Grandir dans les beaux quartiers comporte aussi des risques<!-- --> | Atlantico.fr
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Les problèmes de société ne sont pas confinés aux quartiers populaires.
Les problèmes de société ne sont pas confinés aux quartiers populaires.
©Reuters

L’argent ne fait pas le bonheur

On pense souvent, et à tort, que ce sont les enfants des quartiers défavorisés qui ont le plus de problèmes. Les adolescents issus de familles aisées, habitués à vivre dans un univers de consommation extrême, ne sont pas en reste.

Xavier Pommereau

Xavier Pommereau

Xavier Pommereau est psychiatre spécialiste de l'adolescence en difficulté. Le Dr Pommereau dirige le Pôle Aquitain de l'adolescent au centre Abadie ( CHU de Bordeaux). Il a créé "Clash back" un jeux vidéo thérapeutique visant à aider les jeunes souffrant de trouble comportementaux.
 

Il tient aussi une page Facebook.

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Atlantico : Le sens commun veut que les enfants issus des quartiers pauvres soient davantage exposés à des problèmes en tout genre. Or certains problèmes se retrouvent davantage dans les familles aisées. Quels sont ces problèmes ?

Xavier Pommereau : Il s'agit des troubles de conduite alimentaire comme l'anorexie-mentale ou la boulimie-nerveuse, ou encore de la dépression. Ce sont des troubles qui s'observent davantage dans les familles aisées, beaucoup moins dans les familles pauvres. C'est d'ailleurs vrai à l'échelon sociétal : ces maladies se développent plus dans les pays riches que dans les pays pauvres. Et dans les pays riches, ces problèmes touchent la plupart du temps les familles aisées.

Toutefois, il faut prendre en compte le biais qui fait que les familles pauvres consultent moins les psychiatres qui sont considérés comme les médecins des fous. A partir du moment où leur enfant n'est pas malade mental, ils vont avoir des difficultés à consulter un médecin-psychiatre.

On trouve également dans les familles aisées des histoires de délinquance liées à l'usage de drogues. Le délit de "sale-gueule" qui concerne les adolescents des cités est assez injuste car, dans les beaux quartiers, il y a des trafics. Les enfants de familles aisées sont des consommateurs de drogues, qu'il s'agisse du cannabis, d'alcool ou d'autres drogues.

Ce qui est le plus souvent observé chez les jeunes gens de familles aisées sont les actes de délinquance gratuite : les soirs de beuveries ou de matchs de foot, ils vont aller rayer des voitures ou des rétroviseurs. Nous n'avons pas beaucoup de données sur les actes de délinquance aggravée.

Quels sont les causes de ces problèmes ? L'absence des parents qui travaillent trop ? La pression qu'exerce la famille quant à la réussite du jeune ?

Je ne pense pas que ce soit cela qui joue. Ce sont principalement des troubles de consommation, qu'il s'agisse du cannabis, des appareils de nouvelles technologies ou  des troubles alimentaires. Les personnes issus de familles qui ont plus d'argent sont plus exposés à l'envie d'avoir ces consommations-là. Dans une société de consommation, ce ne sont pas seulement les pauvres qui veulent obtenir des choses. Des jeunes de quartiers aisés vont faire une fiesta, ils vont avoir un appartement pour faire la fiesta, ils vont avoir un accès au bar, ils vont trop boire et certains vont ensuite se livrer à des exactions dans la rue.

Ce qui est injuste, c'est de dire que ce n'est que dans les quartiers pauvres qu'il y a de la délinquance et des mauvaises conduites : dans les beaux quartiers, ça s'observe aussi mais ça se dit moins et les parents ne font pas les fiers quand ils vont chercher leurs gamins au commissariat.

Quelles solutions doit apporter la société à ces troubles du comportement ?

La question que l'on doit se poser est : qu'a-t-on à offrir aux jeunes à part consommer ? Je pense qu'il y a vraiment des choses à faire : il faut leur donner une place, les reconnaître, les aider à se définir, à s'engager dans des projets, à faire des choses. Je suis un adepte du service civique par exemple. Il faut donner un sens à la vie à l'adolescence autre que celui de disposer d'outils numériques, d'avoir accès à du bon cannabis, et de faire la fiesta jusqu'au bout de la nuit. Ces comportements sont symptomatiques d'une société qui n'offre pas grand-chose aux jeunes à part consommer et se taire.

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