Bonus 2011 des banques : déplacés... et pourtant justifiés<!-- --> | Atlantico.fr
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Le problème des bonus, c’est qu’ils font partie intégrante du contrat de travail, avec des formules liées aux résultats de chaque entité à l’intérieur de l’ensemble
Le problème des bonus, c’est qu’ils font partie intégrante du contrat de travail, avec des formules liées aux résultats de chaque entité à l’intérieur de l’ensemble
©Reuters

Cadeaux Bonux

Le sommet du G20 se tiendra les 3 et 4 novembre prochains avec pour principale thématique la régulation financière. La banque d'investissement Goldman Sachs, malgré des résultats mitigés, continue à verser de gros bonus.

Hugues  Le Bret

Hugues Le Bret

Ancien directeur de la communication de la Société Générale.

Fondateur de Achèle, société de conseil en communication et stratégie.

Il est également l'auteur d'un ouvrage sur l'affaire Kerviel (Les Arènes, 2010)

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Difficile de ne pas être "ébranlé" lorsque l'on prend connaissance des chiffres à rallonge des bonus de Goldman Sachs, alors même que les résultats sont dans le rouge.

En premier lieu, il s’agit de résultats trimestriels, très impactés par la conjoncture. Mais, comme le souligne le communiqué de Goldman Sachs, certaines performances restent incontestables : n°1 mondial en fusion-acquisitions, leadership sur les actions (augmentations de capital, introductions en bourse, etc.). Avec au global, un excès de liquidité - ressource rare - de 164 milliards de dollars en moyenne sur le 3ème trimestre.

Le problème des bonus, c’est qu’ils font partie intégrante du contrat de travail, avec des formules liées aux résultats de chaque entité à l’intérieur de l’ensemble. Ce n’est pas parce que l’ensemble est en perte, avec notamment des dépréciations d’actifs liés au contexte, que tel ou tel département n’a pas des performances relatives exceptionnelles, et que les contrats des acteurs de ces performances ne doivent pas être respectés.

Le problème des conglomérats réside donc dans le fait que les pertes sont liées aux déboires de quelques départements, mais pas à tous… Ou, plus grave encore, à la taille du bilan, qui est lui même le résultat des opérations menées depuis des années, et dont les opérateurs d’alors ont englouti leurs bonus depuis bien longtemps.

Anormal ?

Oui, tant cela sort de la norme du commun des mortels. Au même titre que d’autres très fortes rémunérations : patrons de hedge funds, grands avocats, artistes, designers, stylistes, partners de sociétés de conseil, propriétaires d’entreprises florissantes, héritiers de grandes familles, gros commerçants, promoteurs ou gros propriétaires immobiliers, sportifs de haut niveau, producteurs de séries télévisées, etc.

Parmi eux, les banquiers de Goldman Sachs sont logés au premier plan, ils sont les meilleurs professionnels dans leur branche, les performances relatives du groupe en témoignent.

Immoral ?

Aussi. Le simple fait de comparer deux êtres humains et de considérer la valeur de marché de l’un par rapport à l’autre est amoral. La valeur humaine et l’échelle du bonheur n’ont heureusement aucun lien avec la taille de la rémunération. Là se trouve la morale, dans l’hygiène de vie collective.

Choquant ?

Choquant oui, si l’on considère la souffrance de tous ceux en Amérique ou ailleurs qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Sans parler de la misère dans le monde. Mais choquant aussi par les montants atteints, près de 330 000 dollars par collaborateurs, avec des écarts certainement de un à 10 000 (la standardiste à 2 000 dollars, et certains patrons de branches qui peuvent atteindre 20 000 000 de dollars).

Choquant de considérer les marges atteintes par certains collaborateurs et la valeur de la rémunération qui y est liée contractuellement. Choquant que ces rémunérations restent identiques dans chacune des grandes banques d’investissement, même en période de crise ou de pertes comptables pour leurs employeurs, dans un marché plus que jamais "cartellisé" entre quelques grands acteurs. Les bonus de Lehmann Brothers étaient identiques et présentaient les mêmes arguments de performances d’équipes.

Choquant que les clients de ces banques n’arrivent pas à négocier des prix à la baisse et laissent ainsi libre cours aux marges exorbitantes. Choquant que les activités de trading pour compte propre rapportent autant à l’institution et à ses traders, grâce à des programmes "haute fréquence" qui traitent des volumes considérables sans se soucier des impacts sur les « sous jacents » traités : dette grecque, actions, obligations, indices, matières premières, etc. Sans autre valeur que des programmes mathématiques et des modèles de trading.

Outre le développement de la concurrence dans ce secteur quasi monopolistique des banques d'investissement, le régulateur devrait s’intéresser au fond des activités de trading, et notamment à leur bien fondé pour l’économie en général.

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