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Frédéric Farah : "En quatre décennies, l'idée de l'impuissance de l'Etat a fait l’objet d’une légitimation savante, souvent par l’économie"
©LOIC VENANCE / AFP

Faiblesse organisée

Frédéric Farah publie "Fake State" chez H&O édition. L'auteur y décrit comment l'Etat n'est plus que "le gestionnaire au jour le jour de sa propre impuissance".

Frédéric  Farah

Frédéric Farah

Frédéric Farah est économiste et enseignant à Paris I Panthéon Sorbonne.

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Atlantico : Vous publiez "Fake State, l'impuissance organisée de l'Etat en France" aux éditions H&O. Dans cet ouvrage, vous évoquez le fait que l'Etat ne soit plus que "le gestionnaire au jour le jour de sa propre impuissance". Qu'entendez-vous par là ?

Frédéric Farah : L’Etat a fabriqué sa propre impuissance économique. Sur quatre décennies, de 1983 jusqu’à nos jours, il s’est débarrassé de grands outils d’action économique qui lui permettaient d’agir vraiment sur le réel. La politique commerciale a été volontairement transférée à l’Union européenne. Il n’est plus possible de modifier notre politique commerciale selon nos intérêts nationaux. Le taux de change ne nous appartient plus. Nous n’avons plus de contrôle sur les variations de notre monnaie par rapport au dollar. La détermination des taux d’intérêt ne nous appartient pas. Les capitaux, on ne les contrôle plus. La politique budgétaire a été largement encadrée. La politique industrielle est soumise au principe de concurrence européen avec les conséquences que l’on a vues  sur les difficultés de faire naître des champions, que ce soit nationaux ou européens.

La renonciation à certains monopoles de l’Etat que l’on a vue dans la télécommunication, dans l’énergie, dans les transports. L’abandon de certains outils déconsidérés ou jugés comme inutiles comme les nationalisations. L’abandon  des circuits du Trésor qui nous oblige à passer à un financement de nos dettes par les marchés financiers.

En somme, dans un premier temps, nous avons oublié en quatre décennies combien les outils de la politique économique étaient nombreux.

Nous avons, après quatre décennies, intégré le discours d’une impuissance. Elle a fait l’objet d’une légitimation savante, souvent par l’économie. L’idée que la France ne pèserait plus dans les affaires du monde, que notre population n’était plus suffisamment nombreuse, que nous étions une puissance moyenne, que nous serions plus forts en nous additionnant aux autres…

Tout un discours savant est venu donner du lustre à tout cela. Les explications données ont été que si la politique budgétaire était trop active, cela conduirait à des sommets d’endettement et d’inflation, que cela ne servait à rien de contrôler les capitaux parce qu’ils seront alloués de la manière la plus optimale, ou bien encore avec l’abandon du Commissariat au plan première manière … Tout cela a conduit finalement à une gestion à vue, sans perspective. On le voit même dans le plan de relance actuel qui donne lieu à une espèce de bricolage social, fiscal. L’Etat est gestionnaire de sa propre impuissance. Il est obligé de la gérer dans l’urgence. Des grands groupes vont délocaliser alors que l’Etat a parfois des parts dans le capital. L’Etat n’arrive pas à trouver des solutions. Lionel Jospin dans les années 90 disait qu'il ne fallait pas tout attendre de l'État.

L’Etat a laissé à vau-l’eau le stock de masques. Arrive une épidémie, il est alors obligé de fabriquer une communication pour maquiller le manque de moyens. Elle est incompréhensible. On doit légitimer par la communication l’inutilité des masques, le temps de reconstituer des stocks. Notre-Dame brûle, tout un chacun découvre que l’Etat n’a pas de moyens pour restaurer ce monument et va donc faire appel à la manne privée pour le faire. La gestion des monuments nationaux ne dispose pas d’assez de moyens également, épuisée par les coupes budgétaires. 

Les problèmes surgissent et toutes les impuissances que l’Etat a fabriquées, tous les choix qu’il a pu faire et qui l’ont souvent désarmé, il doit ainsi y faire face et surmonter des crises de plus en plus multiples et essayer de répondre dans l’urgence.

