Congrès LR
Fin de campagne : LR mieux ou moins bien placés qu’en 2016 ?
Un ultime débat entre les candidats à l'investiture LR pour l'élection présidentielle de 2022 était organisé mardi soir sur France 2 et France Inter. Xavier Bertrand, Michel Barnier, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse ont-ils réussi à convaincre les adhérents des Républicains avant le vote interne qui débute ce mercredi ?
Anita Hausser
Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015).
Ils sont prêts et ont la volonté chevillée au corps. Les cinq candidats LR qui ne seront plus que deux en finale dès ce jeudi, - après le premier tour de scrutin interne, se sont efforcés de démontrer qu’ils sont prêts à se glisser dans le fauteuil présidentiel, forts de leur expérience d’élu régional, d’ancien ministre, ou de député de terrain ! Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Michel Barnier, Eric Ciotti, Philippe Juvin, (- dans l’ordre du tirage au sort de leur dernière intervention), ont, au terme de trois heures de débat sur France 2, chacun à leur manière tenté de montrer que « le candidat capable de battre M. Macron, il est sur ce plateau », selon les termes de Xavier Bertrand… C’est aussi ce dont on était convaincu il y a cinq ans, alors que l’effacement de François Hollande de la course présidentielle se dessinait et que les adhérents choisissaient le candidat de la droite républicaine dans une primaire ouverte.
La suite, on la connait : un météore nommé Emmanuel Macron était venu balayer le scénario pré-écrit de cette histoire, et Les Républicains ont connu des heures sombres après l’élimination de François Fillon de la course présidentielle ; les élections locales de 2020 ont permis de mettre un coup d’arrêt à la spirale de l’échec ; mais pendant ce temps la société française a changé ; l’électorat s’est droitisé et « le phénomène Zemmour » a commencé à émerger, menaçant la droite républicaine et le Front National. Aujourd’hui, les Républicains jouent leur survie. Ceux qui, à l’instar de Valérie Pécresse ou Bertrand, ont claqué la porte du parti, en désaccord avec la ligne incarnée par Laurent Wauquiez, sont rentrés au bercail pour concourir avec ceux qui ne manquent pas de souligner qu’ils ne « sont jamais partis », à savoir Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin. Car, après moult tergiversations, et échaudés par l’expérience de 2016, les Républicains ont choisi de désigner leur candidat en interne. Le choix de ce mode de scrutin a fait gonfler les adhésions, et c’est ce corps électoral restreint composé de quelque 150.000 personnes, qui va choisir celle ou celui qui affrontera Emmanuel Macron et Marine Le Pen, - et sans doute Eric Zemmour, en avril prochain. L’irruption dans le paysage de celui que l’on a qualifié de « polémiste », a montré qu’il chassait sur leurs terres, et reléguait la candidature LR à la quatrième place… C’est pourquoi les candidats à l’investiture ont placé les thèmes de la sécurité et de l’immigration au centre de leurs débats… Au risque de lasser les électeurs potentiels plus préoccupés par leur pouvoir d’achat que par les seules questions régaliennes. Ils ont aussi, - et ce sera peut-être déterminant, évité d’étaler leurs divisions comme cela avait été le cas en 2016, où les haines recuites entre les anciens dirigeants avaient empoisonné la campagne interne et émaillé les débats télévisés. Aujourd’hui, ils sont tous d’accord pour refonder l’hôpital, construire de nouvelles centrales nucléaires, réduire l’éolien, augmenter les salaires. Ils divergent sur l’opportunité de réduire le nombre de fonctionnaires, et rivalisent d’imagination sur la restauration de l’autorité de l’Etat, et sur les questions institutionnelles. Le premier tour de scrutin interne montrera si les électeurs LR tiennent ou non rigueur à ceux qui ont quitté un temps le parti, Valérie Pécresse, la seule femme de ce groupe qui avance son bilan à la tête de la région Ile-de-France, ou Xavier Bertrand, qui devance ses concurrents dans les sondages. Seront-ils plutôt sensibles à la radicalité d’Eric Ciotti qui affirme qu’« on ne gagnera pas au centre » au risque de faire mentir les vieilles règles de la science politique, ou donneront-ils sa chance à Philippe Juvin qui se proclame en faveur d’une « droite humaniste », et de « la droite des services publics ». Ou encore accorderont-ils leurs suffrages à Michel Barnier, qui entend incarner une sorte de force tranquille, en mettant en avant son expérience ministérielle et européenne ? Quelques connaisseurs du parti croient savoir que le vote des « Jeunes Républicains » comptera beaucoup… On les a pourtant peu entendu cette pendant cette campagne… Et les candidats à l’investiture LR ont peu parlé de jeunesse dans leurs débats…. Le vote conserve tous ses mystères.
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