Hausse de la taxe foncière à Paris : les mensonges d’Anne Hidalgo<!-- --> | Atlantico.fr
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La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé son souhait d'augmenter de 52% la taxe foncière.
La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé son souhait d'augmenter de 52% la taxe foncière.
©YOAN VALAT / POOL / AFP

Promesses de campagne

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a choisi, malgré son engagement électoral pris en 2020, d'augmenter la taxe foncière dans la capitale.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Atlantico : Anne Hidalgo a annoncé une hausse de la taxe foncière pour les Parisiens. Qu’en pensez-vous ?

Aurélien Véron : Ce que cela montre c’est qu’Anne Hidalgo ne contrôle plus son budget. Et je pense qu’elle ne contrôle plus non plus sa majorité. Pourquoi ne contrôle-t-elle plus son budget ? D’abord, les coûts de l’énergie qu’elle se prend de plein fouet car elle n’avait aucune réserve et se retrouve prise de cours. Ensuite, l’inflation, donc hausse des matières premières, des fournisseurs, des coûts salariaux, etc. Là non plus, elle n’avait rien anticipé. Troisième effet kiss cool, les taux d’intérêts qui augmentent, ce qui signifie que les capacités d’endettement se réduisent car même s’il elle emprunte au niveau de l’OAT, cela a pris 3% en 9 mois. Enfin, il y a l’arnaque financière que le groupe Changer Paris a réussi à faire s’arrêter : les loyers capitalisés. C’était un montage financier légalisé par François Hollande qui dissimulait un arrangement douteux avec les règles de comptabilité publique. En effet, en comptabilité publique, qui interdit de s’endetter pour financer les dépenses courantes. Or les loyers capitalisés, c’est l’obligation faite aux bailleurs sociaux de verser immédiatement l’intégralité des loyers qui seront perçus sur la durée du bail emphytéotique (en général 50 ou 65 ans). C’est évidemment financé par de la dette puisque les bailleurs s’endettent. Mais la mairie récupérait 65 années de loyers financés à crédit pour régler ses dépenses courantes. Cela représentait environ 180 millions d’euros par an. Bercy a interrompu cet « arrangement » avec la loi suite à une requête de Rachida Dati. Résultat, la mairie, qui avait calculé sa dépense courante en incluant ces recettes, ne peut plus compter dessus. Tout cela l’envoie dans le mur, et elle cherche par tous les moyens de l’argent. D’autant qu’elle se prive d’autres sources par ailleurs. David Belliard a annoncé la réduction de moitié des places de stationnement payant. Si les transactions immobilières diminuent en volumes, comme cela semble s’amorcer, c’est autant de recettes fiscales en moins. Donc avec son budget qui n’a rien anticipé et dépense à tout va tous les ans, Anne Hidalgo se retrouve étranglée par la somme de ces phénomènes. La mairie se retrouve nue face aux difficultés. Mais qui va payer ? Ce sont les parisiens, et notamment les propriétaires. Pas les bailleurs sociaux bien entendu. Eux ne payent pas de taxe foncière. Restent les 75 % des propriétaires qui vont se voir racketter de 50% de taxe foncière en plus comme annoncé. La pilule risque d’être dure à avaler.

Anne Hidalgo le justifie ainsi : « Dérèglement climatique, crise énergétique et inflation touchent toutes les villes. L’État refuse d’être à leurs côtés. Pour garder les services publics et accélérer la transformation écologique, nous n'avons d'autre choix que d’augmenter la taxe foncière. » Est-ce un argument audible ?

C’est complètement irrecevable. C’est une déclaration pipeau pour une femme qui cherche à s’accrocher aux branches dans la faillite de la gestion de sa ville. Qui bétonne ? Qui coupe des arbres ou les asphyxie ? Qui assassine la ville ? C’est vraiment Anne Hidalgo. Si les écolos sont de plus en plus vent debout et font de plus en plus souvent capoter les décisions de la mairie de Paris, c’est qu’ils se rendent compte qu’ils sont embarqués avec une femme qui n’a aucun sens de l’environnement à Paris. Si elle multipliait les espaces verts, plafonnait la densité parisienne, fluidifiait la circulation thermique et plus largement s’il elle avait réfléchi plus intelligemment à l’organisation de la ville, s’il elle avait pris ce pari environnemental, avec ses dix milliards de budget par an, on le verrait. Mais Paris est connue pour sa pollution, sa saleté, son manque d’espaces verts et sa bétonnisation à outrance.

Son historique montre qu’elle n’en a rien à faire de l’environnement et qu’elle souhaite simplement être celle qui aura transformé Paris. Si on regarde place de la République ou de la Bastille, ce sont des invasions minérales. Accuser l’Etat de ne pas la soutenir financièrement, c’est du déni, c’est une manière de choisir un bouc émissaire facile.

Elle écrit dans son Message aux Parisiennes et aux Parisiens : « Paris a la chance d’avoir une situation financière saine attestée par plusieurs agences de notation ». Quelle est la réalité de ces propos ?

Les agences de notation ne notent pas la santé financière de la ville mais celle des contribuables de la ville. Elles confirment que ces derniers ont les poches profondes et peuvent encore être taxés un peu plus.  Jusqu’ici ils étaient solvables. Mais on verra si la fuite des familles permettra de tenir cette équation longtemps avec 10 000 – 12 000 personnes quittant Paris chaque année. En ajoutant que 10% des enfants ont quitté les écoles depuis trois ans. La montée de la pression fiscale va conduire à accélérer l’exode des familles jusqu’au jour où les agences seront amenées à dégrader leurs notes.

Par ailleurs, Anne Hidalgo avait, dans ses promesses de campagne, indiqué qu’il n’y aurait pas d’augmentation d’impôts. Cela aura duré deux ans. Une présidentielle est passée par là. Elle a fait 22  000 voix à Paris, elle sait qu’elle est haïe par les Parisiens et je n’exclus pas qu’il y ait une part de vengeance personnelle.

Face à la situation de Paris, craignez-vous d’autres décisions similaires à celles sur la taxe foncière ?

Elle a taxé les deux roues, elle taxe tout ce qu’elle peut. Elle laisse prospérer les terrasses estivales car elle ramasse des droits de terrasse, etc. Je crois donc que la pression fiscale va continuer à se durcir car avec la hausse des taux elle va devoir augmenter les recettes en adéquations. Et la fuite des familles crée un effet ciseaux.

Comment pourrait-elle faire autrement face à la situation financière actuelle de la ville sans que cela coûte aux Parisiens ?

Il faudrait déjà arrêter de dépenser une partie des 280 millions de subventions annuelles aux associations qui ne servent à rien, ont des bilans médiocres, voire sont des alliées militantes de la gauche parisienne. Dans ces aides aux associations, il y a de quoi trancher. Ensuite, il y a des aménagements mal conçus et onéreux. On a dépensé plusieurs millions pour la voie cyclable de la rue de Rivoli pour que finalement, un an plus tard, on annonce les coronapistes qui la rendent caduque. Le plan vélo, d’ailleurs, a coûté 150 millions pour un résultat sidéralement mauvais, dangereux pour les cyclistes et mal réfléchi. La mairie ajoute un deuxième plan à 250 millions. Il faut espérer qu’on en ait enfin pour notre argent. Mais y-a-t-il des traces de Parking à vélos sécurisés à la hollandaise, ou des carrefours bien gérés, etc. non. Une partie de cet argent est juste jetée par la fenêtre. Il y a beaucoup de gâchis et d’amateurisme. Il faut se serrer un peu la ceinture et dépenser plus intelligemment. 

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