Influence insidieuse
GAFAM, Silicon Valley : leur censure libertaire sur les médias français ?
Alors que Twitter, Facebook, le New York Times et le Washington Post avaient censuré des informations sur Hunter Biden, les GAFAM pourraient influencer les médias français, notamment via les algorithmes ou à travers certaines subventions.
Xavier Raufer
Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date: La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers.
Tout commence par la vie orgiaque du fils du président des États-Unis, Hunter Biden, sale type vautré dans le crack, les prostituées et de glauques coups de fric ; le tout, peut-être, à l'insu de son père ; voire, couvert par lui. Nous sommes à l'automne 2020. La campagne présidentielle américaine tire sur sa fin : ivre de crack, Hunter oublie chez un réparateur un ordinateur plein de ses propres vidéos drogues-orgies et de courriels puant le trafic d'influence, échangés avec des oligarques corrompus.
Une bombe politique : des messages suggèrent que le futur président Biden a trempé dans ces micmacs. Informé par le réparateur d'ordinateurs, le New York Post, rare quotidien pro-Trump, publie le tout à la Une. Là, oubliant toute "neutralité du net", refusant d'évoquer le cloaque où barbote (au moins) le fils du futur président, Twitter, Facebook, le New York Times, le Washington Post et tous les médias progressistes censurent l'information, sous le fallacieux prétexte de "propagande russe" et de "piratage".
2022 : Elon Musk achète Twitter et l'affaire Hunter Biden explose. Le Washington Post et le New York Times l'avouent enfin aigrement : ni pirates, ni Poutine - mais la preuve que l'appareil de campagne de Biden contrôle des réseaux sociaux soi-disant neutres, y occulte tout ce qui gêne son candidat. Listes noires et censure féroce : l'électeur américain est froidement tenu dans l'ignorance d'un scandale énorme.
Mais en quoi cet esclandre américain concerne-t-il la France, surtout, un criminologue ? C'est pourtant le cas - Ô combien : voyons pourquoi. Notre presse quotidienne, sites Internet et réseaux sociaux adjacents, est subventionnée tant et plus par le ministère de la culture. En 2021, 97 millions d'euros distribués - montant tel qu'on ignore quel journal ou site survivrait sans la manne. Directes, indirectes, exceptionnelles, postales, à l'innovation etc., ces aides sont-elles au moins équitables ? Non : en 2021, la presse de gauche (L'Humanité, Libération, Le Monde, l'Obs, etc., se partage 30 millions d'euros, et celle de la droite d'idées... moins de 50 000 €. Usant de la Novlangue d'Orwell, un cynique ministère de la culture parle sans rire d'"Aide au pluralisme de la presse".
Or partout, celui qui paie l'orchestre choisit la musique : toujours plus, côté sécurité, des médias asservis copient docilement la propagande du ministère de l'Intérieur : ses données trafiquées, bricolées, y sont reprises sans objecter, comme reflétant l'état réel de l'insécurité en France et l'efficacité du ministère de l'Intérieur. Même les pires énormités de M. Darmanin sont avalées sans sourciller. Exemple : celui-ci vante son pilonnage antidrogue, les points de deal disparaissent. Or bien sûr, tout stupéfiant est une marchandise. Si, en "pilonnant", la police en restreignait la vente, cette drogue plus rare verrait son prix monter dans la rue. Or à présent - preuve du mensonge d'État - les prix baissent ! Quel média asservi ose-t-il signaler au ministre cette étrange discordance ? Aucun.
Mais, côté asservissement des médias, le pire est devant nous : peu à peu, l'équipe Macron diminue ses subventions et laisse financer nos médias par... Les mêmes Gafam ayant si bien soutenu M. Biden et étranglé M. Trump. Sur trois ans, Google et Facebook donneront ainsi 132 millions d'euros à "certaines publications nationales et locales" françaises - les mêmes qu'aujourd'hui, à coup sûr.
Or ces Gafam libertariens paient pour orienter l'opinion. Ce, en contrôlant le "Fact Cheching", vérifications censées corriger les erreurs volontaires ou non - en fait, dispositif de censure d'autant plus subtil qu'il semble son exact contraire. On connaît ces outils : "Les Décodeurs" du Monde, "Checknews" de Libération, AFP-Factuel, "Fakes Off" de 20 minutes, etc. Déjà, l'inquisition des Gafam s'affaire à les mettre au pas : Newsgard de Microsoft (peuplé d'anciens de la CIA et de l'Otan...), le Poynter Institute for media studies, l'International fact checking network, Politifact, etc.
Si on n'y prend garde, d'anonymes agents des Gafam dicteront bientôt aux Français ce qu'ils doivent penser ; traceront l'impérative ligne du "convenable", passée laquelle on "dérape". Bientôt, tout rival de "leur" candidat sera en douce étouffé. L'impitoyable bande libertarienne de Silicon Valley a démoli M. Trump - elle fera de même en Europe.
L'opinion renâcle : partout où les médias sont ainsi subjugués, leur influence s'effondre. Aux États-Unis, où débuta la mise au pas, seuls 26% des sondés se fient désormais aux médias "la plupart du temps" (Reuters, 18/06/2022). Sur quoi, les Gafam virent ces journalistes dévalués, donc inutiles. "Hécatombe dans les médias américains" titre le Figaro (6/12/2022).
Avis aux antifas-grimés-journalistes de la scène médiatique française : voyez vos collègues de Buzzfeed-France - votre sort sera le même. Karl Marx parlait de noyade "dans les eaux glacées du calcul égoïste". Or ces Gafam qui à présent vous paient n'ont pas plus de sentiment politique qu'à l'époque de Marx - et toujours le même projet : des milliards et toujours plus.
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