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Google est-il le professeur du futur ?
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A vos claviers !

Google sortira bientôt le service "Helpouts", une extension de Google + composée de tutoriels "d'experts" en vidéo sur tous les sujets possibles et imaginables.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Atlantico : Google sortira bientôt le service "Helpouts", une extension de Google + composée de tutoriels "d'experts" en vidéo sur tous les sujets possibles et imaginables. Peut-on dire que le géant numérique peut réussir son pari en devenant une sorte de "professeur du futur" ? 

Erwan Le Noan : Google va dans le sens de la révolution d’Internet, qui favorise le partage de la connaissance. Désormais, chacun peut faire profiter de ses compétences, parfois rares, à tout internaute à l’autre bout de la planète. C’est le modèle de l’excellente Kahn Academy, qui est aujourd’hui un site impressionnant d’e-learning, lancé par Salman Kahn aux Etats-Unis quand il donnait quelques cours pour un jeune membre de sa famille. C’est aussi le principe du siteduzero français sur lequel les utilisateurs partagent des connaissances très pointues en informatique. Des services de coaching peuvent se faire ainsi.

Ces sites, formidables ressources, ne vont cependant pas devenir les « professeurs du futur » : dans l’éducation comme dans de très nombreux domaines, internet et le numérique révolutionnent les méthodes mais ne remplacent le professeur et la classe. Ils les complètent très utilement, les rationalisent, les rendent plus efficaces et performants. Les écoles seront mieux équipées, pourront faire appel à des cours préparés à l’autre bout du monde par des experts, mais elles ne vont pas disparaitre.

Le savoir sur Internet fonctionne plutôt sur le modèle "bottom-up" - du bas vers le haut - de type Wikipédia. En choisissant d'évoluer vers un modèle plus professoral, Google réinvente t-il la conception du savoir numérique ? 

Google, comme les sites précédemment cités, proposent de partager le savoir. Le site sera alimenté par les utilisateurs : on n’est donc pas réellement dans un système professoral. Au contraire, ce genre d’initiative va démultiplier l’offre venu des internautes.

Autre fait notoire, le service sera entièrement payant, les "professeurs" étant rémunérés pour chaque cours. Pensez vous qu'un tel modèle puisse apparaître réellement compétitif dans un univers de plus en plus habitué au gratuit ?

Aujourd’hui, les cours en ligne sont très généralement gratuits (Kahn Academy, les divers MOOCs etc.) : il est très difficile de définir une offre sur internet payante car la concurrence étant abondante, d’autres offres alternatives gratuites peuvent surgir. Pour justifier d’un prix, il faut donc proposer une valeur ajoutée substantielle, ce qui se révèle en pratique très complexe.

Google a l’avantage énorme d’être un acteur déjà bien installé dans le monde du numérique : il jouit d’une réputation qui n’est pas à faire et d’un trafic impressionnant. Cela peut l’aider à dépasser ses concurrents.

De manière plus générale, le principe d'enseignement en ligne se popularise de plus en plus (MOOC). Pensez vous que cette dynamique soit aujourd'hui fondamentalement bénéfique à l'éducation ?

Les MOOCs constituent une révolution : ces universités en ligne permettent à un étudiant de suivre des cours préparés à l’autre bout du monde. C’est un incroyable accès au savoir. De la même manière, les tablettes et ordinateurs offrent de nouvelles possibilités éducatives, ce qui permet un meilleur suivi des élèves et peut favoriser l’apprentissage (par exemple, les questions s’adaptent à la progression de l’élève, le professeur est informé en temps réel et peut assurer un suivi plus personnalisé). Mais donner des tablettes aux enfants, si cela ne change rien aux méthodes d’enseignement est une dépense vaine.

Quand les premiers MOOCs sont apparus, tout le monde a rêvé qu’ils allaient remplacer les universités. Ce n’est pas exactement ce qui se passe… En réalité, les cours en ligne permettent de renouveler les offres, de changer les manières d’enseigner éventuellement, mais au final, les étudiants veulent toujours des cours en classe, avoir accès à un professeur pour lui parler. Si le numérique révolutionne l’éducation traditionnelle, il ne va pas la remplacer.

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