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"Hoka hey !" de Neyef
"Hoka hey !" de Neyef
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"Hoka hey !" : Ouest Sauvage

Dominique  Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse est chroniqueur pour Culture Tops

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"Hoka hey !"

Scénario et Dessins : Neyef
Ed. Label 619 (rue de Sèvres)
224 p.
22,99 €

THÈME

Little Knife est un Indien Lakota qui cherche à se venger de son père, un homme blanc qui a abandonné sa mère indienne lorsqu’il était enfant. Il est accompagné dans cette quête par une autre Lakota, No Moon, et par un Irlandais pure souche, Sully. Ils forment un trio impitoyable qui sème sur sa route de nombreux cadavres de blancs. Car, au-delà d’une vengeance à assouvir, ils sont en rébellion meurtrière contre l’autorité de ces nouveaux maîtres du continent. Cette rébellion va faire d’eux des hors-la-loi dont les têtes seront mises à prix.

Un peu par hasard, leur groupe va s’enrichir d’un nouveau membre inattendu. Un jeune enfant prénommé Georges qui est, lui-aussi, un Indien Lakota, recueilli par un Pasteur alors qu’il était bébé. Georges a été élevé par celui-ci comme un enfant blanc. En rejoignant ce groupe, il va soudain être confronté à ses racines indiennes et à une autre vision du monde. Petit à petit, il se liera d’amitié avec ses trois compagnons et découvrira les secrets des uns et des autres. Il apprendra également à se servir d’une arme, à chasser, et, surtout, découvrira la culture de son peuple d’origine, les Lakotas.

Parmi bien des personnages, leur route va croiser celle d’un redoutable chasseur de primes, attiré par la récompense promise pour leur capture. Présent tout au long du récit, ce dernier va jouer un rôle clé dans le déroulement de cette aventure, jusqu’à son dénouement inattendu.

POINTS FORTS

Malgré une trame extrêmement classique, Neyef réussit à nous captiver dès la première page. Dans la construction de l’histoire, il réussit un très beau dosage dans la composition des caractères de chaque personnage. Il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre ; juste deux mondes, deux cultures qui s’opposent dans un combat sans issue, ou, à tout le moins, obligatoirement dramatique. Georges, le jeune Lakota, est le parfait symbole de cet affrontement : élevé comme un blanc, il est tiraillé entre ses racines indiennes et son désir d’intégration. Lui aussi devra choisir son camp. L’émotion est présente dans chaque page, comme un fil rouge qui n’attend que de se briser.

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La grande réussite de cette BD tient dans son graphisme. Neyef fait preuve d’une maîtrise quasi-absolue, aussi bien dans la gestion des expressions des personnages que dans celle des décors. Il faut insister sur ce dernier point. Sa restitution de cet Ouest sauvage est simplement magnifique, chaque case est soignée, les couleurs sont superbes, donnant ainsi à ce récit une nostalgie sous-jacente à la violence d’un monde en train de disparaître.

QUELQUES RÉSERVES

En dehors de quelques longueurs, parfois sans intérêt pour le bon déroulement de l’histoire (mais c’est toujours le risque avec un récit de plus de 200 pages), la principale réserve tient dans un certain manque d’originalité de l’histoire. Cette thématique du choc culturel et du drame de l’acculturation indienne a été traitée et retraitée un grand nombre de fois. De ce point de vue, cette BD n’apporte rien de nouveau.

ENCORE UN MOT...

A DEGUSTER COMME ON REGARDE UN VIEUX WESTERN A LA TELE

Hoka Hey ! ne sera pas la BD de l’année mais mérite le détour et procure un vrai plaisir de lecture. Lorsqu’on arrive à la dernière page du récit, on est parcouru par un frisson d’émotion, et à notre tour, on a envie de crier : « Hoka Hey ! », comme le plus célèbre des Indiens Lakota, Crazy Horse, qui poussait ce cri en menant ses guerriers au combat. Cela voulait simplement dire : « En Avant », mais la portée symbolique en était importante, car nul guerrier n’avait le droit de le dépasser lorsqu’il poussait ce cri. Personne ne pouvait le déposséder de cet honneur de la première ligne.

UNE ILLUSTRATION

A PROPOS DE L'AUTEUR

(d’après le site BD gest)

Romain Maufront, alias Neyef, naît en 1984 et aurait préféré s’appeler N’guyen comme sa grand-mère. Il passe la majorité de son enfance en Allemagne où il commence à dessiner en recopiant les personnages de Dragon Ball. Après le lycée, il étudie quatre ans à l’école d’arts appliqués Pivaut de Nantes. Il collabore ensuite au fanzine Le Chakipu. Son univers est un mélange de vieux dessins animés, de monstres de S.F., d’Hawaï… Il aime ce qui est kitsch et étrange… Ses influences se tournent du côté de Mike Mignola (Hellboy), d’Eiichiro Oda (One Piece) et d’Alice au pays des merveilles (de Lewis Carroll).

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