Geoffroy Didier : "La seule manière d'être haut dans les baromètres d'opinion est de ne rien dire, de ne rien faire, et de ne prendre aucun risque"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cofondateur de la Droite forte, Geoffroy Didier.
Le cofondateur de la Droite forte, Geoffroy Didier.
©Wikimédia

Grand entretien

La fête de la Violette samedi 4 juillet a réuni près de 4 000 personnes. Organisée par la Droite Forte, le rassemblement a été occasion pour le Président des Républicains de s'adresser à un public conquis dans une séquence politique difficile.

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier est député au Parlement européen et directeur de la communication de la campagne de Valérie Pécresse.


 

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Atlantico : La fête de la Violette vient de se terminer. Qu'a-t-elle permis de réaliser selon vous ?

Geoffroy Didier : La fête de la Violette est depuis maintenant trois ans ce moment magique où à l'orée de l'été, plusieurs milliers de nos concitoyens se retrouvent, à l'invitation de Guillaume Peltier et de moi-même, pour une journée champêtre, conviviale, intense en émotion et forte en convictions. En trois ans, elle s'est imposée comme le rendez-vous incontournable de la droite française : nous étions 2000 la première année, près de 3000 l'année dernière et 4000 cette année. Elle est un fait politique en soi, mais elle est aussi ce lieu à part qui démontre que la politique, c'est avant tout une aventure humaine et collective. 

Quelle signification la présence de Nicolas Sarkozy pouvait-elle revêtir ?

Nous avions reçu la première année Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Brice Hortefeux, puis l'année dernière Rachida Dati et Luc Chatel. Il était naturel que pour l'édition 2015, notre invité  d'honneur soit le président de notre famille politique, Nicolas Sarkozy. Il était celui que tous attendaient. 

Considérez-vous que la Droite Forte est aujourd'hui l'un des plus fidèles soutien de Nicolas Sarkozy ? Y trouve-t-on les plus fervents sarkozystes ?

La Droite forte est le premier mouvement militant de la première force politique de France. Elle est comme le réacteur d'une fusée : sans elle, nous ne pouvez pas vous envoler. Sans légitimité populaire, une aventure politique tourne court. Je sais bien qu'à cette force militante, certains préfèrent "l'opinion publique", qui serait comme plus noble. Mais "l'opinion", je ne sais pas ce que c'est ni qui elle est. L'opinion, moi, je ne l'ai jamais rencontrée. Je n'ai jamais déjeuné avec une opinion publique. 

Selon des propos rapportés par Le Figaro, vous seriez passés avec Guillaume Peltier de "sarkolâtre à sarkoréaliste". Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Nous n'avons jamais été sarkolâtres, et je trouve étrange que dès qu'on partage les valeurs du sarkozysme, l'on soit nécessairement considéré comme sarkolâtre, comme "ultra" ou "groupie". Mais si votre perception a changé, c'est sans doute aussi parce que Guillaume et moi avons évolué, mûri, grandi. Avant, nous étions moqués et caricaturés. Désormais, nous sommes légitimés et écoutés. 

Début mars, vous avez critiqué les conférences données par Nicolas Sarkozy. Pour quelles raisons ?

Si je soutiens Nicolas Sarkozy pour son énergie, son autorité, sa force de persuasion et sa capacité d'entrainement, je reste libre de mes pensées et de mes paroles. Lorsqu'il s'éloigne de ce en quoi je crois, je le dis. Je serai toujours sincère dans ma parole. Cette sincérité, je la puise de mes très nombreux déplacements de terrain. Et elle est pour moi la marque du respect que je porte à tous les Français qui se sont trop longtemps sentis abandonnés par les hommes et femmes politiques. 

A-t-il fait d'autres erreurs selon vous depuis son retour en politique ?

Chaque responsable politique a des devoirs : écouter et prendre le pouls pour saisir le réel, se remettre toujours en question pour mieux avancer. Nicolas Sarkozy a compris que pour lui, ce ne pouvait pas être un retour mais que ce devait être un nouveau départ. 

Comment analysez-vous sa chute dans les sondages ?

La seule manière d'être au plus haut des baromètres d'opinion est de ne rien dire, de ne rien faire et surtout de ne prendre aucun risque. Vous admettrez que je viens de vous décrire là tout le contraire de Nicolas Sarkozy! Mais lorsqu'il s'agit de passer à l'acte de vote, seuls ceux qui s'engagent, font des choix et assument leurs convictions finissent par susciter l'adhésion.

Rue de Vaugirard certains pensent qu'il doit se recentrer pour enrayer la chute. Comment cela pourrait-il être mis en oeuvre ?

Ce n'est pas en ces termes qu'il faut réfléchir. Les Français attendent de nous que l'on soit surtout plus à l'écoute, plus courageux et visionnaires. Plus à l'écoute, car trop de grands élus, adeptes de l'entre-soi et des cordons de protection dans les meetings, n'écoutent ni ne regardent même plus les Français. Plus courageux, car si on a fait beaucoup de lois, à droite comme à gauche, on les a très rarement appliquées. La loi d'interdiction du port de la burqa dans l'espace public? Pas appliquée! Le choc de simplification? C'est tout le contraire qui a été mis en œuvre. Enfin, nous devons être visionnaires, car telle doit être la question : où emmène-t-on la France pour dans 20 ans? Les politiques à la petite semaine sont devenues insupportables. Si je suis de droite, c'est parce que j'ai la conviction profonde que sans ordre, il n'existe pas de justice. Même si je respecte chacun, je n'ai jamais véritablement compris ce que signifiait être centriste. 

Imaginez-vous que Nicolas Sarkozy puisse perdre aux élections primaires ?

Imaginer qu'il la gagnerait forcément serait la pire manière de s'y préparer. Une élection est une mise en danger, et les Français sont libres. Il existe aujourd'hui une soif de relève. La France change, et elle change vite. Cela signifie que l'expérience d'une personnalité comme Nicolas Sarkozy devra nécessairement s'accompagner du nouveau logiciel de jeunes élus, qui savent écouter, qui s'engagent sur le terrain et qui ont compris que demain, il faudra dire, faire mais surtout tenir. Seul cet alliage sera susceptible de créer un nouvel espoir. 

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