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Gouverner avec humanité, OK. Mais qu’est-ce exactement que l’humanité en politique ?
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Question piège

Après la polémique suite au refus des députés de la majorité d’accorder un plus long congé aux parents après la perte d'un enfant, le gouvernement a décidé de réagir. Un amendement devrait prévoir ces congés de 12 jours et aussi d’accompagner mieux les parents confrontés à ce drame.

Damien Le Guay

Damien Le Guay

Philosophe et critique littéraire, Damien Le Guay est l'auteur de plusieurs livres, notamment de La mort en cendres (Editions le Cerf) et La face cachée d'Halloween (Editions le Cerf).

Il est maître de conférences à l'École des hautes études commerciales (HEC), à l'IRCOM d'Angers, et président du Comité national d'éthique du funéraire.

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Frédéric Mas

Frédéric Mas

Frédéric Mas est journaliste indépendant, ancien rédacteur en chef de Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités).

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Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol est avocat, essayiste et président de l’IREF, l'Institut de Recherches Economiques et Fiscale. Il est l'auteur de Civilisation et libre arbitre, (Desclée de Brouwer, 2022).

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Atlantico.fr : Une bourde, une controverse, voire un couac. La majorité présidentielle a rejeté une proposition de loi à l’Assemblée nationale donnant droit aux parents un congé de 12 jours en cas de décès de leur enfant. À l’extérieur de l’hémicycle, le débat s’envenime et le vote défavorable de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, est critiqué par tous. Le ramdam est tel que la controverse a fait sortir Jupiter de son silence et dans un geste rare, le président a demandé «au gouvernement de faire preuve d’humanité ». Mais que veut dire quoi faire preuve d’humanité en politique ? Être de gauche, de droite, du centre, libéral ?

L’art de faire de la politique c’est faire des arbitrages entre des intérêts contradictoires. Concrètement comment peut-on juger une décision plus inhumaine qu’une autre ?

Frédéric Mas : La politique quand elle sort du domaine de la pure gestion du quotidien peut devenir ce que j’appelle une affaire de choix tragiques, c’est-à-dire de choix entre des alternatives morales qu’il est difficile d’évaluer moralement clairement et distinctement au moment où le choix est posé.

Dans Guerres justes et injustes (1999), le philosophe Michael Walzer explique comment les Alliés à partir de 1942 ont choisi de bombarder les civils allemands à des fins à la fois stratégiques et morales. En faisant pression sur les civils, le peuple allemand allait se retourner contre ses dirigeants, précipitant ainsi la fin de la guerre et limitant le nombre de morts au conflit engagé. C’était un calcul d’utilité morale : si bombarder des civils n’est pas humain, accélérer la fin d’une guerre inhumaine l’est. Walzer raconte que l’évaluation morale d’une telle action, faite après coup, n’a jamais fait l’unanimité au sein des Alliés, ce que l’on peut comprendre aisément.

Dans la vie politique ordinaire, les arbitrages ont sans doute des effets moins tragiques, mais ils se font néanmoins dans un climat d’incertitude. Ils ne peuvent être jugés qu’après coup. Dans l’affaire du congé après un enfant mort qui a pourri la semaine du gouvernement, il me semble qu’il y a eu sous-estimation de la fébrilité de l’opinion vis-à-vis de toute décision provenant des élus macronistes. En effet, les hommes politiques prennent des décisions moralement choquantes très régulièrement -comment se fait-il qu’aucune réaction de ce genre ne se manifeste au moment du vote de la loi bioéthique par exemple ? - mais cette mesure symbolique a réussi à cristalliser dans l’imaginaire populaire tout ce qui n’allait pas dans le gouvernement d’Emmanuel Macron, à savoir son manque supposé d’empathie et son mépris de classe. En pratique, il est difficile de juger combien de temps peut durer un deuil : cela dépend des gens, et cela ne devrait pas être à la loi générale de faire ce genre d’arrangements.