Qu’est ce qui nourrit l’illusion finalement que l’Etat est encore puissant ? On évoque souvent le fait que les dépenses publiques soient considérables par rapport à nos partenaires. Les dépenses publiques ne sont pas celles d’un Etat producteur. Ce sont celles d’un Etat qui assure ou qui redistribue, l’essentiel de notre dépense publique correspond à de la dépense sociale. Mais en rien cela les delegitime,  elles sont nécessaires tant économiquement que socialement,  mais elles ne compensent à rien la perte des leviers précédemment indiqués.

Les dépenses sociales amortissent les effets de ces politiques économiques qui ont généré l’impuissance, qui ont généré de l’insécurité sanitaire et sociale.

Les outils ont volontairement été abandonnés. Avec les outils qu’il nous reste de politique économique (le fiscal et le social), on fabrique des usines à gaz, le CICE, des exonérations de cotisations qui appauvrissent un peu plus la Sécurité Sociale. Le fameux trou de la sécurité sociale. 

Jean Castex souhaite lancer un plan à 100 milliards. Comme il n’a pas la mainmise sur le monnaie, ce plan dans son montant ne pourra être que limité. Comme il n’a pas de possibilité d’agir sur le taux de change, il ne pourra même pas essayer de manipuler le taux de change comme le font les Etats-Unis avec le dollar pour se redonner un supplément de compétitivité.

Comme en fait ces outils manquent, il gère son impuissance au quotidien avec ce qu’il lui reste. Il y a des bricolages incompréhensibles. Nous avons 400 niches fiscales. Plus personne n’y comprend rien. L’Etat fabrique des usines à gaz car progressivement il n’a pas de stratégie, il n’a plus de vision. Sa seule stratégie, c’est l’adaptation. Et en même temps, il se débarrasse systématiquement des outils de politique économique.

J’ai voulu montrer dans mon livre qu’entre François Mitterrand, qui a été le président de la République qui a disposé le plus d’outils économiques (par les nationalisations qu’il avait faites, par le contrôle de la Banque de France, par le contrôle des capitaux) jusqu’à Emmanuel Macron, nous nous retrouvons dans une situation en termes de politique économique où l’Etat dispose de peu de moyens.

Comment imaginer un Commissariat au plan demain ? Comment imaginer une nouvelle politique industrielle quand des outils centraux de votre politique économique ont été soit gelés, abandonnés ou vous y avez renoncé ? C’est pour cela que l’Etat, à défaut d’être stratège, n’est plus qu’un gestionnaire ou il devient un pompier pyromane. Il allume des incendies qu’il essaye d’éteindre lui-même tant bien que mal. D’où cette relation que l’on a à l’Etat. A la fois on critique l’Etat pour sa pesanteur, on le trouve trop présent et en même temps, chaque fois qu’il y a une tension sociale, on le réclame pour qu’il apporte une solution. La solution, il peut difficilement l’apporter parce que d’un point de vue économique, il s’est tellement désarmé que ses réponses ne peuvent être que limitées.

En quoi la crise sanitaire a-t-elle joué un rôle de révélateur de l'impuissance de l'Etat ?

La crise sanitaire c’est le grande dévoilement du fake state. Cette crise sanitaire - si elle n’était pas aussi dramatique, si elle n’avait pas eu les conséquences que l’on sait pour l’économie, pour les personnes,  on aurait réduit ce moment à un simple  cas d’école du fake state. 

Tout d’abord, elle est révélatrice de l’imprévoyance de l’Etat (les élites, la technocratie qui peuple l’Etat, la haute fonction publique). Lorsque l’on voit les réformes de la santé, l’hôpital dans sa nature a été complètement transformé. Après plus de vingt ans de réformes, l’hôpital devait être un principe d’assurance collective. Il devait - quitte à avoir des lits supplémentaires, quitte à avoir des stocks qu’il fallait entretenir - être un système d’assurance collective. Imaginez l’imprévisible. Une guerre demain ? Une épidémie ? Lorsqu’il y a eu les attentats en 2015, les soignants ont vu des choses inhabituelles, des patients qui avaient des blessures de guerre. Il peut donc y avoir des événements terribles qui peuvent surgir comme le terrorisme, une crise sanitaire.

