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Quand le microcrédit pousse les Indiens au suicide
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Fausse bonne idée ?

Présenté comme une solution à la pauvreté, le microcrédit s’est développé sous l’impulsion de Muhammad Yunus. Pourtant, des documents montrent une face plus sombre de ce système : criblés de dettes, des centaines d’Indiens se sont déjà donné la mort.

Le microcrédit était destiné à aider les plus pauvres. Ils les poussent désormais à leur perte.

Dans l’état de l’Andhra Pradesh dans le Sud de l’Inde, le gouvernement a comptabilisé 200 suicides de citoyens criblés de dettes. Selon l’état, les organismes de microcrédit seraient responsables de ces morts. Ces organismes prêteraient de l’argent aux Indiens très pauvres et les mettraient ensuite sous pression pour se faire rembourser. Une pression telle que certains ne le supportent pas.

La société de microcrédit SKS a notamment été mise en cause mais nie les faits. Selon Associated Press, qui a obtenu des documents internes, des hauts responsables de SKS auraient en leur possession des documents impliquant des employés de la compagnie dans au moins sept suicides.

Selon ces rapports, les employés de SKS auraient harcelé verbalement et physiquement les débiteurs. Ils les auraient même incité à vendre leurs biens et les auraient humilié publiquement en organisant des sit-in devant chez eux.

Parmi les drames provoqués par ces méthodes, les histoires sordides ne manquent pas. Une femme s’est donné la mort en ingérant des pesticides. Un employé de SKS lui avait conseillé de prostituer ses filles pour rembourser sa dette de 150 000 roupies (2240 euros).

Une autre femme s’est noyé quand un collecteur de SKS lui a annoncé que cela permettrait d’effacer sa dette.

Un autre employé a empêché une femme d’emmener son fils à l’hôpital exigeant un paiement sur le champ. D’autres membres du personnel de SKS ont même fourni les pesticides pour que les emprunteurs s’empoisonnent.

Innovation positive

Pourtant, le microcrédit a longtemps été montré comme une innovation positive. Muhammad Yunus en est l’initiateur. Durant la famine des années 70 au Bangladesh, il a commencé à octroyer des petits prêts aux femmes pauvres sur son propre argent. Malgré les prédictions des banquiers les femmes l’ont remboursé.

L’idée de base de la Yunus Grameen Bank avait été de solidariser les débiteurs. Par exemple 5 femmes d’un village déterminaient le prêt que chacune obtenait et se portaient caution entre elles. Si un membre du groupe payait en retard, aucun nouveau prêt ne pouvait être accordé au groupe. Cela permettait de maintenir une pression et une solidarité entre les membres d’un groupe tout en garantissant à la banque un taux de remboursement de quasiment 100%.

Cette innovation avait permis à Muhammad Yunus d’obtenir le prix Nobel de la paix en 2006.

C’est en 1997 que l’acolyte de Muhammad Yunus, Vikram Akula fonde sa propre organisation de microcrédit, la Swayam Krishi Sangam (SKS). En 2005, la société commence à rechercher le profit en cherchant des investisseurs privés. En 2010, l’entreprise devient publique.

Les rumeurs commencent alors à courir sur les suicides des débiteurs. En octobre 2010, 150 personnes manifestent devant le siège de la société pour protester après le suicide du mari d’un des débiteurs.

Le gouvernement de l’état d’Andhra Pradesh estime que ces suicides sont dues aux techniques de recouvrement agressives de SKS. Des dizaines d’employés se sont retrouvés en prison, la loi indienne punissant en effet l’incitation au suicide. SKS s’est battu contre cette nouvelle loi et nié les accusations. Aujourd’hui aucun de ses employés n’est en prison.

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