Jean-Philippe Delsol : Le rôle du législateur est de faire des lois justes, pas de faire preuve d’humanité à l’égard de catégories particulières. La loi ne peut pas être compassionnelle à l’égard de certains sans risquer de créer d’autres injustices. Bien entendu, nous devons tous faire preuve d’humanité, et le législateur aussi, mais ce n’est pas méconnaître le malheur des parents frappés par la mort d’un enfant que de considérer qu’ils doivent reprendre le travail une fois passés les quelques jours nécessaires à l’enterrement. C’est même peut-être, et peut-être souvent, leur rendre service que de veiller à ce qu’ils reprennent sans tarder leur vie ordinaire pour ne pas s’enfermer dans un deuil sans fin. On peut en débattre longtemps et peut-être choquer, mais allonger leur congé « décès », c’est sans doute faire preuve de plus de démagogie que de compassion. Et la démagogie est de tous les bords, de droite ou de gauche, peut-être un peu moins chez les libéraux qui se distinguent en essayant de veiller à ce que chacun reste le plus responsable possible de ses actes et de la gestion de sa vie, ce qui leur paraît le sens de toute décision juste.

Damien Le Guay : Partons d’un principe : les décisions politiques visent au bien commun, à l’ajustement des intérêts des uns et des autres avec la conscience de l’intérêt supérieur de la Nation. Elles ont toutes une visée humaine – au sens de la pluralité humaine si précieuse pour Hannah Arendt. Une démocratie justement (et non une dictature, comme celle qui sévit en Chine par exemple), tend à cette « humanité », comme horizon et comme manière de faire. Elle espère rendre le monde commun agréable sans pour autant oublier la bonne gestion, l’avis des peuples et le destin du pays.  Ainsi, par exemple, pour l’actuel débat sur les retraites, et sans prendre parti, il faut que les retraites de tous permettent un budget social à l’équilibre considérant que nous vivons sur un principe de répartition – et donc de redistribution dans l’année des recettes des actifs au profit des pensions des retraités. Si des déséquilibres sont certains, alors il faut revoir le système non pour « embêter » la vie des gens mais éviter la faillite. Ainsi, pour les « jours de deuil d’un enfant », la question du financement doit être clairement posée sur la table. Il en va là de la responsabilité du politique.  

Mais, et c’est là où il faut en venir, tout est alors question d’arbitrage pour le Gouvernement, de doigté selon les sujets, et surtout de priorité. Comme indiqué plus haut, le principe d’humanité est à la fois un horizon et une manière de faire. Aborder ce sujet du « deuil » sous le seul angle des financements, ou plutôt refuser la solidarité des entreprises ainsi que la solidarité nationale et considérer que ce temps supplémentaire doit relever de la seule solidarité des salariés entre eux (via les comptes RTT), manifeste, aux yeux de tous, un manque de « sens politique », une absence de considération pour le deuil lui-même et une sécheresse de cœur. L’humanité comme horizon ne s’y retrouvait pas. L’humanité comme manière de faire, dans la délicatesse des sensibilités, ne s’y retrouvait pas non plus. Double erreur. Double inhumanité Double faute. Erreur et faute d’autant plus étrange aux yeux de l’opinion, qu’il était question, en tout, chaque année, de 4 500 familles frappées par ces drames. L’inhumanité est d’autant plus flagrante qu’elle n’a pas un « coût » gigantesque. 

C’est comme si, sur une question aux enjeux financiers limités, toute la brutalité du raisonnement d’un ministre apparaissait au grand jour. Les raisonnements comptables de madame Pénicaud manifestaient un enfermement dans une logique administrative, technocratique, dans une logique de gagne-petit, à mille lieux des épreuves effroyables traversées par ces familles.  

Est-ce que le principe d’humanité est donc un principe d’action politique ? Dans de nombreux sujets comme l’écologie, l’immigration ou économique, il est compliqué d’appliquer ce principe aux décisions.

Frédéric Mas : Parler d’humanité en politique, c’est d’abord y voir un principe de modération morale. On sait depuis Machiavel que les domaines de la morale et de la politique ne se confondent pas, et que la logique profonde de la politique moderne est celle de l’efficacité : « si le fait l’accuse, le résultat l’excuse ». Une décision politique peut très bien avoir été prise avec les meilleures intentions du monde et se révéler moralement désastreuse, tandis qu’une autre choisie par pur calcul peut produire des effets bénéfiques pour tout le monde.

