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Grexit : une sortie de l’euro par la Grèce est-elle envisageable ?
©Reuters

Tension

Une tribune de Pierre Haas.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Les crises politiques, avant leur résolution, sont, en général, précédées d’une période de grandes tensions. Celle en cours avec la Grèce ne fait pas exception.

Les désaccords, en s’approfondissant, ont créé une situation où les Chefs de Gouvernement se sont vus contraints de prendre en main la négociation.

Madame Merkel, le Président Hollande, celui de la Banque Centrale Européenne (BCE) et quelques autres, vont tenter de définir, entre eux, avec le Premier Ministre Grec, M. Tsipras, les bases d’un arrangement.

Le degré de tension existant entre les participants a conduit Monsieur Tsipras à remettre sur la table le projet de sortie de l’euro par la Grèce, définit dans le jargon de la négociation par l’expression « Grexit ».

Le Premier Ministre Grec, en évoquant une hypothèse, dont il sait qu’elle accroîtrait l’appauvrissement du pays et ouvrirait la porte à une révolution, n’est pas habité par un tropisme suicidaire.

Descendant des marchands retors sillonnant depuis des siècles la Méditerranée, il semble avoir compris que le Grexit signifierait la fin de la monnaie commune et probablement de la Communauté européenne dans sa forme actuelle.

Sur ce plan, Monsieur Tsipras et ses conseillers font preuve d’une intuition du fonctionnement des marchés financiers plus sophistiquée que celle de nos éminents économistes, dirigeants politiques, banquiers centraux et du Gouverneur de la Banque de France.

M. Boyer n’a-t-il pas, dans une interview récente, donnée au Figaro, cité un Grexit comme n’étant pas exclu.

Apprécier les risques d’une telle éventualité impose de rappeler que l’unique fondement de la valeur des monnaies en circulation est la confiance qui s’exprime à travers un taux de change fluctuant quotidiennement.

L’endettement excessif et la chute de la croissance induite sur le Continent, par la crise de 2008, en mettant en relief les contradictions des politiques budgétaires et économiques des membres de l’euro, ont fait courir un doute sur sa viabilité, sans empêcher son change contre dollar de s’élever, en 2014, à 1,40.

Valeur réduite, ces jours-ci, à 1,06 par la chute de l’activité économique, celle des taux d’intérêt et des produites pétroliers et l’annonce d’un rythme mensuel de création monétaire de 60 milliards d’euros, par le biais de l’opération de Quantitative Easing (QE) de la BCE, sécrétant de surcroit vers les USA des flux monétaires ajoutant à la pression existante sur la monnaie commune.

 Une bonne nouvelle pour les exportateurs et pour les investisseurs étrangers, à l’affut de situation de détresse dans nos entreprises.

Paradoxalement le QE de Draghi a pour effet initial d’accentuer la baisse de l’unité monétaire tout en ayant un objectif de relance des économies de la zone, relance dont la concrétisation, si elle survient, va demander du temps.

Il en résulte une rémanence de la fragilité de l’unité monétaire européenne, excluant toute altération de sa composition, altération pouvant être interprétée comme un début de désagrégation par les marchés, et par les Banques Centrales de la planète, dont la monnaie commune représente environ 24% de leurs réserves de change.

Dans ce contexte, priver l’euro des 2% de la Grèce déclencherait, probablement, un mouvement spéculatif de grande ampleur, dont l’anticipation de sa disparition la provoquerait.

A ce stade, les jeux ne sont pas faits, mais le Grexit représente un risque trop sérieux pour être assumé.

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