz et le pétrole. Cette explosion des prix de l’énergie est aujourd’hui amortie.

En revanche, les prix des produits alimentaires et du tabac sont restés très tendus. Tout comme la plupart des produits industrialisés et les services.

sultat : la moyenne des prix est donc freinée par les prix de l’énergie et notamment ceux du pétrole, et théoriquement, ce ralentissement des prix pétroliers devrait contaminer beaucoup dautres produits, parce que le pétrole, cest aussi la petro chimie et la petro chimie est une composante de nombreuses chaines de valeur à commencer par le transport, la logistiqu, les emballages et beaucoup de produits manufacturés.

Les tendances à la baisse sont donc en marche et la Banque de France prédit un scénario de baisse rapide lors du deuxième semestre de lannée, pour terminer 2023 au rythme annuel de 3,8%. … mais exception à cette règle : les produits alimentaires de base où la hausse annuelle moyenne est de 15% en moyenne avec des points à 2% pour certains produits à base de céréales.

Par conséquent, quand on décrypte les raisons et limpact de linflation, on tombe sur des ressentis et des phénomènes qui nont rien dabstraits ou théoriques. 

1er remarque : les baisses en amont sont très lentes à descendre vers laval. Le ruissellement marche assez vite à la hausse mais assez mal à la baisse. Concrètement, une hausse des prix du pétrole se répercute assez rapidement à la pompe alors que linverse nest pas vrai. Quand le prix du pétrole brut se replie, les prix de lessence à la pompe mettent plusieurs semaines à suivre le mouvement. Il existe une résistance à la baisse pour des raisons techniques, liées au stockage, aux durées des contrats signés, mais aussi pour des raisons de fiscalité. Le fisc profite des hausses de prix. Plus les prix monten, plus le montant de la TVA perçue par l’État gonfle.Cest vrai pour tous les produitsmais cest encore plus vrai pour les produits pétroliers où le montant des impôts et des taxes représentent plus de la moitié du prix détail. Ajoutons à cela que les automobilistes vivent très mal la hausse des prix du carburant ou du gaz, et cest normal, mais ils ne sautent pas de joie quand ils baissent. La mauvaise nouvelle fait la une des journaux.Les bonnes soublient très vite.

2e remarque ; la France est pénalisée par les prix de l’énergie et notamment ceux de l’électricité. Nous devrions payer en France l’électricité la moins chère d'Europe, parce que nucléaire. Or nos prix de l’électricité sont fixés au niveau européen sur la base du prix marginal, c’est-à-dire du prix de revient le plus cher produit en Europe. Le prix marginal a été très longtemps abordable grâce à l’électricité fabriqué avec du gaz russe. Maintenant que le gaz russe est coupé, le prix marginal du Kwh a explosé. Doù dailleurs la relance des programmes nucléaires. Doù les chèques carburant. 

3eremarque : les produits alimentaires de base ont augmenté dans des proportions insupportables pour beaucoup de consommateurs parce que la guerre en Ukraine a bloqué le marché mondial des grandes céréales et accessoirement du sucre … mais cette situation revient à des niveaux plus acceptables. Le consommateur nen touche pas encore le bénéfice puisque les prix au détail continuent de monter. Il existe des rigidités dans la filière des produits alimentaires entre la grande distribution et les grands industriels. Les uns comme les autres se sont habitués à signer des contrats d’échange sur le long terme. Cest vrai sur l’énergie où des consommateurs se sont retrouvés piégés par des contrats longs alors que les prix à la production avaient baissé. Mais cest vrai aussi pour les produits de consommation courante. Il est vrai qu’il existe une obligation pour les grands hypermarchés et leurs fournisseurs de négocier les prix.Ces prix et ces tarifs sont alors fixés pour six mois. Or, les prix de base peuvent changer au cours de ces six mois à la hausse comme à la baisse.La grande distribution a terminé la semaine dernière les grandes négociations de prix et de marge, à un moment où les marchés internationaux commencent à sinfléchir, notamment sur le blé et toutes les grandes céréales. Le consommateur devra attendre le deuxième semestre au mieux pour pouvoir en profiter.

4e remarque liée au comportement des consommateurs. Dabord, la hausse des prix des produits alimentaires courants touchent surtout les consommateurs qui ne sont pas favorisés. La part de lalimentaire est dautant plus importante dans le budget que le budget est faible. Mais dautre part, le consommateur est tout à fait libre de faire jouer la concurrence.Alors la marge de négociation prix pour le consommateur est très faible mais la négociation sur la marque est plus large et les grands industriel savent qu’ils courent un risque sur leur marge. La progression des produits génériques ou des marques blanches est très importante actuellement. Dans ce cas-là, à qualité égale, on peut laisser de côté un produit star. A qualité égale bien sûr. Mais pour lindustriel comme pour le distributeur, cest le consommateur qui décide et qui vote tous les jours en faisant ses courses.

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