Dans Le Prince, Machiavel rapporte que Borgia fit rétablir la paix civile en Romagne en y dépêchant un de ses hommes de main. Une fois l’ordre rétabli de manière brutale, il le fit assassiner et exposer en place publique : « La férocité de ce spectacle fit le peuple demeurer en même temps content et stupide. » La paix civile se construit ici sur les pires actions et intentions du monde.

Parce que le déploiement de la logique politique moderne est inhumain, si on la suit à la lettre, et conduit à considérer les hommes les variables d’un calcul d’utilité pour conquérir le pouvoir ou pour le conserver, elle doit être humanisée, c’est-à-dire limitée, voire circonscrite en faisant appel à des normes qui ne viennent pas de la politique elle-même. Le droit, l’exigence de justice, la décence ou la bienveillance ordinaire, le commerce dans tous les sens du terme, la foi sont autant de liens tissés pour « apprivoiser le Prince », pour reprendre l’expression d’Harvey Mansfield Jr.

Accorder la politique en fonction de l’humanité, c’est ainsi tenter de limiter la politique en lui donnant une visée au-delà d’elle-même, ce qui peut aboutir à modérer sa logique interne. Faire de la politique au nom du bien commun par exemple peut aider à poser la frontière entre ce qui est acceptable ou non dans la conduite humaine.

Jean-Philippe Delsol : En effet, on dit que la politique est l’art des choix, des arbitrages. Pourquoi serait-il plus juste d’avoir 12 jours de congé après le décès d’un enfant  plutôt que 3, 8 ou 15 ou 20… La réponse est dans le fait que la collectivité peut être, doit être bienveillante dans la prise en compte  des personnes, mais qu’elle n’est pas responsable du destin de chacun. Le rôle de la loi et du gouvernement est de permettre que chacun puisse exercer autant que faire se peut toute sa liberté et toutes ses responsabilités pour faire face aux difficultés de la vie que nous connaissons tous, plus ou moins. Dans la situation de décès évoquée, il n’est donc pas anormal de permettre que les parents disposent du temps nécessaire pour faire face aux conséquences immédiates, matérielles du décès, mais la collectivité ne peut pas pleurer pour les parents. Ce sont les hommes qui doivent être humains, c’est l’entourage des parents qui doit accompagner, si c’est utile, les parents en détresse. Le pire peut-être est qu’en donnant à la loi le soin de régler la question de l’accompagnement par un plus grand congé, la loi déresponsabilisera les voisins, les familles…  Qui veut faire l’ange, fait la bête  

Dans les débats, on entend souvent la gauche prétendre être détentrice exclusive du souci pour autrui. Pourtant, cela ne peut s’apprécier en dehors de la connaissance de l’intention et du résultat. Quelle est donc la bonne formule pour gouverner avec humanité ?

Frédéric Mas : Proudhon disait : « Qui dit humanité veut tromper ». Il faut se méfier des discours humanitaires en politique, qu’ils viennent de droite ou de gauche, car le monopole de l’étiquette peut vouloir viser à délégitimer l’adversaire et à s’arroger une place d’arbitre moral totalement injustifiée. Si vous êtes hors l’Humanité, les règles communes du droit et de la morale ne s’appliquent pas à vous. Vous pouvez être ostracisé ou pire encore.

La réponse classiquement libérale sur la bonne formule, que je fais mienne, est de gouverner le moins possible pour laisser les individus tisser entre eux les liens sociaux qui leur permettent d’expérimenter par eux-mêmes le sens de la vie bonne, sans tuteur aux intentions purement politiques.

