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Faut-il se sentir coupable de ses fantasmes sexuels ?
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Bonnes feuilles

Nous sommes tous des êtres de fantasme. Nous habillons tous en effet notre rapport à la réalité de notre imaginaire. Mais le fantasme sexuel, lui, est d’une autre nature. Il engage notre lien à la morale et aux convenances. Extrait de "Je fantasme donc je suis" d'Alain Héril, aux éditions Eyrolles (2/2).

Alain Héril

Alain Héril

Alain Héril est psychothérapeute et sexothérapeute depuis 25 ans.

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Il me semble juste de poser maintenant quelques mots autour de la notion de culpabilité. Vivre ses fantasmes, les accepter, doit se faire avec une once minimale de culpabilité afin de ressentir le maximum d’excitation joyeuse à l’intérieur de soi. Cela dit, si la culpabilité est là, il ne s’agit pas de se sentir comme une personne incapable d’avoir des fantasmes et penser que sa vie sexuelle est ratée. Le mieux est de donner du sens à cette culpabilité. Les fantasmes jouent avec la morale et la transgression (même légère) qu’ils proposent doit nous amener à mieux saisir qui nous sommes. La sensation transgressive sera différente d’une personne à une autre et cela est normal. La culpabilité ou la honte que l’on peut éventuellement ressentir face à l’expression de ses fantasmes doit nous amener à nous interroger sur nous-mêmes. La culpabilité peut être une chance et un bon moyen pour avancer vers soi et mieux saisir les enjeux que l’on porte en soi. Aussi ne cherchez pas à fuir ce sentiment parfois méprisé. Il donne le ton, il nous aide à nous apprécier tout autant que la joie ou la colère.

Les fantasmes s’amusent avec nos culpabilités parce qu’ils nous proposent des mondes où tout semble possible sans aucune restriction. Nous savons que cela n’est pas réalisable et si ces images nous heurtent et nous déstabilisent il vaut mieux les regarder en face, en trouver la signification plutôt que de chercher à les fuir.

Conseil de thérapeute

Beaucoup de nos sentiments coupables sont liés au fait que nous confondons fantasmes sexuels et perversions sexuelles. Je vous propose donc, lorsque vous vous interrogez sur vos fantasmes, de toujours prendre le temps pour bien signifier ces différences fondamentales qui permettent de saisir la ligne de démarcation entre ce qui est de l’ordre du logique et du pathologique.

La question du passage à l’acte

Nous avons souligné combien le fantasme est là pour nous questionner intimement sur ce que nous sommes. Mais il est là aussi pour nous permettre d’accepter que notre fonction imaginative n’a pas vertu à être mise en acte systématiquement. Nous devons considérer que des parts de nous-mêmes ont plus à voir avec le rêve qu’avec la réalité. Et que cette acceptation est la reconnaissance de notre pluralité. Nous sommes des êtres qui agissent, qui sont déterminés, qui changent les choses. Mais nous sommes aussi des êtres de projections, d’imaginations et de rêverie. Notre richesse se situe dans le dialogue fécond entre ces différentes parties de nos personnalités.

Un fantasme mis en acte n’est plus un fantasme. Et je peux même affirmer que réaliser ses fantasmes c’est appauvrir une partie de nous-mêmes. Cette partie qui a besoin de se projeter, d’enrichir la réalité par des images et des scénarios parfois irréalisables.

Il existe toute une littérature laissant à penser qu’une sexualité réussie serait une sexualité mettant en actes ses fantasmes. C’est une erreur fondamentale car lorsqu’on interroge celles et ceux qui accomplissent leurs fantasmes régulièrement on peut sentir que quelque chose en eux s’est défait et qu’ils sont dans une course effrénée à des sensations toujours plus fortes et qui ne s’apaise jamais.

Nos fantasmes sont marqués par notre histoire personnelle

Il existe un lien particulier entre les fantasmes sexuels et la morale ; je dirais même l’antagonisme, le combat que se livrent ces deux entités. Ce lien est similaire aux tensions qui peuvent exister entre les notions de nature et de culture. On peut dire que le fantasme est naturel. Comme vous avez pu le saisir dans les pages précédentes, nous sommes des êtres de fantasmes ; cela est inscrit en nous. Mais notre culture (éducation, expériences personnelles, valeurs, croyances, etc.) peut nous amener à ressentir une certaine crispation quant à nos univers fantasmatiques sexuels. C’est comme si nous portions un conflit interne et permanent au sein même de notre demeure intime. Et chacun d’entre nous trouve ses propres solutions pour gérer au mieux cet éventuel conflit.

Ce qui est certain, c’est que le rôle des fantasmes sexuels (même dans leur dimension douce et érotique) est de nous questionner sur notre désir et son organisation. Le fantasme est un aiguillon particulier qui ne laisse pas forcément tranquille et qui oblige à comprendre que nous ne sommes pas toujours conditionnés par la gentillesse et le respect de l’autre. C’est une manière de questionner ce que l’on appelle « notre part d’ombre » et de nous amener à la prendre en considération.

Extrait de "Je fantasme donc je suis" d'Alain Héril, aux éditions Eyrolles

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