Il n'y a pas que la sieste dans la vie... Comment profiter de ses vacances pour se ressourcer intelligemment<!-- --> | Atlantico.fr
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Les vacances ne servent pas seulement à se reposer...
Les vacances ne servent pas seulement à se reposer...
©Reuters

Farniente

Roupiller sur la plage est certes agréable. Mais voici toutes ces autres choses pour lesquelles les vacances sont faites.

Jean Viard

Jean Viard

Jean Viard est directeur de recherches CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po.

Il est spécialiste des temps sociaux (les 35 heures et les vacances), des questions agricoles et de l'aménagement du territoire. 

Il est l'auteur de Penser les vacances (Editions de l'Aube, 2007), et Eloge de la mobilité : Essai sur le capital et la valeur travail (Editions de l'Aube, 2008) et plus récemment de : La France dans le monde qui vient aux Editions de l'Aube.

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Atlantico : Certes les vacances sont faites pour se reposer, mais pas que. Dans quelle mesure la période des congés peut-elle être utile pour se rapprocher de sa famille ? De son conjoint ? De ses amis ?

Jean Viard : Les vacances n'ont pas été inventées pour se reposer. Avant, les vacances c’était essentiellement le tourisme qui était une activité propre aux élites. Les vacances représentaient un rêve dans les milieux populaires (aller voir la montagne, la mer, apprendre à danser, etc). Il est évident que les vacances sont synonymes d'amour, d'affection et de sexualité.

La première idée ce n’était pas de se reposer mais plutôt d'instaurer un rituel de changement, un peu comme le carnaval. Dans toutes les sociétés, il y a un moment de rituel pour faire des activités autres.Les vacances correspondent, dans les sociétés laïques, à une invention d’un temps qui est fait pour se reposer, pour s’aimer, pour découvrir des horizons différents et pour voir passer le temps. C’est ce qui marque le rituel de l’année nouvelle.

Pour en savoir plus sur les bonnes résolutions des Français pour les vacances d'été, retrouvez notre sondage exclusif réalisé par le CSA pour Atlantico. 

Les vacances sont-elles plus propices aux rapprochements et si oui, pourquoi ?

En France aujourd’hui, les vacances sont un produit de demi-luxe : il y a encore 25% d’exclus. Le cœur des vacances c’est l’affection. On fait plus l’amour en vacances, on parle plus en famille avec ses enfants, ses parents, ses amis. Les vacances sont bâties autour de l’affection.

Depuis que les femmes travaillent, et que le couple doit vivre avec deux emplois du temps, les moments d'affection sont plus difficiles à trouver. Il y a quelques années, on observait un boom de la natalité neuf mois après le nouvel an. Aujourd’hui, ce boom se repère neuf mois après tous les ponts. Entre vacances, affection et amour, il y a une relation très forte. Et ce depuis le début, car les vacances d’été sont associées à la mer, au corps et au soleil depuis le XIXème siècle.

Les vacances peuvent-elles être utilisées pour approfondir son travail ? Quels sont les profils de ces gens qui ne décrochent jamais ?

Dans les sociétés industrielles de l’après-guerre, les corps étaient fatigués car de nombreuses personnes avaient des emplois très éprouvant physiquement. Aujourd’hui le corps est moins sollicité, mais nous sommes plus stressés. On est passé de la fatigue au stress en quelque sorte. Actuellement, la question est d’apprendre à se débrancher, à se déconnecter. C’est d’ailleurs pour cela que l’on part plus souvent mais moins longtemps : en quatre jours on a le temps d’oublier son univers si on déconnecte de son portable.

Il y a toujours une partie des gens qui se sentent indispensables dans leur travail, et la révolution numérique leur offre la possibilité de ne jamais arrêter et de toujours se tenir informés, ces profils sont plutôt des hommes mais cela relève de la psychologie.

De façon générale, à part se reposer, à quoi peuvent servir les vacances ? En quoi sont-elles vitales pour l’épanouissement personnel ?

Les vacances d’été sont une grande transhumance, on part avec sa famille ou avec quelques amis dans un lieu - souvent dans le sud et près d’un point d’eau - et on y reste une dizaine de jours. On ne vient pas nécessairement pour faire quelque chose mais pour vivre quelque chose. Être en vacances c’est avoir des activités : des marchés, des musées, des sites culturels divers… Les gens ont besoin de voir les possibilités d’activités à faire, même sans jamais les réaliser complètement. Par exemple, les gens sont ravis de partir en vacances à côté d’un golf, même s'ils ne vont pas jouer au golf. Ils ont le sentiment qu’ils auraient pu le faire.

Le sentiment de liberté, c’est le sentiment qu’on aurait pu le faire, ce dernier est essentiel en vacances. Il y a 10 à 15% qui n’aiment pas partir de chez eux, et 10% pour qui les vacances c’est recevoir sa famille. Pour l’essentiel de gens être en vacances, signifie partir. "Vacance" c’est une notion temporelle : le temps est vide.

La perception des vacances a-t-elle évolué au cours de l'histoire ? De quelle manière ? 

Même si c'est un processus récent, les vacances se sont démocratisées : en 1950, 20% des gens partaient, 60% à 65% en 2000, depuis il y a un léger recul des départs. Ce qui a évolué ce sont les pratiques du tourisme : le tourisme urbain s’est développé (parc à thème notamment). Mais le rapport en lui-même avec les vacances, c’est-à-dire le rapport à la mer et au soleil, lui n’a pas bougé. D’ailleurs on va presque toujours sur la même plage.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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