Jean-Philippe Delsol : La bonne règle de gouvernement consiste à peser les conséquences de ses actes en fonction de la finalité même du gouvernement et de la justice. Le devoir être de tout gouvernement est de favoriser l’exercice par chacun de ses libertés et responsabilités parce que l’Homme  se distingue de l’animal par l’exercice de son libre arbitre qui fait son humanité. En l’espèce, l’Etat ne fera pas preuve d’humanité en prolongeant arbitrairement le congé « décès », mais il fera plutôt preuve lâcheté. C’est tellement facile de faire de la mauvaise politique en dépensant l’argent des autres. Car c’est l’employeur qui va payer et ça ne dérange personne puisque chacun pense que c’est l’autre qui paiera. Mais en fait tout le monde le paiera en renchérissant le coût du travail. A cet égard Madame le Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, est l’une des rares à qui il faut rendre l’hommage d’avoir défendu une vraie position politique, juste, contre la furie politicienne et le manque de clairvoyance de tant d’élus et du patronat dont le représentant, le MEDEF, s’est empressé de concourir au sauvetage de cette mesure infondée. L’organisation patronale pense sans doute sauver ainsi sa vertu à peu de frais, mais elle y perd en fait son honneur qui eut été d’expliquer pourquoi cette mesure est un non sens. Plus personne n’a de repère. Mais contrairement à ce qui a pu être dit, ceux qui sont  «hors-sol» ou «déconnectée» de la réalité ne sont pas ceux qui ont voté contre cette mesure, mais ceux qui leur ont demandé de revenir sur leur vote, ce qui devient une pratique très fréquente et d’ailleurs complètement anti-démocratique.

Damien Le Guay : A priori, le « principe d’humanité » n’est ni de gauche ni de droite. Or, historiquement, au regard des idées politiques forgées depuis la Révolution, les « vertus » de droite sont plutôt du coté de la liberté (et donc de l’efficacité économique) et celles de gauche du coté de l’égalité – et donc avec un souci de redistribution, de générosité publique et d’attention aux situations de oubliés, des laissés-pour-compte. Cette division des valeurs, valable dans l’imaginaire politique, n’a plus grand sens aujourd’hui. Souvenez-vous de cette remarque cinglante de Valéry Giscard d’Estaing, lors du débat présidentiel de 1974, adressé a François Mitterrand « vous n’avez pas le monopole du cœur ». Souvenons-nous du ralliement de la gauche de gouvernement, en 1984, aux lois du marché, à l’économie de marché et au maintien de la France dans l’Europe. Souvenons-nous qu’aujourd’hui, la moitié des ouvriers votent pour l’extrême-droite.

« Gouverner avec humanité » dépend normalement des idées – avec une prime aux idées d’égalité. Mais, surtout, le devoir d’un gouvernement tient, avec humanité, à justifier ses prises de décision, à les expliquer, à les inscrire dans un récit global. Dans le cas du « deuil des parents pour la mort d’un enfant » les discours ont choqué. Les raisonnements ont choqué. Les paroles de la ministre et de la député, madame Mauborgne, ont choqué. Tout est dans le ton. Et la tonalité des discours était comptable. Le ton était sec, technocratique, froid, pour ne pas dire glacial, loin de la compassion nécessaire quand il s’agit d’élargir une prise en compte d’un deuil. Au grand jour, aux yeux de tous, est apparu un effet de distorsion inacceptable. Il a choqué tout le monde pour révéler, une inhumanité indéfendable. 

Gouverner avec humanité consiste, d’abord, à gouverner son langage. Le discours d’une DRH n’est pas acceptable quand on est ministre de la république (et donc serviteur du peuple) et quand on s’exprime dans le lieu même de la délibération publique, de la conciliation des avis contraire, de l’intelligence collective – à savoir l’Assemblée Nationale. Quand on est au sommet de l’Etat, il faut savoir se tenir, tenir sa langue, ne pas oublier les objectifs et régler les questions financières d’une autre manière. Ce qui est évident d’une manière générale l’est encore plus quand il est question d’un sujet si lourd, d’une peine si effroyable. Et donc, considérons que la politique, dans sa noblesse (et elle n’en manque pas, même si les français l’oublie), est un métier d’éloquence, un art rhétorique, une manière de parler à hauteur des sujets. 

Les marcheurs, et même ceux qui sont ministres, n’ont pas, ou peu, ou pas assez, le sens politique des situations. Cela tient au double pari initial de la macronie : le gouvernement aux experts, la Loi aux néophytes. Ce gouvernement prétend réunir des « experts » quand l’Assemblée Nationale prétend faire de monsieur et madame tout le monde des députés. Or, ce double pari a ses limites. Et le Gouvernement et l’Assemblée sont en mal d’humanité et donc de politique et donc d’empathie (même feinte). Il y à là une erreur originelle de casting : les plus compétents ne sont pas les meilleurs en politique ; les novices ne sont pas les plus convaincants pour élaborer les lois. N’oublions jamais que sur quarante ans, les meilleurs ministres des finances, comme M Monory ou M Bérégovoy ou M Delors, n’étaient pas des « technocrates » ou des « inspecteurs des finances », mais, bien plutôt, des autodidactes plein d’un bon sens plein d’humanité - qui garagiste de formation, qui syndicaliste, qui ajusteur à la SNCF. 

