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Famille dispersée ou proches contaminés, voilà comment bien fêter Noël malgré l’ambiance morose
©FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Sans contacts mais avec amour

Les fêtes de Noël ne seront, cette année, pas propices aux grandes effusions. Mais la situation sanitaire ne doit pas nous faire oublier l'importance de relâcher la pression en échangeant avec nos proches, fut-ce avec distanciation physique.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Le Noël 2020 ne sera pas comme les autres. Entre ceux qui sont malades, ceux ont peur de l’être ou ceux qui ne veulent pas transmettre le virus à leurs proches, il sera souvent difficile de réunir toute la famille. Est-il quand même possible de profiter de cette trêve pour recharger les batteries et passer de bons moments ?

Pascal Neveu : Cette année est particulière. Tous les ans on me demande d’évoquer les angoisses liées aux fêtes de fin d’année, ce qui se rejoue de notre enfance, des conflits possibles… Et dès octobre mes patients évoquent ces sujets.

Mais cette année, a contrario, on est dans une attente, un désir de retrouvailles familiales. La pandémie est venue perturber notre relation à la mort et à la vie, et nous force à repenser nos relations humaines et familiales. D’un côté, ceux qui vont se protéger via des mécanismes de défense psychiques et faire comme si… Et puis ceux qui auront comme pris conscience que la vie est « éphémère » et qu’il faut profiter des vivants avant leur mort quand ce n’est pas penser notre propre disparition.

Noël et la fin d’année portent des vecteurs symboliques très forts : mort et (re)naissance. En psychanalyse c’est cette fameuse dualité eros/thanatos qui n’a jamais été autant violentée depuis la seconde guerre mondiale. Et d’ailleurs le Président de la République avait immédiatement dit que nous étions en guerre, le personnel soignant l’ayant vécu et subi en première ligne.

Pour autant, cette trêve des confiseurs restera amère. De bons moments… se dire que nous avons eu de bons moments… c’est rester figé dans le passé et non pas dans la créativité de l’instant présent et du futur.

Recharger les batteries c’est justement rester « enfants » et communier avec les générations, en inventant des « jeux » d’interaction. Chacun son style, sa forme, ses moyens.

Le plus important reste le contact original.

Pour les plus fragiles et notamment les plus âgés, ne pas voir ses petits-enfants à Noël peut être extrêmement douloureux. Comment pallier ce manque affectif ?

Vous avez raison. Les dernières études montrent que séniors et jeunes sont en souffrance de contacts physiques depuis le premier confinement et dans cette « magie de Noël » l’esprit est gâché.

Mais les Français pourraient dépenser plus de 60 milliards d'euros. Car malgré l'épidémie de coronavirus, le budget prévu cette année est en forte hausse, et s'élève à 603 euros par personne. Au delà de ces considérations matérielles qui ne peuvent remplacer l’affect… il existe fort heureusement les outils de communication… J’ai des patients qui ont songé a adresser des vidéos, des cartes, des cadeaux plus personnalisés. Ce coronavirus invite finalement à des mises en contact qui peuvent paraître surannées.

Les « grands-parents gâteaux » comme leurs petits enfants vont faire montre d’imagination afin de maintenir ce lien affectif indispensable.

Au sein d’une famille, le Covid pourrait-il être source de tensions entre ceux qui souhaitent faire la fête comme chaque année et ceux qui réclament plus de prudence ? Entre ceux qui estiment qu’on en fait trop avec ce virus (voire qui tombent dans le complotisme) et ceux qui prennent le risque très (ou trop) au sérieux ? Comment surmonter ces divisions ?

Au sein de mes consultations j’entends avant tout un désir de passer un bon moment. Autrement dit, personne ne souhaite passer de mauvaises fêtes. Mais oui il y a des désaccords très importants qui sont source de jugements et de conflits avant les fêtes.

Etant en réunions permanentes depuis mars, je m’interdis de donner mon avis. Je peux seulement préciser que nous sommes en pleine hystérie et paranoïa et que rien de pragmatique n’a été raconté, menant à des comportements consternants, quand on sait ce qu’est un coronavirus et la réanimation. Mes amis qui sont sur le terrain calmeraient, par leurs paroles, tout ce qu’on entend et lit qui est consternant.

Il y a donc eu une « sélection »  de convives (en plus des conditions sanitaires) afin d’éviter les sujets qui fâchent, mais tout comme les années précédentes on évite certains sujets de conversations. Et il faut le reconnaître, l’alcool aidant, des paroles se libèrent et les rancoeurs, les jalousies, les secrets de famille… peuvent s’exprimer.

Le plus important n’est-il pas de rester dans un esprit festif et ne pas évoquer tout sujet politique ? Adultes, il me semble que nous pouvons, actuellement,  nous grandir par du sérieux et non une indivision.

Et navré de le rappeler, il y a 80 ans, quelles fêtes de Noël vivaient nos aînés ? Il s'agit d'un an… Issu d’une famille de résistants, je peux dire qu'à l'époque, la situation était bien pire.

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