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Grossesse et alimentation : petit guide pour distinguer les mythes des vrais dangers
©Reuters

Cuisine pour deux

Entre les études mal interprétées et les conseils parfois datés, les femmes sont bombardées d'informations nutritionnelles en tout genre pendant leur grossesse.

A chacun ses craintes. Au Mexique, manger des oeufs donnerait au bébé une mauvaise odeur. Dans la campagne nigériane, se régaler avec des escargots le rendrait plus mou. Dans le monde entier, les mythes folkloriques sont nombreux lorsque l'on parle de l'alimentation des femmes enceintes. Chez nous, les idées reçue sont moins farfelues mais méritent d'être décyrptées.

Un seul verre de vin peut mettre en danger la grossesse

Faux. L'alcool, tout comme la cigarette, est terriblement nocif pour le foetus. Il va passer dans le sang de la mère puis dans celui du bébé. Et les conséquences peuvent être dramatiques : malformations, retard de croissance, troubles du comportement. Mais cela ne signifie pas qu'un verre de temps en temps aura ces conséquences désastreuses. "On a le droit de boire un bon verre de vin rouge tous les deux jours", signale Réginald Allouche, médecin spécialisé dans la nutrition. "Le problème, c'est que lorsqu'on donne des limites à respecter, on a souvent tendance à les dépasser." Dans le doute, mieux vaut tout de même s'abstenir. "En revanche, l'alcool fort est à éviter en toutes circonstances", insiste le médecin.




La charcuterie est totalement prohibée

Faux. En fait, les femmes enceintes doivent éviter toutes les viandes crues. "Elles peuvent être souillées par des microorganismes dangereux", souligne Réginald Allouche. On peut citer la Listériose, la bactérie E.Coli, la Salmonelle ou encore la toxoplasmose.  A proscrire donc les rillettes, les pâtés et les produits en gelée, tout comme les carpaccios de viande. La charcuterie est ainsi autorisée seulement si elle est bien cuite car la cuisson détruit les bactéries. En revanche, il faut se méfier des produits qui ont subi un salage car ces sels peuvent avoir une action nocive sur la flore bactérienne. De la même façon, le foie, même cuit, doit être évité. Il est chargé en vitamine A et les excès peuvent être potentiellement dangereux pour le bébé. Néanmoins, il faudrait en manger énormément pour dépasser les limites.

Il faut manger du poisson au moins deux fois par semaine

Vrai. Là encore, tout dépend de la forme du poisson. Inutile de se précipiter sur les sushis, ils sont totalement contre indiqués, comme tous les poissons crus. Il faut même privilégier une cuisson forte pour prévenir les risques de Listériose et de Toxoplasmose. Ce qui ne siginifie pas que le poisson doit faire peur. Du poisson deux fois par semaine est recommandé pour une nutrition équilibrée du bébé. "Il vaut choisir des petits poissons car les plus gros peuvent concentrer de nombreux produits toxique comme du mercure", explique Réginald Allouche. Mieux vaut donc éviter le saumon (interdit à la consommation en Norvège pour les femmes enceintes) et le thon et privilégier, par exemple, la sardine. En revanche, surimi, tarama et poissons fumés sont à supprimer.


Pas de problème avec les fruits de mer, il faut simplement supprimer les huîtres

Faux. Là encore, les bactéries veillent. Il faut donc supprimer tout ce qui est cru : coquillages ou  crustacés. Ils doivent être bien frais et cuits pour être consommé sans risques. Les huîtres, même servies chaudes, restent crues et donc à supprimer.

Un régime végétarien est idéal pour ma grossesse

Faux. Si les légumes sont absolument indispensables pour la santé de la mère et de son futur enfant, un régime végétarien n'est pas suffisant pour le bon développement. L'avantage des légumes, c'est qu'ils contiennent beaucoup de vitamines B9 qu'il faut privilégier largement à travers les épinards ou la laitue, par exemple. "A condition de bien les nettoyer", insiste Réginald Allouche. En revanche, les protéines que contiennent viande et poisson doivent être compensées par des protéines laitières et des compléments alimentaires prescrits par le médecin, notamment pour le fer. Les régimes végétaliens (qui excluent lait et œufs) doivent être strictement encadrés par un médecin.

Le soja est d'ailleurs parfait pour remplacer la viande

Faux. Le soja reste controversé lors des grossesses. Si certaines études estiment qu'il pourrait protéger le cœur du bébé, d'autres affirment qu'il représente un risque sérieux pour le fœtus. Le problème, ce sont les phyto-estrogènes que contient ce germe. Chez les animaux, ils créent des effets indésirables chez les embryons même si cela n'a pas été confirmé chez l'homme. Dans le doute, le programme national de nutrition et de santé conseille d'éviter le soja. "En manger de temps en temps ne va rien faire du tout", précise Réginald Allouche. "Il faut éviter d'en manger régulièrement, surtout qu'il contient beaucoup d'oméga 6 dont il faut diminuer la consommation pendant la grossesse."



La caféine et l'aspartame sont sans risque pour le bébé

Vrai. "A priori, pas de problème", assure Réginald Allouche. Mais beaucoup de café peut rendre l'enfant agité. Qaunt à l'aspartame, il faudrait en consommer des quantités énormes pour faire apparaître un risque. Mais, cette substance reste controversée pour certains, inutiles donc d'en abuser.  Le sucre et le sel sont, en revanche, à prendre avec plus de précaution notamment pour le confort de la mère. "En cas de prise de sucre, le bébé va compenser en produisant de l'insuline et cela peut rendre les accouchements plus compliqués."

Bonus : On peut se permettre de fumer de temps en temps pendant la grossesse

Faux. Le tabac est ravageur pour le bébé. "La cigarette, ce n'est pas négociable", confirme Réginald Allouche. D'abord, il est bien plus difficile de tomber enceinte lorsqu'on est fumeuse, surtout, le tabac double les risques d'une grossesse extra-utérine et triple ceux d'une fausse couche. De plus, la fumée empêche une bonne oxygénisation du bébé avec des problèmes de croissance à la clé. Par ailleurs, le tabagisme passif est aussi risqué puisqu'il augmente de façon considérable le risque de fausses couches. Si l'arrêt est difficile, mieux vaut prendre, avec l'accord de son médecin, de substitus de nicotine mais ne pas penser que la diminution du tabagisme suffit car les fumeurs ont tendance à tirer plus fort lorsqu'ils fument moins. Quant à  la cigarette électronique, le peu de recul sur ses effets n'en fait pas un subsitut idéal.

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