Voilà donc que pour l’hôpital, au lieu d’être ce principe d’assurance collective face à des choses qu’on ne peut pas complètement prévoir, on a voulu en faire une entreprise avec la logique néo-managériale et avec ce qu’Alain Supiot appelle « la gouvernance par les nombres », une gestion comptable pour entrer dans des critères.

Les critères de Maastricht développent ce que l’on appelle les critères de réputation. On ne va pas les respecter mais il faut montrer quand même que l’on va dans cette direction. Résultat des courses : pendant une vingtaine d’années, nous avons désarmé nos hôpitaux. Quand arrive la crise du Covid, les urgentistes sont sur le pont, certains sont en grève, des directeurs de service démissionnent… L’Etat avait donc volontairement, avec ses idéologies néomanagériales, désarmé l’hôpital. Lorsque la crise sanitaire survient, c’est exactement comme la situation du Titanic.

Quand le Titanic a coulé, personne ne comprenait cette catastrophe. Le navire était réputé pour être insubmersible. Après le naufrage, il y a eu une Commission d’enquête aux Etats-Unis. Selon ses conclusions, le Titanic était bourré de défauts. S’il n’avait pas rencontré l’iceberg, il aurait en quelque sorte fait sa carrière. 

Là c’est la même chose. Nos hôpitaux craquaient. Nos urgentistes n’en pouvaient plus. Nos aides-soignants étaient au bord du burn-out. Mais l'État était prêt à poursuivre dans la même voie . L 'actuel pouvoir a su fabriquer un mélange de mépris et d'autoritarisme pour des résultats calamiteux.

Quand soudain arrive l’évènement, comme l’iceberg pour le Titanic, la crise sanitaire révèle l’état de délabrement. Le confinement est lié à cette situation. Vu le nombre de contaminations, vu le nombre de cas, les capacités hospitalières étaient au bord de la saturation. Donc, nous avons été confinés pendant 56 jours. Les effets économiques,  sociaux , sanitaires sont hautement problématiques.  Je reste convaincu que ce choix fera l'objet de très vifs débats dans le futur 

La crise sanitaire a également dévoilé un  problème central  du fake state : l’abus de communication, contradictoire et folle, qui traduit le manque de prise sur le réel. La communication au début de la crise sanitaire en France devait permettre de compenserla perte de moyens .Plus le fake state est impuissant, plus il communique. La communication devient illisible au final entraînant une confusion générale. La dernière intervention de M Castex est un exemple caricatural,  le parler pour ne rien dire devient légitime. 

Les choix economiques des élites qui ont voulu allonger les chaînes de valeur de production a été également au cœur de cette crise. Rappelons nous, la promotion de la mondialisation heureuse. Notre souveraineté sanitaire a été bradée 

La plupart des principes actifs de nos médicaments, des tests sont faits à l’étranger. Cela nous a exposé à une vulnérabilité terrible. On ne pouvait plus se procurer de masques et même chose pour certains médicaments.

Comme l’Etat s’était désarmé économiquement, il nous a donné l’illusion de faire quelque chose. Il n’a pu qu’amortir la crise. L’amortissement a été relativement bien géré avec le chômage partiel, en garantissant des prêts. . Il lui manquait les moyens pour relancer. Les 450 milliards annoncés par l’Etat ne sont que des garanties sur des prêts bancaires.

Il ne s’agit pas d’argent frais injecté dans le circuit économique. L’Etat a cessé d’être un producteur. Il n’avait pas les moyens de réquisitionner des entreprises privées. Le président Macron disait « nous sommes à la guerre » mais il n’y avait pas les outils pour faire la guerre. Il n’y avait pas de lois comme aux Etats-Unis permettant de réquisitionner des entreprises à qui des commandes auraient pu être passées pour produire des masques et du gel hydroalcoolique. C’était en réalité au bon vouloir de chacun…  

L’Etat au lieu de lancer de la production de masques, de respirateurs, de gel par lui-même a attendu que ce soit le privé qui le fasse.

