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"Il ne se passe jamais rien ici" : un fait divers bouscule toute une petite ville au bord du lac d’Annecy
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Atlanti-culture

Un roman noir captivant De : Olivier Adam Flammarion Parution en mai 2024 362 pages, 22 €

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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THÈME

Antoine suscite la honte de son père et de son frère, directeur de clinique et propriétaire d’une belle maison. « Fiévreux, instable, inflammable », il enchaîne les mauvais choix aussi bien dans sa vie sentimentale que dans sa vie professionnelle. Considéré comme le paria de sa famille bien connue et respectée, il traîne son existence à travers des petits boulots sans avenir. Très amoureux de Fanny, tellement séduisante qu’elle aimante tous les regards des hommes, il n’a pas su rester avec elle, ni d’ailleurs avec Marlène, la mère de Nino, son fils. Le corps de Fanny est retrouvé dans le lac d’Annecy sous les falaises du Roc, elle a été étranglée : un choc terrible pour les habitants de cette petite ville, où tout le monde se connaît. Antoine l’a raccompagnée chez elle la veille après une soirée bien arrosée au Café des Sports. Les deux policiers du coin mènent l’enquête. Même s’il se montre désespéré par la disparition tragique de celle qu’il aimait tant, tout semble faire de lui le coupable idéal. Ses proches le défendent en apparence, mais en réalité ils l’enfoncent tous dans le gouffre de la culpabilité. Résistera-t-il à cette condamnation unanime ? Les uns après les autres, ils vont témoigner, en révélant leurs propres failles, leurs tourments secrets, leurs obsessions troubles.

POINTS FORTS

Nous entrons dans la tête de chaque personnage dans ce roman choral, qui leur donne la parole chacun à leur tour. Nous entendrons vingt-cinq voix différentes à propos de ce fait divers sordide. Qui a bien pu commettre ce crime absurde ? Voilà la question qui hante la petite communauté, saisie d’incompréhension et d’effroi. Fanny si attirante n’avait pas d’ennemis, au contraire tout le monde l’aimait bien et savait qu’Antoine et elle finissaient toujours  par se retrouver malgré leur relation chaotique.

Un vrai roman sociologique : une analyse fine et juste des comportements des adultes, des jeunes comme des plus âgés. L’enfance et ses balbutiements, l’adolescence et ses engouements ou ses rébellions, l’âge adulte et sa fausse assurance derrière le souci du paraître, la vieillesse et ses regrets se révèlent pendant cette enquête fouillée. Toute une palette de sentiments est dépeinte : les liens familiaux qui se dénouent, les amitiés qui se défont, l’amour qui résiste mal à l’usure du quotidien ou aux infidélités prometteuses et décevantes. 

QUELQUES RÉSERVES

Un style très contemporain, souvent familier, oral, voire cru, qui bien sûr correspond au choix choral, mais qui peut paraître réducteur.

ENCORE UN MOT...

Olivier Adam nous propose un roman noir à plusieurs voix tout à fait réussi. Les personnages nous touchent, parce qu’ils nous ressemblent à travers leurs aspirations, leurs préoccupations, leurs moments de bonheur ou d’amertume. Leur vérité saute aux yeux. On reconnaît le talent particulier de l’auteur pour décrire le protagoniste de ce récit, un homme fragilisé par un traumatisme de l’enfance, rejeté par tous et pourtant si attachant.

UNE PHRASE

« Tout le monde ici savait qu’Antoine était une planche pourrie. Un type instable, hypersensible, ultra-sentimental et sanguin, qui buvait trop … » p. 125

« Comment faire confiance à un garçon qui n’a jamais su s’occuper de lui-même ? C’est simple, je l’ai toujours vu tout foirer. Ses études. Ses amours. Ses boulots. Il est tombé dans tous les pièges. L’alcool. La fumette. La paresse. » p. 175 

« Une ville entière retournée comme un gant. Une vie anéantie. Et avec elle un ouragan qui s’est abattu sur les rives du lac. Depuis qu’on a retrouvé le corps de Fanny, tout semble pétrifié dans la tristesse et l’hébétude. » p. 237 

« La vie qui nous passe à côté. Le temps qui nous roule dessus. Les liens qui se dénouent. Le sens qui se dérobe. Tout ce qui fait qu’on est tellement démuni mais qu’on avance quand-même. » p. 238

L'AUTEUR

Né en 1974, Olivier Adam a publié de nombreux romans, dont Je vais bien ne t’en fais pas (Le Dilettante, 2000),  Falaises (Editions de l’Olivier, 2005), Des vents contraires (Editions de l’Olivier, 2008), Les Lisières (Flammarion, 2012), Peine perdue (Flammarion, 2014), La Renverse (Flammarion, 2016), Tout peut s’oublier (Flammarion, 2021), Dessous les roses (Flammarion, 2022). 

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