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Grands oraux au Medef : le match des programmes économiques Juppé Sarkozy
©Reuters

Peigne fin

Les deux candidats principaux de la primaire de la droite et du centre présentent des programmes économiques assez similaires. Cependant, il est difficile de ne pas constater certains points de divergence.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : A l'occasion de son allocution au MEDEF, Nicolas Sarkozy a rappelé les grandes lignes de son programme économique. Réduction de 100 milliards d'euros des dépenses publiques, mais aussi suppression des seuils sociaux, passage aux 37h dans la fonction publique, ou encore la suppression de l'ISF. Comment ce programme peut-il être comparé à celui proposé par Alain Juppé ? Quels en sont les points concordants et les points de divergence principaux ?

Philippe Crevel : Dans la primaire de la droite et du centre, l'économie ne fait pas parti des domaines discriminants. On assiste donc, globalement, à une tendance à la convergence des programmes de façon générale.

Celle-ci est particulièrement évidente entre les programmes de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé quand il est question de baisser les charges sociales, du temps de travail où même sur la fiscalité où l'on retrouve des points communs comme la suppression de l'ISF en particulier (ou des exonérations de charges sociales). La remise en cause des 35h est évidemment un point de convergence difficile à rater. Les réductions de dépenses constituent également un point de ressemblance.

Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y ai pas de divergences entre ces deux candidats. Sur les retraites, par exemple, on constate une certaine mesure de Nicolas Sarkozy qui souhaite voir l'âge de la retraite augmenter progressivement pour atteindre 63 ans en 2020. A l'inverse, Alain Juppé a annoncé sa volonté de faire passer l'âge de la retraite à 65 ans rapidement. En revanche, Nicolas Sarkozy se montre beaucoup plus direct sur certaines allocations et tout particulièrement sur la dégressivité du chômage.

En résumé, ces programmes se ressemblent beaucoup. On peut néanmoins souligner qu'Alain Juppé met en exergue la problématique des retraites quand Nicolas Sarkozy s'avance davantage sur les questions d'ordre fiscal.

Au regard de la situation actuelle du pays, lequel de ces deux programmes paraît le plus adapté, et le plus probant ? Qu'en est-il de la mise en pratique, lequel de ces deux programmes semble être le plus "réalisable" ?

Cette primaire de la droite et du centre est économiquement marquée par une tendance libérale, qui va au-delà des seuls candidats Nicolas Sarkozy et Alain Juppé : l'ensemble des programmes apparaissent tous assez libéraux. Face à cela, il faut effectivement se poser la question de la réalisation, de leur possible application compte-tenu de l'opinion. Dans quelle mesure, en effet, ne sont-ils pas en forte rupture avec la moyenne de la population ? Gardons également à l'esprit que nous sommes sur un combat de primaire plus que de présidentielle.

Sur les programmes de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé, du fait de leur très forte ressemblance, c'est avant tout cette question qui se pose. Ils convergent en trop de points pour se démarquer fondamentalement l'un de l'autre. En revanche, il est primordial de savoir comment on les mets en place ; et sur cette question ni Nicolas Sarkozy ni Alain Juppé n'ont apporté la réponse jusqu'à présent. Comment réaliser l'économie de 100 milliards d'euros de dépenses publics ? C'est quelque chose qui n'a encore jamais été fait. Chez l'un comme chez l'autre, le silence est encore de mise sur ce questionnement.

Ces deux difficultés, de méthode et politique, sont les principaux obstacles à la mise en œuvre d'une telle politique aujourd'hui. Il s'agit en effet d'imposer des mesures de rupture (temps de travail, fonction publique, l'ISF – dont on se souvient des conséquences lors de la tentative de Nicolas Sarkozy, etc) et de financer des économies budgétaires sans savoir encore précisément ou piocher. Nicolas Sarkozy et Alain Juppé font, étonnamment, le même pari que François Hollande : celui d'un retour de la croissance pour financer une partie du coût de leur programme. Tout l'enjeu sera de créer un consensus autour de ces réformes pour jouer sur leur acceptabilité, mais également de mettre en œuvre une véritable méthode économique qui manque encore. 

A l'inverse, quels sont les points manquants à ces différentes propositions ? Quelles sont les points "oubliés" par les deux favoris de la primaire de la droite et du centre ?

Il y a, en effet, plusieurs oublis dans les programmes économiques présentés par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Ni l'un ni l'autre ne se prononcent ou semblent prendre en compte l'évolution de l'économie, sa mutation digitale. Or de ces évolutions résultent un changement de modèle économique, qui soulève de nombreuses questions, comme celles des éventuelles nouvelles protections sociales à avancer.

En outre, à les écouter, on a l'impression que la France est une île : leurs programmes sont très franco-français. Il est pourtant primordial de comprendre que l'économie s'est mondialisée et qu'elle se fait aussi à l'échelle européenne. Enfin, il n'y a pas eu d'avancée particulière sur le contrat de travail, sujet pourtant important.

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