 Le fake state fabrique de l’insécurité sociale, fabrique de l’insécurité civile et voilà qu’il fabrique de l’insécurité sanitaire. Là est l’état paradoxal du fake state. A la fois il est impuissant économiquement, fabrique de l’insécurité et dans le même temps, il se fait autoritaire et communicationnel.

Il se fait autoritaire notamment à l’égard du mouvement des Gilets jaunes. Lors du confinement, le gouvernement a également rappelé le nombre d’amendes qui avaient été distribuées pour ceux qui n’avaient pas respecté les règles.

Le fake state fait donc croire à sa puissance en étant dur et en communiquant mais d’un autre côté, lorsqu’il s’agit de répondre vraiment au problème, il n’est pas au rendez-vous.    

Ce phénomène ne vous semble pourtant pas irréversible. Comment réinstaurer de la souveraineté dans l'Etat ?

Il n’y a rien d’irréversible même si décennie après décennie, autant il est facile de défaire, autant il est difficile de faire. Une transformation de la formation des élites est nécessaire.

La crise, le marché, l’Etat, je ne les ai jamais vus dans la rue. Derrière le marché, ce sont des banques, des entreprises… L’Etat ce sont des hommes et des femmes qui l’animent. Ce sont les hommes et les femmes par exemple  qui sont à Bercy au ministère des finances

Si vraiment on pense que la transition écologique est un point essentiel, si on pense qu’il faut planifier le futur avec un Commissariat au plan, il faut reprendre les instruments nécessaires pour réaliser ce genre de choses, avec tout ce qui concerne l’énergie, les transports, les circuits courts.

En matière européenne,  deux voix peuvent être empruntées, celle qui pose un acte de souveraineté fort, soit celle de l' enlisement

Il est certes possible d’expliquer à l’Union européenne que le tout concurrentiel à l’heure de l’écologie et des risques sanitaires ne peut pas marcher. Mais nous savons que des discussions interminables risquent de s'ouvrir avec un résultat modeste.

Il va falloir que l’Etat reprenne la main sur certains secteurs pour permettre d’articuler le transport, l’énergie pour préparer le monde de demain qui tient compte des impératifs écologiques.   

Dans l’optique du Commissariat au plan, il faut redonner les outils que l’on a perdus comme repenser l’outil de nationalisation. Il ne s’agit pas de revenir en arrière, aux nationalisations de 81. Il s’agit, si l’Etat ne veut pas perdre tous les ans des quantités de recettes par l’évasion fiscale, de repenser, seul ou à l’échelle des pays européens, le contrôle des capitaux. Sinon, nous allons devoir vivre avec des Etats qui sont des paradis fiscaux à nos portes (l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas). Cela a pour conséquence de nous vider nos recettes. Quant à  l' euro même si ce n est pas l heure d une nouvelle crise monétaire,  il est un élément du problème et pas de la solution. Les concessions de l ordoliberalisme allemand depuis 2012 sur la gestion de l euro n' en changent pas la nature: une monnaie profondément déflationniste 

 Il va falloir faire en sorte que l’Etat cesse ses politiques qui ont été celles d’une déréglementation excessive du marché du travail avec la précarité que l’on connaît.

Il faut être aujourd’hui dans cette logique d’empêcher que le monde se défasse. Et de faire en sorte que l’Etat consent à se réapproprier des outils de sa puissance.

Soit il peut obtenir une négociation européenne pour modifier le mandat de la Banque Centrale Européenne, de dire que la stabilité des prix ne peut plus être le seul objectif principal. Et que désormais la question des inégalités, de la transition énergétique doivent être mis au cœur aussi de ces missions-là.

C'est le pari réformiste,  mais l'épreuve des faits montre l'épuisement de cette voie. Donc un vrai acte de puissance permettant de reprendre les outils de la souveraineté paraît nécessaire. 