Est-ce que le principe d’humanité est donc un principe d’action politique ? Dans de nombreux sujets comme l’écologie, l’immigration ou économique, il est compliqué d’appliquer ce principe aux décisions. 

Jean-Philippe Delsol : Vous avez compris, qu’en effet toute politique doit être tendue à favoriser l’humanité de chacun, mais celle-ci n’est pas ce que croient trop d’élus et de technocrates. Les principes de base de liberté et de responsabilité, à la base de toute humanité, que j’ai évoqués ci-dessus permettraient bien souvent de dégager une juste politique dans tous les domaines que vous mentionnez. Une bonne politique est celle qui non seulement a des repères, mais qui aussi du discernement. On se demande si nos élus et autres responsables en ont encore.

Damien Le Guay : En politique, le principe d’humanité est un principe qui tient l’horizon et fait agir au présent. Il faut donc ajuster le présent aux buts fixés et agir avec doigté. Tout le monde est d’accord. Toute la question est alors celle de la modalité d’action. Disons-le autrement ; faut-il agir en tenant compte de l’avis et du confort des humains ici et maintenant, ou faut-il agir pour sauver l’Humanité même si cela passe par une haute dose d’inconfort pour les individus ? Faut-il être tenu par les individus qui donnent mandat, ou faut-il être tenu par l’Humanité qui nous oblige à passer en force, à passer outre les réticences des grincheux ? Sans faire référence au communisme, qui avait comme idéal une Humanité à venir qui devait advenir même au prix des Goulags (avec le souci des omelettes et l’indifférence aux œufs), il est évident que l’Ecologie, aujourd’hui, quand elle devient une idéologie, nous interroge, nous interpelle au point d’envisager une nouvelle manière de gouverner. Quand la croissance est là, le peuple est roi. Quand apparait le risque d’une catastrophe écologique, la Nature tend à devenir Reine. Dés lors, une question apparait : qui est désormais le Souverain ? Faut-il faire du peuple l’unique et seul souverain, comme la démocratie l’exige, ou, faut-il considérer L’Humanité en péril comme le nouveau souverain ? D’où les actuelles difficultés de « l’urgence climatique » et de la « transition écologique ». Avons-nous le choix ? S’il s’agit, comme la prophétesse Greta-des-fins-dernières le dit, de sauver de l’enfer climatique l’Humanité (qui pourrait disparaitre), alors il n’est plus question de demander l’avis des uns ou de se soucier du confort des autres. L’action doit primer. Il faut agir. Il n’est plus temps de tergiverser. Qu’allons-nous faire ? Ecouter Greta-shame-on-you et agir pour l’Humanité et contre les peuples ;  ou rester sourds aux mises en garde pour respecter l’absence de décisions des peuples ? L’Humanité passe-t-elle avant la paresse des humains ; ou la paresse des peuples est-elle « sacrée » - considérant que le peuple est le Souverain, l’unique et seul Souverain ? Nous voyons bien que nos démocraties sont à un tournant. Tournant dans la prise en compte du « principe d’humanité ». Soit ce principe nous oblige à la délicatesse des moyens ; soit ce principe nous contraint à vouloir le Salut de l’Humanité à tout prix – en sacrifiant, si nécessaire, la démocratie ou en adoptant un principe d’une dictature à la romaine, temporaire mais autoritaire. Tel est le choix qui désormais s’offre à nous pour les dix prochaines années. Allons-nous devoir gouverner avec plus d’autoritarisme (celui des experts), sans l’accord des populations, ou, au contraire, allons-nous rester fidèles aux consensus de nos démocraties – même si ce consensus nous fait prendre le risque d’aller dans le mur, avec la bonne conscience du respect des principes des règles démocratique ?  

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