L'Amérique et ses nouveaux radicaux : Indignés de Wall Street contre Tea Parties <!-- --> | Atlantico.fr
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Le mouvement “Occupons Wall Street” s'accroît aux États-Unis.
Le mouvement “Occupons Wall Street” s'accroît aux États-Unis.
©Reuters

Clash idéologique

Le mouvement “Occupons Wall Street” s'accroît aux États-Unis. Ces indignés protestent contre les inégalités en vigueur dans leur pays. Ce regain de "politisation" de l'opinion américaine annonce une présidentielle américaine singulière.

Thomas Snegaroff

Thomas Snegaroff

Historien, spécialiste de la présidence américaine. Professeur en classes préparatoires et à Sciences Po Paris. 

Auteur de Faut-il souhaiter le déclin de l'Amérique? (Larousse, 2009).

A paraître en 2012: L'Amérique dans la peau. Regard sur la présidence américaine (Armand Colin). 

 

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Un vent d'Espagne souffle sur Wall Street. Non, il ne s'agit pas des conséquences de rumeurs d'une dégradation de la note de l'Espagne par l'une des agences de notations qui font trembler banquiers et nations. Plus qu'un mouvement de rumeurs, c'est un mouvement d'humeur qui semble traverser l'Atlantique.

Depuis plusieurs semaines, des Américains occupent jour et nuit le Zuccotti Park, dans le quartier de Manhattan, non loin de Wall Street. Le symbole est fort. Fort mais flou. Est-ce la finance qu'ils désignent comme responsable de tous leurs maux ? Est-ce l'État incapable selon eux de réglementer suffisamment ? Est-ce même le capitalisme dans son ensemble ? On peine à désigner les coupables, ce qui ajoute sûrement de la confusion à la confusion.

Les références elles-mêmes sont floues. Certains, les plus radicaux et les plus politisés, rêvent d'un « automne américain » après le « printemps arabe », qualifiant même, sous sourire, le parc de « Place Tahrir américaine ». D'autres, plus nombreux, évoquent les Indignés espagnols qui ont montré la voie en s'insurgeant contre le poids de la finance et les errements des gouvernants en occupant une place symbolique à Madrid, la Puerta del Sol. En Amérique, comme en Europe, véhiculé par les réseaux sociaux, un même message de défiance à l'encontre des institutions semble se propager.

Un sentiment de défiance que partagent paradoxalement les mouvements qui se répondent en Amérique. D'un côté donc, les indignés de Wall Street, de l'autre, les militants du Tea Party. Les premiers conçoivent consciemment leur action de démocratie directe comme une réponse à ce mouvement de rejet de l'État fédéral qui n'a cessé de grossir depuis l'élection de Barack Obama, au point de bouleverser l'agenda des candidats républicains en course pour l'investiture de leur parti en vue de l'élection présidentielle de 2012. Aussi éloignés soient-ils, et ils le sont bien, les deux mouvements rejettent les solutions politiques et économiques modérées.

C'est le retour, très inattendu, de la politique et plus précisément de l'affrontement idéologique entre ce qu'on a longtemps appelé les « deux Amériques ». Un combat qui avait été jusque là relégué dans les couloirs du Capitole ou dans les franges les plus radicales de la société américaine, en témoignent les affrontements entre des jeunes altermondialistes et la police de Seattle en marge du sommet de l'OMC en 1999. L'heure semble être revenue aux grands affrontements des années 1960, et l'annonce très récente du ralliement des syndicats américains au mouvement des indignés de Wall Street -qui ont autant besoin de leurs dollars que de leur talent d'organisateurs-   renforce cette impression.

L’élection présidentielle de 2012 risque d'être l'une des plus politisées de ces dernières décennies. C'est la chance de Barack Obama au plus bas dans les sondages. S'il parvient à s'agréger tous ces mécontents de gauche dans un même combat contre l'establishment qu'il symbolise pour les mécontents de droite, il aura fait un grand pas vers un deuxième mandat. Sinon, il sera emporté par une crise économique qui l'avait mené au pouvoir.

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