Il ne s’agit pas de réinstaurer les outils du passé. Nous vivons profondément à travers le fake state une crise de l’imagination de nos élites. Ils n’ont qu’une obsession, celle de restaurer le monde d’avant le coronavirus, le monde d’avant la crise de 2008. C’est un schéma de pensée qui est très réduit. Le problème est là. C’est une crise de l’imaginaire. Il s’agit d’une crise des représentations. A partit du moment où vous n’arrivez pas à penser à un autre imaginaire, à un autre avenir, où tout futur est pensé comme une catastrophe, vous allez être obsédé par la volonté de restaurer le monde d’avant. Telle est la difficulté. Le fake state est l’échec des projets que les élites ont porté. 

Les élites souhaitaient une libéralisation des capitaux, cela a entraîné une spéculation avec tous les risques que nous avons connus. On a dit vive le marché unique, cela a créé de la divergence en Europe de manière considérable et cela a donné une place excessive à la concurrence. On a dit vive l’euro, la monnaie unique a en réalité surtout profité à l’Allemagne.

Ces grands projets que les élites ont essayé de fourguer aux populations pendant quarante ans n’ont finalement pas donné les résultats escomptés. Et comme les élites n’ont pas voulu se déjuger, ils ont précisé que ceux qui contestaient ces principes étaient en réalité des populistes.

Pourquoi le fake state a donc pris autant de place dans ma réflexion ? Parce que nous vivons dans un pays où - à la différence de la tradition des pays Anglo-Saxons, où l’Etat, comme je le dis dans mon livre, du Moyen-Age, en passant par la monarchie, en passant par la Révolution et ensuite l’Empire - la République, l’Etat en France a toujours joué un rôle clé. Autour de lui tournent des enjeux considérables. Nous avons une histoire pluriséculaire marquée par l’importance de l’Etat.  

Lorsque l’Etat devient fake, comme je le dis, cela devient très problématique. C’est quelque chose qui touche à notre histoire la plus profonde.

La vraie bataille est dans la formation. Dans mon livre, j’évoque Sciences-Po à un moment donné. Lorsque j’y étais, une section pour l’Etat s’appelait « Service public ». C’était vraiment l’expression du spécificité française. C’est devenu « Affaires publiques ». Cela en dit long de la banalisation de l’Etat, de ce qu’il est, de ce qu’il représente.

L’Etat n’est pas une entreprise. L’Etat a ses spécificités. L’Etat a en charge deux biens publics : la croissance et le plein-emploi. La situation n’est pas irréversible mais ce qui m’inquiète c’est le fait que si demain même si l’on sortait de l’euro, que l’on contrôlait les capitaux, avec les mêmes élites et les mêmes orientations, cela ne servirait à rien. Il y a tout un travail à faire sur la formation des élites. Ce n’est pas par hasard que dans notre histoire de France, chaque fois qu’il y a eu des grandes crises, la question de la formation des élites a été un enjeu central. En 1870, lorsque l’on perd contre les Prussiens, qu’est-ce que l’on crée en 1871 pour engager une réforme intellectuelle, c’est Sciences-Po, l’école libre de science politique. Après la Seconde Guerre mondiale, qu’est-ce que l’on crée pour reformer une fonction publique, on crée l’ENA.  

A des heures clés de notre histoire, on a compris que la réforme éducative était centrale. Aujourd’hui, si nous voulons sortir du fake state, si nous voulons retrouver notre souveraineté, la réforme éducative est tout aussi centrale comme elle l’a été en 1870, comme elle l’a été en 1945. C’est essentiel. D’où ma source d’inquiétude que j’exprime dans mon livre tout en pensant que les choses peuvent changer. C’est ça l’histoire humaine. Les démocraties et l’histoire humaine constituent une communauté politique assemblée qui décide que l’avenir reste ouvert.   

A lire aussi sur Atlantico, deux extraits de "Fake State, l’impuissance organisée de l’Etat en France", publié chez H&O édition :

Fake state : les raisons de l’impuissance de l’Etat
Comment le mouvement des Gilets jaunes a révélé les failles et les limites de l’Etat

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